Chapitre 36

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Le lendemain, Léopold me raccompagna chez moi en début d'après-midi. Nous nous étions réveillés vers neuf heures, avions fait l'amour, petit déjeuné et fait l'amour une seconde fois, puis avions quitté l'hôtel. En bas de chez moi, en repoussant une mèche de mon visage, Léopold me prévint :

_ La semaine qui arrive va être compliquée à cause du mariage, je ne suis pas sûr que l'on parvienne à se voir mais j'essaierai de t'appeler. Sois forte, sois patiente et ne t'imagine rien : je t'aime Louise et ce week-end que l'on vient de passer ensemble a été l'un des plus beaux de ma vie.

Il m'embrassa une dernière fois et repartit.

Il ne fut pas en cours le lundi matin et les hyènes de ma promotion vinrent me demander si je connaissais les raisons de son absence. S'ils étaient restés relativement discrets la semaine précédente, ils ne se cachaient désormais plus et m'envoyaient en pleine face leurs sous-entendus lubriques. Je m'en fichais : j'étais heureuse. Ma relation avec Amélie reprit comme s'il ne s'était rien passé entre nous, excepté que je pouvais désormais me confier au sujet de Léopold. Dès la première heure de cours, elle me sauta d'ailleurs dessus pour avoir tous les détails de mon week-end. Simon avait également été mis au courant et j'étais profondément contente de voir se reformer notre petit groupe à trois.

Je ne reçus aucun commentaire des chargés de TD, sauf de celui de droit fiscal des affaires, la matière enseignée par Léopold, qui, lorsqu'il annonça que j'avais la meilleure moyenne du TD, lâcha avec un ton sarcastique :

_ Tous les chemins sont bons pour réussir, n'est-ce pas ?

Mercredi soir, alors que je rentrai chez moi, je reconnus la berline noire garée dans ma rue. Je frissonnais d'impatience à l'idée de revoir Léopold mais je fus rapidement déçue : il n'y avait qu'Olivier. Il portait dans les mains deux grands sacs en carton beige, de ceux que l'on donne dans les boutiques de vêtements de luxe pour transporter les achats. Il me les tendit :

_ Monsieur Humbert m'a chargé de vous remettre ceci.

Je le remerciai, lui souhaitai une bonne fin de journée et courus aussi vite que je pus jusqu'à mon studio pour ouvrir les paquets.

Le premier sac contenant une grande boîte en carton blanc et était fermé par un ruban en satin blanc noué. Le second sac contenant une boîte beaucoup plus petite, de la taille d'une boîte à chaussures, également entourée d'un nœud.

Je dénouai le ruban de la première boîte et ouvris la boîte. A l'intérieur, une enveloppe était posée sur du papier de soie qui cachait le reste du contenu. Je reconnus immédiatement l'enveloppe : c'était celle d'un faire-part de leur mariage. Gabrielle était venue me narguer pour m'en montrer un et je ne l'avais pas oublié. L'ouverture de l'enveloppe me donna raison, mais Léopold avait ajouté un carton en plus du faire-part : celui qui invitait à la soirée qui suivait le vin d'honneur. Il avait également glissé un deuxième carton sur lequel il avait écrit :

« Sans toi, je ne suis rien

Ne me laisse pas seul

Viens ».

Je n'avais jusqu'alors jamais imaginé l'accompagner à son mariage. Quelle idée ! Assister au mariage de l'homme qu'on aime, de l'homme dont on rêve et que l'on désire : impensable. Néanmoins, l'idée me plaisait. Il y avait là une excitation perverse de prendre ma revanche sur Gabrielle, mais aussi l'occasion de le revoir et de lui parler encore, de le toucher encore. J'aurais pu me faire désirer, j'aurais pu me faire croire que j'hésitai et qu'il lui faudrait me supplier, mais c'était totalement faux : je savais déjà que j'irais à ce mariage.

En soulevant le papier de soie, je pensai que Léopold avait vraiment le don pour faire son effet. Je passai ma main sur le vêtement que contenait la grande boîte et reconnut tout de suite la robe à son toucher. C'était la robe blanche de Luxembourg. En la dépliant, je me rendis compte que Léopold l'avait fait doubler du haut de la poitrine jusqu'en bas des cuisses, de sorte qu'elle ne soit plus transparente, et avait fait ajouter des manches jusqu'aux coudes en prévision du temps frileux de décembre.

Je reposais la première boîte sur mon lit et entrepris l'ouverture de la seconde, avec un peu moins d'excitation tout de même car certaine de son contenu. Léopold avait tout naturellement joint les chaussures qu'il souhaitait que je porte avec la robe.

Pas du tout.

La deuxième boîte contenait un body La Perla rouge tout en dentelle et en soie. L'avant était entièrement transparent à l'exception de la culotte qui était complètement rouge et l'arrière ne couvrait que peu de peau et se terminait en string. A son simple toucher je frissonnais. En l'observant davantage, je remarquai le petit bouton pression qui permettait d'ouvrir le body par le bas. Cela me laissa délicieusement songeuse quant aux futurs ébats que Léopold nous prévoyait. Il y avait dans ce cadeau tout l'amour que Léopold me portait et tout l'amour qu'il prévoyait de me faire, et cette combinaison des deux me serra le ventre d'excitation. Je l'essayai immédiatement et dus admettre que Léopold avait décidément très bon goût. Je le remerciais immédiatement par message : « samedi je viendrai en blanc mais pour toi je serai en rouge ».

Exaltée, je m'allongeais sur mon lit et commençais à m'imaginer au mariage, quand je me rendis compte que je ne connaîtrais personne et que j'allais probablement passer ma journée seule et m'ennuyer beaucoup. Si Léopold y était, il serait forcément accaparé par tous ses invités et devrait se soumettre aux protocoles classiques des mariages : photos, vin d'honneur, discours, danses. Je n'avais pas envie de me sentir isolée. Soudain je récupérai le faire-part qui était tombé à terre et regardai à qui s'adressait l'invitation : « mademoiselle Louise Lambre + 1 ». Évidemment, Léopold y avait pensé.

Je n'hésitai pas longtemps. J'appelai Amélie et après lui avoir tout raconté, je lui proposai de m'accompagner au mariage. Elle poussa un cri de joie, puis immédiatement après un cri d'effroi.

_ Qu'est-ce qu'il y a ? Ne me dis pas que tu n'es pas disponible ? C'est la deuxième phase du concours ?

Mon plaisir retombait : sans Amélie, ce serait beaucoup moins drôle. Je ne voulais pas y aller sans elle.

_ Non, je suis disponible mais je n'ai pas de vêtements assez beaux pour aller à un mariage chez les bourges.

Je partis en fou rire tant elle m'avait fait peur et lui promit que nous irions dès le lendemain faire les boutiques et que je participerai à sa robe, ne devant rien débourser pour la mienne.

Tentations parisiennesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant