Chapitre 2

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Alex

Je déboutonne sa chemisette. Un bouton, deux boutons, trois bou...

Bring, bring, bringgg...

Oh non ! Pas maintenant ! Franchement ?!

C'est la sonnerie que nous recevons quand nous sommes appelés au travail.

Tant pis.

Je ne vais pas m'arrêter pour ça !

J'ai déjà fait toutes mes heures de boulot aujourd'hui et j'ai bien le droit à un peu de repos !

Cependant, Megan arrête de m'embrasser.

— Meg... continuons quelques minutes, on dira juste qu'on a pas vu le message tout de suite !

— Hors de question. Je ne veux pas me faire virer, moi. Nous sommes d'astreinte cette nuit, nous sommes obligés d'y aller. Tu le sais tout comme moi.

Elle a dû laisser son téléphone au salon, car elle prend le mien dans la poche arrière de mon jogging et lit le message d'un air grave.

— Il y a eu une fusillade dans les quartiers ouest et plusieurs victimes sont à déplorer. Rhabille-toi, on y va, maintenant !

Je m'écarte pour la laisser se lever.

— Oui capitaine.

Elle me regarde, furieuse, et me balance à la figure le seul coussin à sa portée.

Mon coussin !

Elle déteste quand je l'appelle ainsi, je le sais bien, donc j'en rigole. Elle ne veut pas mêler le boulot et notre relation. C'est vrai que Megan est ma supérieure directe et que ça peut paraître un peu bizarre, mais l'amour tombe quand on s'y attend le moins en général...

Dix minutes plus tard, nous sommes en voiture en direction de l'adresse que le central nous a communiquée. Il fait nuit, mais nous sommes loin d'être seuls sur la route. Après tout, nous sommes vendredi soir et pour la majorité des gens, vendredi rime avec week-end, fêtes, amis, alors que pour nous, ça rime avec d'astreinte, pas d'alcool, le téléphone toujours allumé en cas d'urgence, etc...

La vie de flic, quoi !

Notre seul jour de repos total est le dimanche, et encore... si nous ne sommes pas en pleine enquête qui nous retient au QG.

Je regarde Megan sur la place passagère. Elle observe la route et ne dit rien. Elle se prépare mentalement, je le sais. Elle a besoin de ça pour rester calme devant les scènes d'horreurs, les proches des victimes, les journalistes et toutes les autres personnes présentes sur les lieux du crime. Elle est capitaine de la police de Los Angeles. C'est à elle que beaucoup de gens vont poser des questions et elle doit rester posée. Je sais que ce n'est pas facile, mais elle le fait à la perfection à chaque fois, elle est fantastique. C'est bien pour ça que notre commandant Warren Johnson lui a donné ce grade il y a déjà trois ans, alors que Megan n'avait que vingt-six ans. Elle était la plus jeune capitaine de l'histoire de la police de cette ville.

A présent, elle n'est plus aussi sexy qu'elle ne l'était à la maison quand j'ai voulu lui faire l'amour. Elle a bien sûr opté pour une de ses nombreuses tenues de travail : un chemiser blanc, non pas très décolleté, un pantalon en tissu bleu marine et le manteau qui va avec, plutôt que la petite chemise de nuit grise très échancrée et son tout petit short noir. Je me plains, mais en réalité, c'est dans ce genre de tenue qu'elle m'a séduit. Dès la première fois que je l'ai vue, j'en suis tombé amoureux, et non, elle n'était pas en mini short.

Nous avons un peu plus de vingt minutes de route jusqu'au lieu de la fusillade. Il est minuit passé et seuls les lampadaires illuminent les rues. Quand nous arrivons, nous nous garons sur le bord de la chaussée et sortons rapidement. Nous avons repéré mon équipe à l'angle de la rue, derrière le cordon de sécurité. Ils observent et discutent. La scène de crime est apparemment dans une petite ruelle sombre normalement dépourvue de lumière. La police a posé plusieurs spots contre les murs des bâtiments pour que nous puissions y voir quelque chose.

Nous passons devant toutes les personnes agglutinées au bord de la zone interdite au public et passons sous le fil pour rejoindre nos collègues.

— Vous en avez mis du temps ! s'exclame Jason.

— T'habites à moins de dix minutes d'ici. Nous, il nous en faut plus du double ! lui rétorqué-je.

Le plus jeune de l'unité le sait très bien, mais aime beaucoup taquiner.

Megan ne prête pas attention à notre discussion et demande au commandant :

— Alors ? Qu'est-ce qu'on a ?

