Chapitre 14

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Alex

Je suis de retour dans la salle de contrôle du QG sans avoir fermé l'œil de la nuit. Je n'ai pas arrêté de me poser des questions et de réfléchir à différentes possibilités dans l'enquête sur la disparition de Megan. Je ne pense pas que son père est quoi que ce soit à voir avec l'enlèvement, pas après tant d'années et encore moins depuis une prison plus sécurisée que la maison blanche... Ce matin, je me suis renseigné sur lui, mais j'ai vite abandonné pour me concentrer sur les dernières arrestations du Swat qui me paraissent un peu plus intéressantes.

Depuis des heures, je scrolle les casiers judiciaires des derniers criminels qui ont eu affaire à nous, ainsi que ceux de leurs proches, mais je ne trouve rien qui mérite un approfondissement. Mon moral est au plus bas.

Pourquoi nous ne trouvons rien ?

Pourquoi ?

Les aiguilles de l'horloge murale avancent contrairement à l'enquête qui monopolise l'entièreté de mes collègues. J'en ai marre.

— J'ai peut-être quelque chose ! annonce soudain Jason en entrant en trombe dans la pièce.

Tous les agents présents se retournent vers lui.

— L'unité cinquante a attrapé un certain Peters Domulez sous la supervision du capitaine il y a deux mois. Son jugement était il y a six jours et il a pris vingt-quatre ans de prison. En partant, il a proféré des menaces envers Garcia à un garde du tribunal et il a un ami qui a un profil compatible avec un enlèvement. Cela ne serait pas étonnant de sa part au vu de ses antécédents.

— Je demande immédiatement un mandat pour le domicile de son ami. Envoyez-moi son nom, déclare le commandant en quittant rapidement la salle.

— J'espère que ça nous mènera quelque part... murmuré-je plus pour moi-même que pour les personnes qui m'entourent.

— Il n'y a qu'une seule façon de le savoir, me répond Lewis.

Nous prenons tous nos tablettes et analysons les données que nous avons à propos de ce Peters. C'est un trafiquant de drogue qui a un meurtre et deux enlèvements à son actif. Son ami, un certain Mattéo Danilo, est surveillé de près par la police pour des suspicions de crimes similaires.

Nous attendons une dizaine de minutes et Johnson revient déjà.

— L'unité dix, vous vous rendez à l'adresse que je viens de vous envoyer.

Mon équipe se prépare à l'intervention, puis nous montons dans le blindé que Bryan conduit comme d'habitude. Nous nous rendons au domicile de Danilo. Dans le véhicule, la tension est palpable, personne ne dit quoi que ce soit et les regards sont dirigés vers le sol. Il faut que nous sortions Megan de ce pétrin, nous n'avons pas le choix.

Nous arrivons au coin d'une rue où les maisons sont plutôt petites et blanches pour la majorité d'entre elles. En sortant du quatre roues, mon cœur bat la chamade. Nous sommes peut-être devant le domicile du ravisseur de ma copine. Peut-être qu'elle est juste à quelques mètres de moi.

J'inspire un coup et donne le signal du début de l'intervention.

C'est parti.

Nous traversons le petit jardin sans bruit, puis nous arrêtons devant la porte principale. Je suis le premier et m'écarte du chemin de Jason qui s'avance pour la défoncer avec des explosifs.

— On entre, annoncé-je au central.

A l'intérieur, notre équipe se divise en trois groupes de deux. Lisa me seconde. Nous passons la porte du salon et examinons la pièce qui empeste la drogue.

— Salon RAS, crie Lisa.

— Bureau RAS, informe la voix de Jason.

— Chambre RAS, ajoute Bryan.

Lisa et moi entrons à présent dans la cuisine. Nous regardons dans le placard à balais, mais il n'y a personne. Cette fois, c'est moi qui déclare :

— Cuisine RAS.

Il n'y a plus qu'un endroit possible : la salle de bain. Mon amie et moi nous engageons dans le couloir pour rejoindre cette dernière pièce.

— Salle de bain RAS, annonce quelques secondes plus tard Bryan qui a été plus rapide que nous pour atteindre cette partie de l'habitation.

Mon équipière et moi nous arrêtons.

Megan n'est pas ici... et Danilo non plus... génial... Nous sommes à nouveau au point de départ...

— Il n'y a personne dans cette mai...

La fin de la phrase d'Elena est couverte par des bruits de tirs. Nous nous précipitons vers le foyer du son : le bureau. Lisa, Bryan, Elena et moi arrivons en même temps devant la porte grande ouverte et mon cœur saute dans ma poitrine. Jason est au sol. Je n'aperçois aucun agresseur et mets du temps à comprendre d'où proviennent les balles. Ce n'est qu'en levant la tête que je découvre des trous au plafond.

— Il y a quelqu'un au-dessus ! hurlé-je.

— Mais il n'y avait pas d'étage sur les plans ! grogne Elena. C'est quoi ce bordel ?!

Je suis dans le même état qu'elle : dans l'incompréhension. Elle a totalement raison. Il n'y a qu'un rez-de-chaussée normalement !

Les tirs s'arrêtent quelques secondes, sans doute le temps pour l'agresseur de recharger son arme. J'en profite pour sortir Jason de cette pièce avec la précieuse aide de Lewis.

— Jason ça va ?!! s'inquiète Lisa.

— T'inquiète pas. C'est le gilet qui a pris, j'crois.

Ok. Tant mieux. Il n'est pas blessé.

Je réfléchis.

Comment monter à cet étage inconnu ?

Je me remémorise les plans de la maison.

Il y a forcément un passage quelque part !

Soudain, il me revient l'image du placard à balais dans la cuisine. Sur les dessins que le Swat a reçus, il était beaucoup plus profond que je ne l'ai vu juste avant !

— Lisa, Bryan, avec moi. Les autres vous restez avec Jason.

Je pars le premier et mes deux collègues me suivent. Nous arrivons devant l'armoire qui me paraît suspecte et je l'ouvre et pour l'examiner mieux que la première fois.

— Alex ? m'interpelle Lisa qui ne comprend pas à quoi je joue.

— Il est censé être plus profond.

Je touche les murs et me rends compte que celui du fond est mou. Je donne un gros coup dedans avec la crosse de mon arme et il se détruit comme un château de carte.

C'était un faux !

— Purée... souffle Bryan.

Je retire complètement cette bâche qui cachait le début d'un escalier et nous montons. En arrivant sous le toit, nous découvrons un grenier improvisé où le plafond est très bas. Je dois baisser la tête pour avancer.

Un tas de cartons remplit le coin droit de cette « pièce », c'est la seule cachette possible par ici. Nous nous en rapprochons, mais tout à coup, les boîtes tombent et un homme émerge de derrière. Il tente de nous échapper par le côté et tire plusieurs fois dans notre direction à l'aide de son fusil d'assaut. Un poteau en bois nous permet d'esquiver les balles, mais le criminel s'enfuit et vide son chargeur sur nous. Nous ne pouvons pas nous écartez des piliers qui tiennent la toiture sans risquer le pire. Je me décompose intérieurement. Tant qu'il nous vise, nous ne pouvons rien faire.

Au bout de longues secondes, les sifflements s'arrêtent car Danilo doit recharger son arme. Nous en profitons pour sortir de notre planque et lui sauter dessus. A trois contre un, nous réussissons à le neutraliser sans grands efforts. Je le maintiens au sol, menotté.

— Où est Megan ?! hurlé-je.

— Qui ça ?

— Ne te fous pas de ma gueule ! La flic que t'as enlevée pour venger ton pote Peters ! Megan Garcia !

— Cette pétasse ? Garcia ? J'en sais rien moi ! Je l'ai pas enlevée ! J'suis pas assez con pour m'en prendre aux poulets !

— Tu viens de nous tirer dessus crétin !

— Parce que vous êtes entrés chez moi par effraction ! Je savais pas que vous étiez des flics ! Je pensais que vous étiez une bande rivale, moi !

— Nous avons un mandat. C'est pas une effraction, le nargue Lisa en dépliant une feuille qu'elle place à quelques centimètres du nez de Danilo.

Je ne te lâcherai pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant