Chapitre 16

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Alex

Nous sommes de retour au QG et Jason va bien. La balle a atterri dans son gilet, il n'aura qu'un gros hématome.

Il nous a fait une peur bleue !

Malgré tout, il est rentré chez lui il y a quelques minutes pour se reposer comme le lui ont demandé Elena et Lisa pendant plus d'une heure.

Depuis la salle d'observation, je regarde le commandant interroger ce Mattéo. Pour l'instant, il n'a rien avoué.

— Où étiez-vous samedi soir entre vingt heures trente et vingt-trois heures ?

— J'assistais au match de foot de mon fils. Il est dans l'équipe junior de Florence-Graham ! Si vous voulez des témoins, vous pouvez demander à tous les parents et enfants présents. Je criais sur le bord du terrain, j'étais à fond. Vous pouvez vérifier.

— Vous avez fait des vidéos ?

— Non. J'étais trop absorbé par le match, mais vous pouvez demander à n'importe qui. Ils m'ont sans doute vu et je suis forcément passé sur une de leurs vidéos à un moment donné ! J'étais au bord du terrain j'vous dis !

— Et bien, c'est ce que nous allons voir alors. Je n'ai qu'à passer quelques coups de fil, répond mon chef en levant les yeux au ciel.

Je sais qu'il ne croit pas une seule seconde à l'histoire du match de football. Les criminels sont prêts à inventer des tas de mensonges ridicules pour embobiner la police. Au Swat, nous l'avons vu un grand nombre de fois, mais malgré ses gros doutes, le commandant a l'obligation de vérifier cet alibi.

Il sort de la salle d'interrogatoire et Lewis, Bryan, Elena, Lisa et moi le rejoignons dans le couloir.

— Je connais deux personnes qui étaient sans doute au match de samedi. Leurs enfants jouaient dans l'équipe adverse. Je les appelle pour vérifier ce qu'il nous a dit. S'il criait sur le bord du terrain, il n'a pas dû passer inaperçu. Il sera peut-être sur une vidéo qu'ils ont faites... Je sais pas. On verra.

Johnson s'en va à travers le couloir en direction de son bureau, alors que mon équipe et moi restons devant la porte de la salle d'interrogatoire. Nous, nous ne pouvons rien faire pour l'instant. Toutes les cartes sont dans les mains du commandant...

***

— Il dit la vérité, s'exclame le chef de la police en nous rejoignant un quart d'heure plus tard dans une salle de repos. Mes amis m'ont confirmé avoir vu cet homme et ils m'ont envoyé une vidéo où nous pouvons l'apercevoir clairement. Ce n'est pas lui qui a enlevé Megan.

— Peut-être qu'il ne l'a pas fait, mais qu'il a demandé à quelqu'un d'autre ! Ce serait pas la première fois que ça arrive ! répliqué-je.

— Peut-être bien, oui, mais sans preuves, nous ne pouvons pas continuer son interrogatoire. Il va être transféré ailleurs où ils le jugeront pour les tirs que vous avez essuyés...

Pardon ?!

— On va le laisser s'en aller ?! Et s'il a un rapport avec la disparition de Megan ! Nous ne pouvons pas le laisser partir !

— Vous connaissez le protocole comme moi, Alex. Cela ne me plaît pas plus qu'à vous, mais nous n'avons pas le choix. Il va être transféré, c'est la loi.

Ce n'est pas possible. Je n'en crois pas mes oreilles. Nous allons le laisser partir ?! LE LAISSER PARTIR ??!! Peut-être que l'homme qui connaît toute la vérité, qui sait où se trouve ma copine et qui pourrait nous aider à la retrouver est dans ce QG, mais nous devons le laisser partir ??!!

J'hallucine.

Furieux, je m'éloigne de mes collègues pour ne pas risquer de me défouler sur eux inutilement. Je suis sur le point de tout détruire autour de moi. J'ai besoin d'être seul, et vite.

Le laisser partir.

Le laisser partir.

Le laisser partir...

Cette phrase tourne en boucle dans mon esprit et me fait totalement perdre mes moyens. Je me sens tellement impuissant et je déteste ça.

Je ne te lâcherai pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant