Chapitre 22 (Alex)

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            J'ai mal partout. J'ouvre difficilement les paupières. Je suis allongé sur un lit, dans une salle que je ne connais pas. Je tourne légèrement la tête sur le côté et entrevois ma famille. Mon père, ma mère, mon petit frère et ma sœur cadette. D'ailleurs, quand cette dernière aperçoit mon minuscule mouvement, elle hurle mon prénom aussi fort que lui permettent ses poumons.

            —Doucement Lilou ! lui reproche ma mère qui se retourne immédiatement vers moi. Comment tu vas mon chéri ?

            — On est où ?

            — A l'hôpital mon ange. Une bande de crétin t'a tabassé devant le resto près de ton travail. Tu te souviens ?   

            Je ne me rappelle que quelques brides de ce qu'il s'est passé... Un trou béant remplit mon esprit et je déteste ça.

           « Une bande de crétins t'a tabassé... »

            « Une bande de crétin t'a tabassé... »

            « Une bande de crétins t'a tabassé... »

            Je dois me concentrer comme un dingue mais au fur et à mesure des secondes, la scène me revient en tête.

            Les hommes cagoulés.

            La barre de fer.

            Les coups.

            « Tu vas payer. Payer pour sa connerie ».

            J'en ai des frissons rien que d'y repenser... J'aurais pu y laisser la vie s'ils s'étaient acharnés encore un peu plus...

            Mais payer pour quoi ? Pour qui ? Qui sont ces mecs !?

            Ces questions m'envahissent le cerveau...

             Voulait-il parler de Megan ?

             Je n'en ai aucune idée...

             Qu'aurait-elle fait pour qu'il y ait de tels répercutions ?!

             Je ne comprends pas. Je ne comprends rien !

            Mon frère m'interpelle soudain. Je me rends alors compte que mon regard s'était perdu dans le vide. Mon esprit avait totalement quitté ce lit aux draps blancs.

            — Pardon, je pensais à...

            — Megan, termine ma petite sœur de quinze ans.

            — A Megan, répété-je.

            Un silence de mort s'installe entre les quatre murs qui nous entourent.

            Megan.

            Ce prénom est horriblement maudit ces derniers jours. Le seul fait de l'énoncer me rend malade. Et après ce qu'il vient de m'arriver, je sens que ce sera de pire en pire...

            — Bonjour monsieur Brown. Comment allez-vous ? intervient une jeune infirmière.

            — Ça pourrait aller mieux.

            — Je m'en doute... Nous vous avons emmené ici après la réception de nombreux coups. Vous avez eu un traumatisme crânien mais vous êtes tiré d'affaire. Nous devons juste vous garder en observation le reste de la journée puis vous pourrez rentrer chez vous. Par contre, vous risquez d'avoir quelques maux de tête ces prochains jours alors je vous conseille sincèrement de rester à la maison.

            — C'est impossible. Je dois aller travailler.

            — Avec un certificat médi...

            Je l'interromps, déterminé.

            — Nous sommes sur une enquête que je n'ai pas le droit de louper. J'irai travailler. Merci, lui affirmé-je un peu trop sèchement.

            — Euh ben... comme vous préférez alors. D'ailleurs, il y a vos collègues qui patientent dans la salle d'attente. Puis-je les laisser entrer ?

            J'accepte sans hésiter. Ils font partie de ma famille et ce sont les seuls qui peuvent réellement m'aider à ramener ma copine à la maison.

            Mes parents m'observent. Le soulagement se lit sur leur visage, alors que de mon côté, la peur hante encore mes pensées. Megan n'est toujours pas de retour et plus le temps avance, plus les chances de la retrouver en vie diminuent.

            La chambre d'hôpital n'arrange en rien mon état d'esprit. Elle est froide. Les murs et le sol sont blancs. Aucune décoration n'habille la pièce et seul un lit aux côtés de quelques chaises remplissent l'espace... j'en ai presque des frissons. Cette salle n'a pas de vie. Elle est vide, sans sens. On dirait que la mort guette ses occupants, c'en est flippant.

            Mes collègues et amis arrivent dans ma chambre au pas de course. Les filles se rapprochent immédiatement du pied du lit, elles ont l'air beaucoup plus inquiètes que les mecs qui laissent paraître des visage relativement détendus.

            — Comment tu vas ? me demande Elena.

            — Tu nous as fait une de ces frayeurs ! enchaîne Lisa.

            Je hausse les épaules.

            Comment je vais ?

            J'en sais rien ?

            Physiquement ou mentalement ?

            Les filles attendent une vraie réponse et ne bougent pas tant que je n'ouvre pas la bouche.

            — Vous inquiétez pas les filles. Je vais bien.

            — Ça c'est toi qui le dis, mais je te jure que sur les caméras de surveillances, c'est violent ! Très violent ! Tu aurais pu être dans un état bien pire !

                               ***

            Mes amis et moi avons discuté pendant près d'une heure. J'ai appris que durant mon hospitalisation, l'enquête sur l'enlèvement de Megan n'a pas avancé d'un poils et que mon équipe a été missionnée de retrouver les cinglés qui m'ont tabassé. Ils sont tous certains que mon attaque a un lien avec Megan, et encore plus depuis que je leur ai expliqué la scène plus en détails. Ils ont directement été du même avis que moi : « Tu vas payer ! Payer pour sa connerie ! » est en rapport avec elle.

            Ma copine se fait enlever, puis des hommes viennent me ruer de coups avec cette phrase. La coïncidence serait incroyable et dans mon métier, on nous apprend dès le début que les coïncidences n'existent pas.

            Mes collègues s'en vont pour enquêter depuis le QG où ils disposent de tout le matériel nécessaire. En parallèle, ils ont demandé des analyses ADN rapides de la scène de crime mais une fusillade vient d'avoir lieu dans les quartiers ouest, ce qui devrait retarder le verdict.

            En ce moment, le commandant tente de faire accélérer le retour des résultats, mais il y a des priorités... et un flic qui se fait tabasser après la disparition de sa copine, le capitaine de la police de Los Angeles, n'en est apparemment pas une des laboratoires de la ville...

Je ne te lâcherai pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant