Je ne te lâcherai pas

Chapitre 44 (Alex)

Assis sur mon lit, je me repasse l'intervention en boucle.

Qu'est-ce que nous aurions pu faire de mieux ?

Où nous sommes nous loupés ?

La colère remplie mon corps tout entier. Megan était là et elle ne l'est plus. Elle était devant moi et maintenant, elle est dans un endroit inconnu.

Je me lève brusquement et m'emporte. J'envoie valser une lampe posée sur la commode en face de moi. Elle va s'éclater contre le mur dans un bruit cinglant, éparpillant des morceaux de verre brisés sur la moquette, puis mon poing droit atterrit ensuite dans le mur dans un grand fracas. La douleur m'anesthésie la main, le poignet, puis s'étend dans tout le bras, mais tant pis.

Je recommence. Me faire mal m'aide à évacuer la quantité inimaginable d'énervement que je stocke depuis le début de cette atroce histoire d'enlèvement. Mon poing s'écrase une troisième fois dans le mur. Une marque se forme autour du point de contact, mais cela ne m'arrête pas. Le mur reçoit un quatrième coup et même un cinquième dans la foulée.

La porte de ma chambre que j'avais apparemment oublié de fermer à clef, s'ouvre à la volée. Lewis et Jason entrent en trombe, les traits tirés.

­— Alex ! Arrête ! Ça ne sert à rien de te fracasser la main ! me brusque Lewis.

Ses paroles ne me stoppent pas, car je recommence. J'ai besoin de frapper quelque chose. J'en ai vraiment besoin...

— Alex ! Ça suffit ! me crie Bryan qui vient d'arriver avec le reste des membres de mon équipe.

Mon poing se réenfonce dans ce mur innocent une septième et une huitième fois. Lewis et Jason tente de m'écarter de lui, mais je les repousse d'un coup de coude violent. Je continue de tabasser cette paroi que je prends plusieurs instants pour les ravisseurs de ma copine, de celle que je veux demander en mariage.

La douleur à mon poignet s'intensifie. Du sang commence à s'accumuler dans le trou que je forme depuis que mon cerveau a perdu tout contrôle.

— Alex ! Stop ! S'il te plait ! me supplie Elena.

Elle s'approche de moi et je la repousse comme les deux dernières personnes qui ont essayé.

— Megan voudrait que tu te défonce la main comme ça ? Nan. Je ne crois pas, nan. Alors écoute ce qu'elle te dirait et arrête de te faire mal comme ça ! continue-t-elle.

Ce ne sont pas des belles paroles qui m'empêcheront de faire ce dont j'ai envie, mais malgré tout... elle a raison. Megan détesterait me voir ainsi... Elle a horreur de la violence...

Elena se réavance de trois pas. A présent, elle est assez proche pour me toucher. Elle pose sa main sur mon épaule gauche et cette fois, je ne la repousse pas.

— Ce mur ne t'a rien fait. Laisse-le un peu tranquille.

J'abaisse mon poing qui s'apprêtait à replonger dans le mur. Megan n'apprécierait pas mon geste et me casser les phalanges ne changera rien à la situation. Mon amie m'escorte jusqu'au pied de mon lit où je m'assois et me prends la tête entre les mains. Je sens du liquide tiède en profiter pour tâcher mon visage, mais tant pis. C'est le cadet de mes soucis en ce moment.

***

Trois ans plus tôt

          « Le soleil se lève et tente de réchauffer le QG glacé sous l'horreur de cette nuit de printemps. Hier soir, une femme a disparu aux alentours de vingt-heure alors qu'elle faisait un jogging avec son berger australien dans les rues de Los Angeles. Son mari, ayant essayé de l'appeler à de nombreuses reprises sans recevoir la moindre réponse, a immédiatement contacté la police.