Dans la tourmente du diable [Fabio Quartararo]

27. Come back to me

Léna

Je pousse un soupir de soulagement lorsque je pousse ma valise dans la chambre d'hôtel et que je me jette sur le lit.

- Je n'osais pas croire que nous étions enfin arrivées en Inde jusqu'à ce que je sois sur ce lit, je marmonne la tête dans le coussin.

- M'en parle pas, tous ces trajets ont été interminables, Alix rigole en se jetant sur le lit à son tour.

- Mon chien me manque, je geins et ma meilleure amie s'esclaffe.

- Y a pas que le chien qui te manque si tu veux mon avis ! Tu lui as pas parlé depuis combien de temps ?

- L'Angleterre, ça fait un mois et demi.

Effectivement, je n'ai plus parlé avec Fabio depuis Silverstone et notre petite entrevue après que je me sois pris la tête avec Lucia. J'ai décidé de mettre à exécution la décision que j'avais tenté de prendre maintes et maintes fois sans y parvenir. J'ai donc tenté de l'éviter durant tous nos week-ends de course. J'ai gardé notre chien alors qu'on alterne habituellement pour éviter de devoir aller chez lui ou qu'il vienne chez moi pour le récupérer. Bien entendu, c'était très difficile au début, j'avais envie d'aller le voir tout le temps, qu'on se parle au centre médiatique...et puis finalement, j'ai commencé à voir le positif apparaître.

J'ai repris confiance en mes capacités dans mon travail. J'ai arrêté de me prendre la tête à me demander comment ça se passait pour lui sur la piste, dans son boxe et pour ses interviews. Je ne m'inquiète plus de savoir s'il va bien, parce que ce n'est plus de mon ressort. Et je me sens mieux que je ne l'ai jamais été depuis au moins 6 mois.

Et puis, j'ai commencé à voir des changements chez lui aussi, même en restant loin de lui. Malgré le fait que la moto ne s'améliore pas et que ses résultats semblent toujours le faire souffrir, il semble évoluer. Il semble plus enclin à aller aux débriefings parce que je ne le vois plus arriver en retard. Il participe même à plus d'interviews qu'auparavant de ce que je peux voir quand je déambule dans le paddock.

En somme, tout semble pour le mieux pour nous deux dans nos vies respectives. Pourtant, je ne pourrais pas dire qu'il ne me manque pas, parce que ce serait mentir à mon propre coeur. Mon coeur qui se donne toujours le droit de battre un peu plus fort lorsque je le vois entrer dans une pièce. Mais j'apprécie tellement l'équilibre dans lequel je me retrouve que je n'ose pas faire le pas qui me fera vaciller de nouveau. Je sais pertinemment que peu importe de qui on tombe amoureux, l'équilibre est voué à changer. L'important, c'est de trouver la personne qui nous aide à changer cet équilibre pour le mieux. Et d'un côté, ça ne fait qu'un peu plus d'un mois qu'on s'autorise à évoluer chacun de notre côté. Est-ce suffisant ?

- Meuf, si je te fais chier, tu me le dis, Alix claque des doigts devant mes yeux.

- Pardon, j'étais dans mes pensées.

- Je voix ça ! Je te demandais si tu voulais qu'on mange ensemble en tête à tête ce soir. Inutile de demander à Ella, Marc l'a prise en otage avec son équipe.

Je rigole en entendant sa dernière phrase.

- Cela aurait été avec joie, mais Luca et Marco m'ont demandé de manger avec eux.

- Ils te kiffent eux ! Tu n'organises pas déjà un repas vendredi soir ?

- Si, avec toute l'équipe. Là, c'est juste avec eux. Je peux leur demander que tu viennes, ceci dit, mais ça ne sera pas en tête à tête.

Elle pose sa main sur son menton en regardant le plafond.

- Ça dépend. Est-ce qu'ils invitent aussi Celestino ? Elle me demande et je hausse les sourcils.