Megan
Je ne sais pas depuis combien de temps nous volons. Je n'ai pas d'horloge et j'ai dormi, sans doute plusieurs heures. En ce moment, j'attends. Je n'ai que ça à faire. J'ouvre le hublot et la lumière du jour me pique les yeux quelques secondes. Une fois habituée, je regarde le paysage défiler sous l'avion. D'abord, j'aperçois des montagnes recouvertes d'une forêt infinie, puis nous passons au-dessus d'une ville, une grande ville, on dirait même qu'elle est presque aussi grande que Los Angeles. Nous la dépassons après d'interminables minutes et je ne distingue à nouveau plus que la campagne.
Je sens que nous commençons à perdre de l'altitude. Nous allons atterrir. Nous réduisons doucement notre distance avec le sol et une secousse m'avertit lorsque nous le touchons enfin. Le pilote roule vers un emplacement où il peut s'arrêter et couper le moteur après les douze heures de vol. J'entends des pas dans la cabine principale et un cliquetis me fait tourner la tête vers la porte d'où émerge l'Hispanique.
— Nous sommes arrivés. Lève-toi.
Je m'exécute, j'ai des fourmis dans les jambes de n'avoir pratiquement pas bougé pendant tout le trajet. Il m'attrape le bras qui me fait encore très mal et me tire à l'extérieur de l'avion. Nous sommes dans un tout petit aérodrome, seuls deux autres jets sont arrêtés sur le côté.
Une forêt s'étend à perte de vue autour de la piste et de la minuscule tour de contrôle. Je n'arrive pas à comprendre où est-ce que nous nous trouvons, je n'ai jamais eu l'occasion de voir un spectacle aussi impressionnant.
Je marche à côté de l'Hispanique qui me tient fermement pour que je ne puisse pas m'échapper.
Mais quel intérêt est-ce que j'aurais à faire une chose pareille ici ?
Ces hommes armés jusqu'aux dents ne mettraient même pas trente secondes pour me rattraper !
Au loin, droit devant nous, j'aperçois deux voitures sur le parking. Une des deux attend le coffre ouvert.
Nan !
Ils ne vont pas encore me balancer dedans ?!
Pitié !
Le chef m'emmène à côté du véhicule, mais me jette sur la banquette arrière qui est bien plus confortable que le lieu où j'ai fait une traversée sinueuse hier soir. Il se met au volant et un autre homme, sûrement un autre de mes ravisseurs qui a retiré sa cagoule, s'installe sur le siège passager. Un troisième criminel charge du matériel dans le coffre, puis vient s'assoir à côté de moi, lui aussi sans masque. Sans un mot, nous démarrons.Nous roulons une vingtaine de minutes dans la forêt, puis longeons la lisière du bois d'où je crois apercevoir une ville ou un village. Je n'ai pas le temps d'en être tout à fait sûre que nous nous enfonçons à nouveau dans l'épais feuillage. Après quelques virages sur une route mi-gravier mi-terre, je discerne un haut portail gardé par deux soldats. Nous nous en rapprochons et une fois arrêtés devant, l'Hispanique descend la vitre pour me montrer à l'arrière. Un des molosses m'observe de longues secondes, puis sourit et crie à son collègue d'ouvrir la grande porte.
La voiture redémarre et s'engage sur une jolie route de pavés aux majestueux dessins géométriques. Je suis horriblement stressée d'être ici avec ces criminels aux cœurs froids comme la glace, mais je reste tout de même bouche-bée devant la magnificence de cette propriété. Un jardin s'étend à perte de vue. Un gazon vert émeraude, des parterres de fleurs multicolores et des arbres de toutes les tailles le décorent. En face de nous, se dresse une maison tout aussi incroyable que gigantesque. Elle est de couleur blanche et construite sur trois étages munis de baies vitrées sur toute la longueur et de balcons aux balustrades en verre. Même dans les quartiers les plus riches de Los Angeles, je n'ai jamais aperçu une merveille pareille.
Le véhicule avance doucement dans l'allée et nous arrivons au niveau d'un rond-point où une statue haute de deux étages représentant un jaguar nous accueille. D'ici, je perçois des dizaines de gardes armés jusqu'aux dents. C'est la manière idéale pour me dissuader de tenter une quelconque fuite... Je n'ai aucune chance de réussir...
L'Hispanique s'arrête devant une porte quatre fois plus grande que la normale et les trois hommes sortent. Le chef vient m'ouvrir, puis attrape encore mon bras douloureux.
Il croit vraiment que je vais essayer de m'enfuir ici ?! Je suis parfois irresponsable, mais pas suicidaire bordel !
Des femmes, sans doute des femmes de ménage, se précipitent près du coffre pour y prendre les sacs et les rentrer. Mes ravisseurs m'escortent à l'intérieur. En passant le seuil de la villa, je découvre un hall d'entrée digne d'un palace. Sous un haut plafond, pend un lustre de cristal et de larges escaliers arrondis sont placés près du mur du fond. Des tables en verre ornées de petits bibelots et des armoires aux façades en miroirs sont également installées de chaque côté de la salle. J'ai l'impression d'halluciner. C'est absolument dingue.
Mais on est où à la fin ?!
Qui sont ces gens ?!
Mon kidnappeur me tire en direction des marches en marbre et je le suis.
Je n'ai pas franchement le choix de toute façon...
Nous montons au troisième étage et les trois hommes m'emmènent dans un très long couloir où des dizaines de battants recouvrent les murs. Nous avançons jusqu'au bout et l'Hispanique ouvre la dernière porte à droite.
Nous entrons dans une chambre qui fait la taille de ma maison. Au centre, est placé un lit à baldaquin aux draps crème. A sa droite, un bureau gris clair fait face à la magnifique vue offerte par la baie vitrée. Les murs blancs sont décorés de tableaux abstraits et le parquet clair est par-ci par-là recouvert de tapis moelleux. Il y a également une bibliothèque à côté du lit, une coiffeuse dans un coin, un canapé aux multiples coussins et plaides pastel à sa gauche et une table de verre ornée de plusieurs livres au milieu de la pièce. Enfin, vers le fond de la chambre, je distingue une porte entrouverte et je crois deviner les meubles d'une salle de bain.
Dans d'autres circonstances j'aurais sauté partout en entrant dans cette pièce, elle est magique, mais en ce moment, je veux juste m'enterrer vivante. Ce luxe me brûle la peau et des centaines de questions traversent mon esprit. J'en ai la tête qui tourne.
Pourquoi suis-je ici ?!
Qui sont ces putains de gens ?!
Pourquoi m'ont-ils enlevée et emmenée dans une baraque pareille ?!
C'est quoi ce bordel ?!
Je dévisage l'Hispanique et un rire rauque s'échappe de ses lèvres. J'ai une envie folle de lui tirer une balle entre les deux yeux. Je n'en peux plus, je sens que je vais bientôt exploser.
— Bienvenue dans ton nouveau chez toi. Nous t'envoyons une infirmière pour ton épaule. Ensuite, une femme de chambre ne tardera pas à t'emmener le repas.
Après ces paroles, mes trois ravisseurs s'en vont. Ils ferment la porte à clef et me laissent seule dans cette gigantesque chambre où je manque d'air, je crois étouffer. La panique me submerge encore une fois.
Comment je vais pouvoir sortir d'ici ? C'est une vraie forteresse !
En plein désespoir, je cours à la fenêtre et tente de l'ouvrir, mais je me rends vite compte qu'il n'y a rien à faire, elle est aussi verrouillée. Il est impossible de m'enfuir par là.
Je me traîne jusqu'au lit et libère toutes mes émotions. J'ai réussi à me retenir depuis hier soir, mais maintenant que je suis seule, enfermée dans cette espèce de prison de luxe, des larmes m'échappent. Je ne sais pas comment m'en sortir, m'évader est mission impossible avec tous les gardes qui guettent le moindre de mes mouvements. Pour l'instant, je ne peux qu'attendre et prier pour que l'on vienne m'aider, ce qui peut être long... et même ne jamais arriver...
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Je ne te lâcherai pas
Misterio / SuspensoMegan et Alex se sont rencontrés dans la police. Depuis trois ans, ils vivent une relation saine et sans embûche, si bien qu'Alex s'apprête à lui faire sa demande en mariage. Quelques jours avant cet heureux événement, Megan se fait kidnapper par u...