Chapitre 11

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Megan

— Mademoiselle ? m'appelle une voix que j'ai déjà entendue hier.

J'ouvre les paupières. Je suis dans le lit à baldaquin au centre de la chambre dans laquelle je suis enfermée depuis mon arrivée dans la gigantesque demeure.

— Mademoiselle ? répète-t-elle en espagnol.

Toutes les personnes que j'ai croisées dans cette villa parlent espagnol, ce qui ne me pose pas de réel problème comme j'ai vécu en Argentine jusqu'à mes onze ans...

Je me redresse en grimaçant. Ma douleur à l'épaule s'est légèrement atténuée depuis qu'une infirmière me l'a soignée hier, mais je ressens toujours une gêne. Une jeune femme se dresse face à moi.

— Bonjour. Comment allez-vous ce matin ?

— Comme si j'étais enfermée dans une chambre, dans une propriété que je ne connaissais pas, parce que trois hommes m'avaient enlevée, lui réponds-je sarcastiquement.

— Oui, je sais. Je suis désolée... Aujourd'hui sera une meilleure journée, vous verrez. Il y a des vêtements dans l'armoire du fond ainsi que des affaires de toilette et du maquillage dans le meuble de la salle de bain. Le patron a envie de vous voir resplendissante. Je reviens dans une demi-heure pour vous emmener prendre le petit-déjeuner.

Elle me sourit, fait demi-tour et sort de la chambre.

C'est quoi ce truc bizarre ?

On me kidnappe, mais toutes les personnes que j'ai rencontrées dans cette maison me traitent comme une princesse. Toute cette histoire n'a aucun sens !

En plus je dois me faire jolie ? Mais pourquoi ?!

Je regarde l'heure qu'indique le réveil sur la table de chevet : sept heures. Je me laisse retomber en arrière et regarde le plafond. J'essaye de trouver de la motivation pour me lever, mais rien ne vient, je ne veux pas faire face à cet enfer. Je me force donc à bouger. Si je n'obéis pas, je risque de ne pas passer un très bon quart-heure, or, ma situation est déjà bien assez délicate pour rajouter davantage de difficultés.

Je me redresse, sors du lit et me rends devant l'armoire où m'attend une multitude de vêtements plus chics les uns que les autres. Je tente de trouver quelque chose de simple, en vain. Je ne vois que des robes en tissus soyeux. Il y en a de toutes les couleurs et de toutes les coupes. Je choisis la plus simple : longue, noire et pas très décolletée, c'est bien assez. Le patron veut me voir resplendir, mais moi je veux juste qu'il me laisse tranquille !

J'emmène ma tenue avec moi dans la salle de bain et la pose à côté du lavabo. Je cherche ensuite des affaires de toilette pour me préparer. Pour commencer, je vais prendre une douche, ce que je n'ai plus fait depuis mon enlèvement, puis je me brosse les dents et enfile la robe noire. Au niveau du maquillage, je mets simplement du gloss et concernant mes cheveux, je ne fais rien, je les laisse détachés.

Si quelqu'un a cru que j'en ferais plus, il s'est fourré le doigt dans l'œil !

Je m'observe dans le miroir qui décore tout un pan du mur et décrète que je suis prête. Je n'ai absolument pas envie de faire d'effort pour mes ravisseurs.

Nan mais, et puis quoi encore !

— Mademoiselle ? Vous êtes prête ? entends-je après un grincement de porte.

Je lève les yeux au ciel, puis sors de la salle de bain en trainant des pieds.

Je veux rentrer chez moi...

La jeune femme est à nouveau là. Elle m'attend sur le seuil et un sourire illumine son visage lorsqu'elle m'aperçoit.

— Magnifique. Suivez-moi, je vous emmène dans la salle à manger.

Je quitte cette pièce pour la première fois depuis hier.

Enfin.

Je suis l'employée qui m'a apporté mes deux repas dans la journée d'hier et nous empruntons le long chemin rempli de portes. Elle m'a expliqué qu'elle est ma femme de chambre, elle est chargée de s'occuper de moi durant mon séjour dans cette maison. Son prénom est Marina et elle m'a l'air plutôt gentille. Son sourire amical est rassurant et ses yeux débordent de compassion. Je ne crois pas qu'elle acquiesce l'entièreté de ma situation, mais elle ne dit rien pour autant... Je me demande vraiment comment elle a atterri ici.

Comment s'est-elle retrouvée à travailler pour des kidnappeurs franchement ?

Nous descendons les trois étages et parvenons dans le hall que j'ai traversé lors de mon arrivée dans cette gigantesque demeure. Elle tourne à droite et je la suis dans un dédale de couloirs. Nous nous retrouvons face à une haute porte à double battants encadrée par deux gardes. En nous voyant, un des deux hommes nous ouvre et moi, je reste bouche-bée de l'immensité de la salle. Comme le reste de la villa, cette pièce a une hauteur de plafond incroyable, des lustres en diamants et des murs incrustés de petites pierres dorées.

Il sort d'où tout cet argent ?

— Voilà mademoiselle. Moi, je dois rester dehors, mais votre petit-déjeuner est servi. Quand vous aurez fini, levez-vous, quelqu'un s'occupera de vous.

Je hoche la tête. Cette jeune femme me sourit à nouveau.

Eh ben ! Elle aime beaucoup sourire celle-là !

Elle se retourne et repart dans le couloir par lequel nous sommes arrivées. De mon côté, je passe la porte encore tenue par le garde et un majordome caché dans un coin de la salle s'avance pour tirer la chaise en velours rouge la plus proche de l'entrée. Je m'approche et m'y assois. Il la repousse légèrement, puis va reprendre sa place contre le mur sans dire un mot.

Je ne te lâcherai pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant