Chapitre 17

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Megan

Il est dix-huit heures. Nous sommes arrivés à Rosario il y a quelques heures et nous sommes déjà installés dans une chambre d'hôtel plus spacieuse que ma maison. L'argent se fait ressentir et ça me donne la chair de poule quand je réfléchis à comment cette fortune est sûrement arrivée entre les mains de mes ravisseurs... Le haut plafond, les multiples pièces, les canapés en cuir blancs, les lustres en cristaux, les escaliers incrustés de pépites d'or... Ce luxe me donne envie de vomir. Des disparitions, des overdoses, des meurtres... il y a dû en avoir des dizaines, voire des centaines, pour arriver à une telle somme... Et moi, je suis là, plongée au centre de ce trafic. Je joue la cheffe de gang pour sauver ma famille en attendant une opportunité pour m'enfuir... Ça me dégoute.

Dans l'immédiat, je dois me préparer parce que ce soir, je rencontre un client du gang de mon père.

— Megan ! Tu es prête ? On va arriver en retard si tu continues et je te jure que notre client n'appréciera pas du tout ! me crie Léonardo depuis la cuisine de l'appartement.

Je finis de piquer un sixtus dans mon chignon noir et suis prête. Quand j'ouvre la porte de ma chambre, il m'observe longuement. Son regard pervers est désagréable sur ma peau bien trop visible dans ma tenue. Il m'a obligée à porter une jupe beaucoup trop courte à mon goût et un t-shirt qui ressemble plus à un soutien-gorge qu'à un t-shirt. Je ne suis pas du tout à l'aise. Pour ce qui est du maquillage et de la coiffure, il m'a demandé de faire quelque chose de voyant et de sexy. Je ne me reconnais absolument pas. C'est une horreur.

— Parfait. Notre client va adorer.

Je lève les yeux au ciel et passe devant lui. Ça m'énerve de voir sa vision des femmes. Selon lui, dans notre monde, pour être une femme respectée, il faut ressembler à une prostituée. Il est ridicule. Pour lui, les femmes ne peuvent pas être classes, elles doivent être vulgaires. J'ai envie de l'étrangler et de lui faire bouffer les faux ongles qu'il a ordonné à ma femme de chambre de me poser.

Je me dirige vers la porte principale de l'appartement où je croise les bras en attendant que les quatre hommes qui m'accompagnent à ce rendez-vous veuillent bien arriver. On me stress pour que je me dépêche, mais maintenant que je suis prête, je suis seule dans l'entrée !

— Et oh ! Y'a quelqu'un ?

— Calme-toi beauté, me recommande l'Hispanique en arrivant près de moi. Je te conseille de ne pas énerver le patron. Il peut être très sympa, mais quand on dépasse les bornes, il nous le fait comprendre direct et c'est pas drôle du tout.

Il peut être très sympa ? Je n'ai pas le souvenir qu'il l'ait déjà été avec moi.

Nous attendons tous les deux devant la porte d'entrée. L'Hispanique n'est pas particulièrement bien habillé. Il porte un jeans et un t-shirt. Simple et efficace. En l'observant discrètement, je m'aperçois qu'il n'est pas aussi moche que l'image que je m'étais faite de lui... Il est même plutôt beau...

L'arrivée de Léonardo et des deux Européens me coupe dans mes pensées ridicules.

L'Hispanique ? Beau ?

Jamais !

Putain ! Megan !

Ce mec t'a kidnappée !

Il est tout sauf beau !

Les cheveux blonds des deux plus jeunes de la bande sont mouillés. Ils doivent à peine sortir de la douche. En parallèle, leurs vêtements sont tous sauf chics. Leurs jeans troués et leurs t-shirts délavés ne nous montrent pas vraiment qu'ils travaillent pour un multimillionnaire... A contrario, Léonardo est sur son trente et un. Son costard noir lui donne un air d'homme d'affaire comme la première fois que je l'ai rencontré. Cependant, son regard est tout sauf élégant. Il ne se contente pas d'analyser mon visage avec insistance... il s'occupe d'un tantinet plus bas et j'en ai mal à l'estomac.

— Allons-y, lance-t-il, trop optimiste à mon goût.

Nous prenons l'ascenseur pour atteindre le parking sous-terrain de l'hôtel et entrons dans une voiture bleu marine que Léonardo conduit. Le stress que j'éprouve depuis mon enlèvement monte de plus en plus. Je suis flic, mais je vais à un rendez-vous en tant que cheffe d'un trafic de drogue national ! Et cette fois, ce n'est pas une mission d'infiltration comme je l'ai souvent fait dans la police !

Je ne te lâcherai pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant