Chapitre 1

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18 ans plus tard

Megan

— Encore deux balles ! Allez Laura !

La fillette donne deux coups de raquette, puis s'arrête, essoufflée. Ce soir, je suis au club de tennis et entraîne un groupe de quatre demoiselles. Nous terminons notre exercice au panier, puis nous pourrons passer à ce qu'elles préfèrent : les points !

— C'est super Laura ! Dernier tour pour Tya et vous faites un match !

Deux coups droits, deux revers, et une attaque de coup droit. Tya les a exécutés à la perfection. C'est la plus douée des quatre, même si je ne suis pas censée le dire. Elle me fait beaucoup penser à moi à son âge. A huit ans, je jouais bien, ma mère m'a beaucoup appris. Elle pouvait passer des heures à m'envoyer des balles et moi, je ne me lassais jamais. C'est elle qui m'a toujours entraînée, je lui dois énormément.

Avant mes onze ans, quand j'habitais encore en Argentine, j'ai été championne de ma région et depuis que je vis à Los Angeles, j'ai déjà remporté trois fois le tournoi californien.

C'est aussi grâce à ma mère que je me suis lancée dans le coaching d'une équipe de tennis. Normalement, je suis policière, pas monitrice. Je ne viens qu'une heure et demie par semaine pour m'occuper de mon groupe favori.

A chaque cours, Tya est souriante. Elle a le rire facile, comme moi à cet âge-là. Je rigolais tout le temps. J'affichais continuellement de la joie sur mon visage, même quand ça n'allait pas. J'ai toujours été ainsi.

— Parfait ! Bien joué les filles ! Petite pause, puis vous faites un double, ok ?

Elles approuvent d'un mouvement de tête et trottinent jusqu'au banc au bord du terrain où elles prennent leurs bouteilles d'eau.

— Laura et Alix contre Eléonore et Tya ? Vous faites un super tie-break ? Ok ? demandé-je en les rejoignant quelques secondes plus tard.

— Ok ! me répondent-elles en cœur en se levant pour reprendre place sur la ligne de fond de court.

Elles démarrent leur match et je m'installe près du filet pour les regarder s'amuser. Elles sont à fond. Ça me fait rire.

Dans mon dos, j'entends des voitures arriver, ce sont leurs parents. Ils se rapprochent de nous et le père de Tya me questionne :

— Alors Megan ? A quel point ces jeunes filles t'ont embêtée, aujourd'hui ?

— Au point qu'elles ont été adorables, comme d'habitude !

— Mouais, pas sûre ! rigole la mère d'Alix.

Nous continuons à parler de la pluie et du beau temps pendant que leurs enfants terminent leur entraînement sans cesser de discuter. Ce sont des filles après tout, parler sans arrêt est dans leur nature.

— Ouaissssss !!!! s'écrie Eléonore.

— On a gagné ! On a gagné ! chantonne Tya.

Elles courent se taper dans la main, puis se rendent au filet pour serrer celles de leurs adversaires. Les deux vainqueures nous rejoignent tout sourire, alors que les perdantes tirent la tronche.

— Bien joué à nos deux gagnantes ! Laura et Alix, vous aussi vous avez super bien joué aujourd'hui ! Vous gagnerez la semaine prochaine !

— Mmm, rechigne une Laura pas convaincue.

Les filles retournent au banc chercher leurs sacs, me disent au revoir et suivent leur parent jusqu'au parking. Je me retrouve seule pour la première fois depuis ce matin. J'ai fini ma journée de travail à dix-sept heures et suis directement venue au club pour le cours de dix-sept heures trente. Ça commençait à être long... je suis crevée.

Je range les quelques affaires que j'ai utilisées pendant la leçon : les balles, les cônes, les cerceaux et les cordes à sauter, puis prends la direction de chez moi.

Pour l'instant, je suis toute seule à la maison. Mon copain, Alex, finit sa garde au poste de police à vingt heures. Il est chef d'équipe au Swat. C'est d'ailleurs grâce à ça que nous nous sommes rencontrés... je suis sa capitaine.

Je vais rapidement prendre une douche, puis commence à préparer un bon plat de pâtes à la bolognaise. Au bout de quelques minutes à m'affairer autour d'une casserole, j'entends la porte grincer et aperçois Alex entrer dans la cuisine. Il est tout transpirant !

— Tu t'es pas douché au QG ?

— Nan, j'sais que tu me préfères comme ça, rigole-t-il en se rapprochant de moi.

Il empeste la sueur à des kilomètres !

— Alors là, tu rêves ! lui rétorqué-je en m'écartant lorsqu'il qu'il essaye de m'embrasser. Va prendre une douche et on en reparle.

Pour une fois, il m'écoute et part en direction de la salle de bain d'un air boudeur.

Qu'il est dégoutant ! Il avait tout le temps de prendre une douche au QG après sa séance d'entraînement !

Quelques minutes plus tard, il passe dans notre cuisine sans même s'y arrêter et se rend dans le salon où il s'assoit tranquillement sur le canapé.

Il se fiche de moi ou quoi ?!

— Hé ho ! Monsieur Brown ! La table ne va pas se mettre toute seule, vous savez ?

— Pas besoin de table, on mange devant la télé ce soir. Y'a Harry Potter et l'Ordre du Phoenix qui passe sur la une.

Notre film. Le film de notre premier rendez-vous. Le film devant lequel a débuté notre relation...

— Va pour la télé.

Il se lève et me rejoint derrière le plan de travail. Une mèche de ses cheveux châtains encore mouillés s'est égarée sur son front. Maniaque que je suis, je ne peux m'empêcher de la lui repousser.

Qu'est-ce qu'il est beau cet homme !

Il loge ses mains au creux de mes reins et s'occupe de doucement dévorer ma clavicule dénudée. En relevant la tête, un sourire narquois apparaît sur son visage. Il s'écarte de moi et, en gardant son regard rivé dans le mien, se décoiffe à nouveau.

Sérieusement ?!

— Tu te moques de moi ? ris-je en m'avançant vers lui pour essayer de replacer correctement ses cheveux en bataille pour la seconde fois.

— Nan ma puce, j'aime juste te voir hors de ta zone de confort, me nargue-t-il d'un ton plein de sous-entendus en étirant son rictus immature.

Alex m'empêche de l'approcher et il est bien plus grand et fort que moi, je suis donc obligée de renoncer à ma folle envie de le recoiffer.

Il peut vraiment être chiant parfois !

Mon copain me tend ensuite deux assiettes qu'il prend dans l'armoire pour que je puisse y verser les pâtes qui sont prêtes depuis déjà quelques minutes. Il prend les couverts, les verres et de l'eau. J'aurais bien bu un peu de vin devant Harry Potter, mais nous sommes d'astreinte cette nuit, ce qui nous l'interdit formellement.

Nous allons nous installer confortablement sur le canapé, serrés l'un contre l'autre, comme d'habitude. Alex allume la télévision et remet le film au début, puis nous mangeons tranquillement nos pâtes avec nos pauvres petits verres d'eau devant ce qui nous a rassemblés la première fois.

***

Le film est terminé. Je l'ai adoré tout autant que la dernière fois il y a maintenant plus de deux ans. Mon copain et moi sommes emmitouflés dans une grande couverture et je suis blottie au creux de ses bras. Il me caresse doucement le poignet, il sait à quel point j'apprécie ce simple geste.

— Je t'aime, me souffle-t-il tendrement.

Je me tourne légèrement pour pouvoir croiser son regard azur qui m'a fait craquer dès la première fois que je l'ai vu. Je reste ainsi plusieurs secondes, puis réponds finalement avec le même sentiment dans la voix :

— Moi aussi, je t'aime Alex. Je t'aimerai toujours.

Il m'embrasse après ces mots et je lui rends son baiser.

Comme je l'aime cet homme, c'est dingue. J'en suis folle.

Il s'arrête, trop vite à mon goût. J'essaye de retrouver ses lèvres, mais il s'écarte de moi. Je le fixe sans comprendre, ce qui le fait rire. Il se redresse, balance la couverture à travers la pièce et me soulève, un bras dans mon dos et un bras derrière mes genoux, comme le font les mariés.

— Qu'est-ce que tu fais ? Ale...

Il me fait taire d'un nouveau baiser et je rigole.

A quoi il joue ?!

Je le regarde à nouveau dans les yeux et y découvre une lueur malicieuse. Cette fois, j'ai compris ce qu'il veut et pour être franche, j'ai exactement la même envie.

Il m'emmène hors du salon, puis ouvre comme il peut le battant qui nous sépare de notre terrain de jeu favori. Avec le souffle court, il me pose délicatement sur le lit, enlève son t-shirt et s'allonge au-dessus de moi en se tenant en équilibre sur ses avant-bras pour ne pas m'écraser. Nous nous embrassons encore, nos visages ne se lâchent plus, nos lèvres restent collées et refusent de se quitter. Alex frissonne et je fais de même. Doucement, il commence à déboutonner ma chemise de nuit...

Je ne te lâcherai pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant