Je ne te lâcherai pas

Prologue

Andrea est assise sur le canapé et enlace tendrement sa fille. Depuis plus d'une demi-heure, elles rient devant une émission comique du vendredi soir et mangent le chocolat que les voisins leur ont offert pour Pâques.

Elles sont de bonne humeur, comme toutes les fois où le père de famille n'est pas à la maison. Il est en ville. Où ? Elles n'en savent rien et tant pis. Elles se portent d'autant mieux lorsqu'il s'éloigne d'elles quelques heures.

Elles rigolent encore. La vidéo d'un chien qui vole tous les gâteaux à la vanille que sa maîtresse vient de préparer passe à l'écran.

— Maman ! J'veux un chien ! s'écrie la jeune fille aux magnifiques yeux noirs.

Son sourire est si mignon. Elle fait fondre le cœur de sa mère qui l'aime plus que tout, mais qui ne peut malheureusement pas accepter sa demande... Ce n'est pas elle qui décide...

— Tu sais très bien que ton père n'est pas d'accord ma prin...

Elle est coupée dans sa phrase par la porte d'entrée qui s'ouvre brusquement pour laisser place à un homme totalement saoul sur le seuil : son mari. Il hurle quelque chose d'incompréhensible et, dans la hâte, elle chuchote à l'oreille de sa fille :

— Megan va te cacher, comme d'habitude.

La fillette obéit sans protester. Elle se lève du canapé et court vers les escaliers pour monter dans sa chambre, alors que sa mère, elle, se met face à son époux.

— Chéri, tu es ivre, monte dormir un coup, tu veux ?

Il ne répond rien, mais lui attrape le bras. Elle tente de s'écarter, malheureusement, il la tient trop fermement.

Pitié, nan... pas encore ce soir...

— Espèce de salope ! Faire fuir ma fille quand j'entre dans la baraque, franchement ?! explose-t-il.

Il n'attend pas de réponse pour lui donner un coup de pied puissant dans le tibia et elle doit se mordre la lèvre pour ne pas crier.

— Voilà pourquoi elle est partie crétin ! réplique-t-elle courageusement, bien qu'elle sache que prendre la parole n'est pas la meilleure des idées.

— Parce que maintenant tu oses me répondre ?!

Hors de lui, il envoie son poing dans le ventre de sa femme qui ne peut plus s'empêcher de gémir. Elle se plie en deux et il la frappe une deuxième, puis une troisième fois au même endroit.

— Arrête !

Il continue.

— Je t'en supplie ! Arrête !

Cette fois, il l'écoute, les coups s'arrêtent, mais il prend la tête de sa victime entre ses doigts, l'obligeant à le regarder dans les yeux.

— Sinon quoi ? Tu vas appeler la police ? Oups ! C'est vrai ! J'avais oublié ! Ils s'en fichent tant que tu n'as aucune preuve concrète de ce que tu avances.

Il lâche son visage et recommence à donner des coups de plus en plus forts. Bientôt, elle est au sol, mais cela ne le ralentit pas. Elle hurle, mais les chocs continuent de pleuvoir sur son corps meurtri.

Pourquoi est-ce qu'il a fallu que je l'ouvre ?!

Au bout d'un long moment, il s'immobilise. Elle pense que son calvaire est enfin fini pour ce soir, cependant, son mari fait quelque chose qu'il n'avait jamais réalisé auparavant : il dégaine une arme de sous son manteau et la pointe en direction du visage de sa femme.

C'est une blagues ?!

Oh putain...

Il sourit. Une joie inconsidérable se lit sur ses traits, alors que la cage thoracique d'Andrea se compresse.

Il n'oserait pas ?

Si ?

Elle obtient rapidement sa réponse, car il descend légèrement la trajectoire de son pistolet afin d'avoir le ventre de sa femme, la mère de sa fille, dans sa ligne de mire. Avec une lueur de dégout dans le regard, il n'hésite pas. Il tire... deux fois...