— Cinq morts par balles. Les cadavres n'ont pas été déplacés, la morgue attend notre expertise pour les prendre en charge. Aucun témoin, pas de caméra de surveillance à l'endroit du meurtre et celle de la grande rue nous montre les trois victimes qui semblaient se connaître sortir d'un bar. Deux autres hommes arrivent ensuite et leur crient dessus en les dirigeant vers la ruelle. Après, ils disparaissent tous de l'angle de la caméra. On revoit les deux hommes partir quatre minutes après en courant. Nous n'avons aucune vue sur les visages des deux agresseurs, mais pensons tout du moins que ce sont deux hommes de la vingtaine, peut-être de la trentaine, si nous prenons en compte leur corpulence.

Nous avançons en direction du lieu de crime qui me donne immédiatement la nausée. J'ai beau avoir l'habitude du sang dans mon métier, aujourd'hui, c'est un vrai massacre... Les corps sont troués par des dizaines de balles chacun et rapprochés les uns des autres tout au fond du cul-de-sac. Ce sont deux femmes et un homme, ils avaient la vingtaine. Ils venaient sans doute faire la fête dans un des nombreux bars du quartier avant que ne se produise le drame.

Selon moi, à voir leurs têtes, ce n'était pas un règlement de compte entre dealers ou entre gang. Il faudra bien sûr creuser toutes les pistes, mais j'opterais pour une autre raison, s'il peut y avoir une raison qui mérite de tuer...

— Pauvres gosses... marmonne Lisa.

— Personne ne mérite une telle chose... rajoute Bryan.

—Pourquoi vous pensez qu'ils ont fait ça ? demande Lewis.

— Aucune idée, mais on va chercher, affirmé-je.

Mon équipe et moi ressortons de la ruelle, alors que Megan et le commandant restent avec une équipe de police scientifique autour d'un des cadavres. Nous nous rendons dans le bar d'où sortaient les victimes juste avant leur assassinat. Il a été évacué comme tous les autres cabarets de la rue, nous pouvons donc enquêter tranquillement. Nous y interrogeons le barman, mais il semble ne rien savoir de plus que nous. Il a servi à boire aux trois jeunes, puis il ne les a plus revus dans la foule qui occupait la piste de danse.

Nous retournons au cordon de sécurité. Megan et le commandant reviennent vers nous et nous informent que la police scientifique a envoyé plusieurs échantillons à analyser au laboratoire. Nous espérons que cela nous mènera quelque part. Ma copine nous informe également que les familles viennent d'être prévenues et que les corps vont être emmenés à la morgue pour démarrer des autopsies.

Nous partons tous de cette ambiance morne et rejoignons le QG où nous regardons les images des caméras de surveillances du quartier. Malheureusement, rien d'intéressant ne nous parvient.

Il est maintenant plus de quatre heures du matin. En attendant les résultats d'analyses qui nous aideront peut-être à faire avancer l'enquête, mes collègues et moi nous rendons dans les salles de repos pour tenter de dormir un peu durant les quelques heures que nous avons devant nous. Megan et moi allons dans la même salle que d'ordinaire, la seule ayant deux petits lits. Elle est épuisée, et moi aussi. Après avoir éteint la lumière, elle s'endort presque instantanément. Je l'imite.

***

Nos téléphones sonnent en même temps.

Huit heures.

C'est le moment de se réveiller et moins de quatre heures de sommeil, ça se sent. Je suis crevé et à voir la tête de Megan, je suis persuadé qu'elle aussi, peut-être même plus que moi d'ailleurs.

Nous nous levons. Megan passe vite un coup de brosse dans ses cheveux noirs avant que nous ne rejoignions la salle de contrôle.

Les résultats d'analyses ne sont pas encore arrivés. Nous tentons de trouver des informations qui pourraient nous aider à faire avancer l'enquête avec ce que nous connaissons des victimes, mais celles-ci sont plus que propres. Nous regardons leurs casiers judiciaires, leurs réseaux sociaux et leurs dossiers étudiants, mais nous ne trouvons rien. Nous savons seulement qu'elles n'avaient pas d'antécédents, participaient à des soirées cinéma avec leurs amis, étudiaient le théâtre à l'université et pratiquaient du sport régulièrement, ce qui ne nous aide pas beaucoup...

Sans le rapport du laboratoire, cette enquête est similaire à chercher une aiguille dans une botte de foin...

Je ne te lâcherai pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant