Dans la tourmente du diable [Fabio Quartararo]

19. Open door

« Si j'avais coupé ses ailes,
Il serait à moi,
Et il ne serait pas parti
Oui mais alors...
Il ne serait plus un oiseau.
Et moi,
C'est l'oiseau que j'aimais. »

Txoria Txori, Joxean Artze

Fabio

    -    Ça va, on s'amuse bien avec Marco Bezzechi ? Je demande sèchement.

Mec, tu es nul, pourquoi tu l'agresse comme ça ? Ma conscience me donne une gifle. Je ne comptais pas venir lui parler pour lui prendre la tête. En fait, je ne sais pas vraiment pourquoi je suis venue la voir. Mais maintenant que je suis là, je ne peux plus faire marche arrière.

    -    Est-ce que je peux savoir en quoi ça te concerne ? Elle me regarde de la tête aux pieds avec une expression dédaigneuse sur le visage.

    -    Tu es venue me demander la même chose avec Lucia la semaine dernière, au cas où tu aurais oublié, je me défends.

    -    Ah oui, donc on joue à se renvoyer des balles de ping pong ? Si je couche avec quelqu'un tu vas vouloir faire pareil pour me rendre jalouse, c'est ça ?

J'écarquille les yeux, énervé par ce qu'elle raconte.

    -    Tu pourrais déjà coucher avec quelqu'un d'autre ? Ma voix déraille et je me maudis pour paraître aussi vulnérable devant elle.

Elle regarde ailleurs, faisant mine de réfléchir.

    -    Comme si toi tu ne pouvais pas. Je t'ai vu comment tu regardais ta nouvelle attachée de presse, je te connais.

Je vais perdre ma mâchoire tant je regarde Léna avec une mine offusquée.

    -    Tu devrais visiblement t'acheter des lunettes, parce que tu es à côté de la plaque, je lève les yeux au ciel.

Léna secoue la tête.

    -    Oui, oui bien sûr. Peu importe, je n'ai pas à me soucier de ça, tu fais ce que tu veux.

Je la regarde en haussant les sourcils. Vraiment ?

    -    Argh, ne me fais pas ces yeux là. C'est ce que je devrais vouloir. Que tu fasses ce que tu veux...elle semble se parler à elle-même.

Je me rapproche d'elle d'un pas ou deux, je ne sais pas vraiment. J'ai simplement envie d'être plus proche d'elle, c'est plus fort que moi.

    -    Mais tu n'y arrives pas, hmm ? Je chuchote.

    -    Fabio...Tu ne peux pas faire ça, elle déclare en chuchotant.

Pourtant ses yeux semblent me supplier de me rapprocher encore. Elle bat des cils rapidement, ses pupilles se dilatant à vue d'oeil. Je me penche inconsciemment dans sa direction, et elle ne recule pas. De nouveau, tout son langage corporel et son énergie semblent m'appeler encore et encore. Elle respire plus fort, et je m'apprête à me rapprocher encore, lorsque ma conscience me rappelle à l'ordre.

    -    Non, tu as raison, je me recule brusquement en inspirant.

Elle se racle la gorge et regarde ailleurs, tandis que je me gratte la nuque. Je suis surpris quand je crois voir de la tristesse dans ses yeux, avant qu'elle ne se reprenne subitement.

    -    Effectivement, bouge de là, elle me pousse.

Je secoue la tête. Qu'est-ce qu'elle a ? Je me suis reculé parce que je ne voulais pas faire quelque chose qui allait contre sa volonté. Elle ne veut plus de moi, de nous, elle me le fait très bien comprendre depuis des semaines, avant de faire comme si ça la blessait que je ne l'embrasse pas, ou peu importe ce qu'on s'apprêtait à faire.