Chapitre 36 (Alex)

28 5 1
                                    

            Il est huit heures du matin et nous sommes dans l'avion en direction de Buenos Aires. Nous espérons de tout cœur retrouver Megan dans la capitale. Le commandant Ortiz et ses équipes ont réussi à suivre la voiture dans laquelle Léonardo et les trois autres hommes ont emmenée Megan après l'accident, grâce aux caméras de surveillance de la ville, et nous avons appris qu'ils se sont arrêtés devant un hôtel prestigieux. Nous pensons que c'est là-bas qu'ils se planquent durant leur séjour à Buenos Aires.

***

            Il est onze heures. Nous avons atterri il y a un peu moins d'une demi-heure et avons déjà récupéré nos bagages et les voitures louées par le Swat. Nous roulons actuellement en direction de notre hôtel pour déposer toutes les affaires dont nous n'avons pas besoin lors de l'intervention ainsi que pour nous préparer.

            Dans l'avion, nous avons déjà examiné le plan d'approche que Johnson nous a proposé pour l'extraction de Megan. Nous interviendrons en fin d'après-midi, le moment le plus propice à ce que Sanchez, son équipe et Megan, soient dans l'appartement où nous allons faire une descente.

***

            Il est quinze heures et nous sommes devant le QG de la police de Buenos Aires qui participera avec nous à la mission, car normalement nous ne pouvons pas intervenir en territoires étrangers aux Etats-Unis. Aujourd'hui, nous avons exceptionnellement l'autorisation de faire une descente dans l'hôtel où se trouve Megan, à condition que des officiers locaux nous accompagnent. De toute façon, du renfort ne pourra pas nous faire de mal. Nous nous attaquons tout de même au plus dangereux gang d'Argentine... probablement aussi d'Amérique... et du monde.

***

            Il est dix-huit heures et nous sommes devant l'hôtel où séjourne, nous l'espérons, Megan et ses kidnappeurs. Une unité de la police de Buenos Aires est avec nous et plus de dix voitures de patrouilles attendent à l'angle de la rue.

            Nous entrons dans le hall. Tous les clients nous observent, surpris et curieux, et s'écartent rapidement de notre passage. Nous sommes en tenues blindées et portons chacun plusieurs armes et explosifs. Nous devons être impressionnants, surtout quand on ne s'attend pas à nous voir...

            Le commandant, qui ne vient normalement plus avec nous sur le terrain, devance le groupe d'agents de police et se rapproche de la secrétaire derrière le comptoir. Celle-ci fait mine de ne pas nous voir, toutefois elle a l'obligation de répondre à nos questions si elle ne veut pas finir sa journée derrière les barreaux.

            Je seconde mon chef qui sort son téléphone portable et lui montre une photo de Sanchez, puis de Megan.

            —Est-ce que vous les avez déjà vu ? demande-t-il avec son espagnol assez médiocre.

            La femme semble malgré tout comprendre la question, cependant elle secoue la tête en signe de négation.

            — Vous en êtes sûre ? Vraiment sûre ? Si vous nous mentez, vous risquez de tomber pour complicité d'enlèvement d'un agent de police, ce qui est égal à pas mal de temps en prison. Vous en avez envie ?

            La secrétaire le regarde avant de descendre ses yeux vers le sol. Nous voyons très bien qu'elle sait quelque chose, mais la peur la rend muette.

            — Nous savons qu'ils sont dans cet hôtel. Nous voulons juste retrouver notre collègue et sa famille compte sur nous. Quel est leur numéro de chambre ?

            La femme est tétanisée. A ce que je vois, Sanchez s'amuse à terroriser toutes les personnes qu'il croise sur son passage. C'est sans aucun doute comme cela qu'il obtient tout ce qu'il veut et qu'il se fait tant respecter, comme le père de Megan...

            Au bout d'une vingtaine de secondes, elle relève la tête et nous chuchote d'une voix incertaine :

            — Très bien... Je ne veux pas plonger pour lui, mais je ne veux pas non plus qu'il sache que je vous ai parlé. Je risque très gros s'il l'apprend. S'il vous plaît.

            — Il ne saura rien. Vous avez ma parole.

            Nous pouvons nous arranger avec le gérant de l'hôtel pour que les images des caméras de surveillances soient détruites et avec la police régionale pour que son nom ne soit pas divulgué dans les rapports qui pourraient tomber entre de mauvaises mains. Tout ça est possible et nous le feront, si elle nous donne le numéro de leur chambre.

            La femme à l'arrière du comptoir prend une profonde inspiration et murmure :

            — Ils sont dans la suite royale du septième étage. C'est la chambre numéro sept-cent-une.

            Le commandant la remercie et nous ne nous attardons pas. Nous trottinons en formation serrée en direction des escaliers avec à notre suite une dizaine d'officiers argentins, les meilleurs de la ville.

            Nous sommes prêts.

            Je suis prêt.

            Mon cœur bat à deux-cents kilomètres à l'heure. Nous sommes si proches du but. Megan est juste là, sept étages au-dessus de moi...

Je ne te lâcherai pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant