Megan
Je suis dans le taxi pour rentrer chez moi. Je suis tellement fatiguée que je dois lutter contre le sommeil. Mes yeux se ferment, ce ne sont pas les moins de quatre heures de sommeil de la nuit dernière qui vont m'aider.
Nous sommes pratiquement arrivés. Le taxi dépasse le panneau qui indique le nom de ma rue, puis je vois la maison se dessiner au loin. Nous nous rapprochons.
— V'là m'dame. Treize dollars s'vous plaît, me demande le chauffeur en s'arrêtant devant la propriété.
Je le paye et sors de la voiture en frissonnant. Il fait presque froid ce soir, la température a baissé ces derniers jours. Le ciel est dégagé et nous offre une vue splendide sur les étoiles et la lune bientôt pleine. J'aime beaucoup observer ce spectacle nocturne, il m'apaise. C'est si joli.
Je me hâte de passer sous le porche et d'ouvrir la porte principale. J'enlève mes chaussures, les range dans l'armoire et pose mon arme, mon insigne et mon téléphone sur la commode dans le hall d'entrée.
J'espère ne plus avoir à utiliser ça aujourd'hui. J'suis trop crevée. J'veux juste me coucher et rattraper mes heures de sommeil.
Je me rends dans ma chambre et me laisse tomber sur le lit. Je pourrais m'endormir instantanément, mais je fais un effort et me relève pour aller prendre une douche. L'eau chaude sur ma peau me fait du bien. Je ne sais pas exactement combien de temps je reste sous l'eau à me prélasser, mais je profite longtemps, vraiment longtemps.
Toute mollassonne, je cherche mon pyjama le plus confortable dans l'armoire où Alex a mis un monstrueux bazar et m'apprête à me coucher quand j'entends mon ventre gargouiller.
Je meurs de faim !
Ce ne sont pas le deux barres de céréales et les trois bananes qui ont rempli mon estomac, alors je me traîne jusqu'à dans la cuisine et me réchauffe le reste des spaghettis d'hier soir.
Dix minutes plus tard, je suis enfin dans mon lit et m'emmitoufle sous la couette. Je ne résiste plus et sens le sommeil m'atteindre. Je suis prête à dormir quinze heures d'affilées. Alex ne pourra pas me faire sortir de mon cocon avant demain après-midi, je le jure.
Et il a même pas intérêt d'essayer.
Et encore moins si c'est pour aller courir !
Soudain, des pots d'échappements se font entendre autour de la maison et je sursaute.
Nan mais c'est une blague ?!
Cela doit encore être des jeunes du quartier qui s'amusent à faire des courses avec leurs nouvelles bécanes tard le soir, quand le trafic est moins dense. Cela arrive régulièrement et j'en ai marre.
Je me retourne sous la couverture, mais des claquements de portières me parviennent aux oreilles. Ce ne sont donc pas des motos...
C'est qui à cette heure-ci ?
Alex est déjà rentré ?
Je me lève difficilement et vais regarder par la fenêtre de la chambre. Elle donne sur les places de parc devant chez moi et lorsque mes yeux rencontrent des silhouettes masquées dans l'allée, mon cœur loupe un battement.
Des hommes cagoulés et armés avancent en direction de la porte !
Au début, je reste figée, je ne sais pas quoi faire. Mon corps refuse de bouger et la panique me submerge.
C'est qui ces mecs ?!
Je reprends peu à peu possession de moi et cours vers la table de chevet où je laisse toujours mon téléphone. Pourtant, je ne l'y trouve pas.
Mon téléphone !
Où est mon téléphone bordel ?!
J'ai dû le laisser dans l'entrée... Merde !
Je ne peux pas appeler les secours !
Je sprinte pour me rendre dans le hall, mais je n'ai pas le temps d'attraper mon portable que la porte saute.Ils ont fait exploser la porte !
Je me sens propulsée contre le mur et une douleur aiguë survient dans mon épaule droite. Je tente de récupérer mon arme qui est tombée de la commode, mais je n'y parviens pas. Un homme me plaque au sol et tient ma tête face au planché.
Aïe !!! Mais c'est qui bon sang ?!!!
J'essaye de me débattre, mais il n'y a rien à faire, il est plus fort que moi. En plus, il a du renfort. Ils sont deux, peut-être même trois. Mon agresseur ligote mes poignets et me soulève.
Qu'est-ce qu'il me fait mal à l'épaule bordel !!!
Une fois remise sur mes pieds, il essaye de me pousser, mais je refuse d'avancer.
— Avance putain ! m'ordonne-t-il.
Rien à faire. Je ne bougerai pas. S'ils veulent m'emmener avec eux, il faudra me porter. Je ne compte pas me faire enlever cette nuit !
Je ne sais pas s'ils peuvent lire dans les pensées, mais en tout cas un autre des hommes hurle à cet instant précis :
— Mais porte-la ! Espèce d'idiot !
Nan, nan, nan et nan !
Je sens deux bras m'entourer le ventre et me soulever. La panique augmente en moi et je donne des coups de pieds dans tous les sens, bien qu'ils arrivent dans le vide.
— LACHEZ-MOI !!! crié-je, mais cela ne change rien.
Je continue à frapper et tente de bouger mes mains, malheureusement, je n'y parviens toujours pas. Mes tentatives pour m'échapper ne servent à rien, si ce n'est à ce que l'agresseur qui me porte resserre encore un peu plus son étreinte.
— J'AI DIT LACHEZ-MOI !!!
— Arrête de gigoter comme ça ma belle ! beugle le criminel cagoulé à qui j'empêche de faire plus de deux pas d'affilée.
Mais t'as cru que j'allais coopérer en plus ?
Il continue d'essayer de me faire avancer, mais je ne lui facilite pas la tâche. Nous sommes en train de passer au-dessus des débris de la porte et je persiste à me débattre, malgré la faible possibilité que j'arrive à m'enfuir.
Alex, t'es où bon Dieu ?
— Pose-la, ordonne soudainement une voix que je n'avais pas encore entendue jusque-là.
Le ravisseur qui s'occupe de moi obéit immédiatement, mais maintient toujours mes bras dans mon dos et un homme, sans doute celui qui vient d'ouvrir la bouche, s'avance pour se mettre face à moi. Il est baraqué et très grand. Je dois lever la tête pour le regarder dans les yeux. Il me fait flipper. Il ressemble aux chefs de gang que j'arrête toutes les semaines avec le Swat.
C'est pas bon signe.
Il retire sa cagoule et je découvre un visage de type hispanique dépourvu de sentiment. Il réussit tout de même à faire un grand sourire hypocrite en lisant le désespoir sur mes traits.
— Ecoute mi bella. On est pas là pour te faire du mal, ok ? Au contraire, on a pour consigne de te traiter comme une princesse, alors qu'on a juste envie de te gifler en ce moment. Donc calme-toi, parce que sinon je peux être bien plus méchant. C'est clair ?
Je ne réponds pas. Il prend sans doute mon silence pour un « oui » parce qu'il remet sa cagoule, se retourne et continue son chemin. Malheureusement pour lui, à l'instant même où la personne dans mon dos essaye de me faire marcher, je recommence à me débattre comme une folle et à crier dix insultes à la seconde.
S'ils ont cru que j'allais les laisser me kidnapper sans aucune résistance qui me permettrait de gagner un peu de temps, ils se sont fourré le doigt dans l'œil !
Ils me poussent de quelques centimètres et nous sortons sous le porche à l'avant de la maison. La rue est déserte. Normalement, il y a toujours du monde dehors le samedi à vingt et une heures, mais ce soir, il n'y a personne pour me venir en aide.
Je suis hystérique. Mes jambes donnent de violents coups, bien qu'ils n'atteignent jamais leurs cibles. Le criminel hispanique se replante devant moi et me parle cette fois d'une manière bien plus froide :
— Si tu veux pas avancer par toi-même, je vais t'obliger à le faire, mais ne n'étonnes pas. Je t'avais prévenue.
Il se tourne vers le kidnappeur dans mon dos et lui lance :
— Lâche-la. J'm'en occupe.
Oh nan, pas lui...
L'Hispanique, sans doute le chef de la bande, m'attrape fermement le bras droit et tire dessus. Je ne peux m'empêcher de laisser échapper un cri de douleur, mon épaule me fait souffrir. Voyant qu'il m'a fait mal, il recommence plus fort et me traîne dans les quelques marches devant la maison. J'essaye de me défendre, mais ma blessure est un réel point faible.
J'ai un mal de chien !
En plus, ce connard a vraiment une force de dingue !
Il m'emmène jusqu'à une voiture noire sans plaque d'immatriculation au milieu de la rue et un de ses coéquipiers nous devance pour ouvrir le coffre. J'utilise mes dernières forces pour me tenir éloignée de ce lieu qui signera le début d'une affreuse aventure avec ces hommes, mais le chef m'y balance violemment et referme le sombre compartiment. Quelques secondes plus tard, je sens la voiture avancer.
Et merde.

VOUS LISEZ
Je ne te lâcherai pas
Misteri / ThrillerMegan et Alex se sont rencontrés dans la police. Depuis trois ans, ils vivent une relation saine et sans embûche, si bien qu'Alex s'apprête à lui faire sa demande en mariage. Quelques jours avant cet heureux événement, Megan se fait kidnapper par u...