Chapitre 47 (Megan)

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Depuis notre rendez-vous avec l'ami d'enfance de Léonardo, il y a cinq jours, nous n'avons pas bougé de San Luis. Je n'ai pas eu l'autorisation de sortir de l'appartement un seul instant et je tourne en rond, je n'en peux plus.

Nous restons car, à ce que j'ai compris, Léonardo passe ses journées à rendre visite à plusieurs amis qu'il n'a plus vus depuis des lustres.

Génial.

De mon côté, je me contente donc de dormir la majeure partie de mes journées. Grâce à ça, je passe moins de temps dans le cauchemar que je traverse depuis plus d'un mois.

Les rares moments où je suis réveillée, j'essaye de lire, mais les mots se brouillent souvent devant mes yeux. Je n'arrive pas à garder ouvert un bouquin dans de telles conditions.

L'Hispanique me parle à nouveau. Son caprice du roi du silence est fini. Durant les repas, il essaye de dialoguer avec moi, mais je ne l'écoute pratiquement pas. Mon humeur n'a toujours pas remonté la pente abrupte depuis sa chute lors de la descente de police à Buenos Aires. Avoir revu Alex d'aussi près et ne pas avoir réussi à gagner du temps pour obtenir son aide me hante. Je n'ai pas assuré. Vraiment pas. Cela fait peut-être déjà une semaine, mais pourtant, cette scène continue de tourner en boucle dans mon crâne. Je n'en peux plus...

Je viens de finir le déjeuner avec l'Hispanique et les deux Européens. Ils m'ont annoncé que nous rentrons dans très exactement une demi-heure. Nous retournons à la villa de Léonardo, les rendez-vous sont terminés.

D'une certaine manière, je suis contente. Les visites avec des chefs de gang et les plus gros trafiquants de drogue du pays, c'est fini, mais une partie de moi me crie que ce n'est pas la meilleure chose qu'il pouvait arriver. La police a découvert que je suis en Argentine sous l'emprise de Léonardo Sanchez, alors trouver mon emplacement une seconde fois ne sera peut-être pas trop long... Je ne sais pas.

En plus, effectuer une descente de police dans la demeure serait beaucoup plus délicat que dans un hôtel, bien que la dernière ne se soit pas passée comme je l'aurais voulu. Un nombre inimaginable de gardes surveillent la propriété vingt-quatre heures sur vingt-quatre, alors il faudrait énormément d'agents et le combat serait rude. Les risques de perdre un policier seraient très forts car les criminels n'auraient pas peur de leur tirer dessus, surtout que mon père voudrait qu'ils sortent les armes, alors ils le feraient. Ils sont dévoués à leur patron à cent pourcents.

Pour faire court, une fois dans cette maison, tout deviendra encore plus compliqué... voire impossible.

            Je commence à remballer mes affaires dans ma chambre. Ma chambre est dans un bazar monstre. Des fringues traînent sur chaque pouf, chaise, armoire, et cætera. Le sol non plus n'est pas épargné. Des vêtements que je n'ai pas eu la force de ranger le recouvrent presque entièrement.

            Ces derniers jours, la haine, la peur et la tristesse m'ont plongée tête la première dans une spirale négative. Je ne voulais rien faire de mes journées et ranger me paraissait être une épreuve insurmontable.

            — Megan, t'es prête ? me demande l'Hispanique derrière la porte.

            — J'ai presque fini.

Pas du tout. La moitié de mes affaires est encore éparpillée un peu partout.

            — Je peux entrer ?

            Pas trop nan, je viens un peu de te mentir... Je ne suis pas prête du tout en réalité... Si tu voyais ça, tu serais furieux...

            J'ajoute un mensonge au précédent :

            — Euhhh... pas tout de suite, je me chan...

            La fin de ma phrase est engloutie par le bruit de le battant de ma chambre qui s'ouvre. L'Hispanique s'arrête sur le seuil et me regarde, exaspéré. Il secoue légèrement la tête quand il me rétorque :

            —Là, tu te changes ? Et tu as bientôt fini de ranger toutes tes affaires ? Tu te moques de moi ou quoi ?!

            Je cherche mes mots, mais je n'ai rien à dire pour ma défense. Il a tout juste.

            — Tu es habillée et ta valise est à moitié vide ! Je t'ai dit de te dépêcher ! Léonardo nous attend déjà en bas !

            Je lève les yeux au ciel.

Il n'avait cas me prévenir plus tôt ! Je ne peux pas tout ranger en un claquement de doigt ! Je n'ai pas de super-pouvoirs !

            — J'arrive, grincé-je.

            Il secoue à nouveau la tête et se baisse pour attraper les vêtements qui sont à ses pieds.

           Mais à quoi il joue ?!

            Je ne veux pas que ce psychopathe touche aux vêtements que je serai obligée de porter !
Nan mais il se prend pour qui lui ?!

— Vous faites quoi là ? demandé-je aussi froidement que possible.

— Je t'aide. On ira plus vite à deux. Léonardo va s'énerver, réplique-t-il sans faire attention au ton que je viens d'employer.

En même temps, il doit commencer à avoir l'habitude avec moi...

Cet homme me dégoûte, mais j'accepte son aide à contrecœur, en sachant qu'il a raison. Léonardo ne manquera pas de me faire la morale si je ne me dépêche pas... et toute seule, je suis encore là demain.

Pour une fois, l'Hispanique et moi formons une équipe potable, bien que mon avis sur lui n'ait pas évoluer d'un pouce. Je le déteste toujours autant, mais je dois avouer que nous sommes efficaces cette après-midi. En moins de cinq minutes, mon bazar est rangé et ma valise est dans la voiture.

A présent, nous nous dirigeons vers l'aérodrome où nous attend le jet privé qui nous ramènera dans ma prison de marbre...

Je ne te lâcherai pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant