18. Magnets

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Léna

Me voilà sur le circuit d'Assen pour la troisième fois de ma carrière. Je suis arrivée avec Alix directement depuis l'Allemagne, et nous avons visité les Pays-Bas de lundi à jeudi. J'ai passé la totalité du vol à lui raconter ma petite entrevue avec Fabio. Bien entendu, elle n'a fait que l'insulter  et cela continue depuis quatre jours.

- Bon, je crois que j'ai compris que c'était un connard, tu peux arrêter de remettre ça sur le tapis ? On doit amener nos pilotes au centre médiatique, au cas où tu aurais oublié.

Après les FP2, Marco est en tête et Luca est neuvième, ce qui signifie qu'ils sont qualifiés directement pour la Q2 de demain. Pecco est quatrième, donc Alix est contente. Enea est quinzième, mais il revient de blessure, donc c'est normal qu'il soit un peu en difficulté.

- Bien sûr que je n'ai pas oublié, mais est-ce que je peux savoir pourquoi tu te diriges vers les motorhome Yamaha ? Il semblerait que TU aies oublié que tu as changé d'écurie.

Je lève les yeux au ciel en voyant qu'effectivement, je suis devant les mauvais camions par habitude.

- Toute cette situation devient ridicule, je me lamente.

Lorsque j'ai récupéré les bons pilotes, je les amène au centre médiatique en même temps. Je suis obligée de gérer Marco qui est particulièrement dissipé après sa performance de l'après-midi.

- Who's in P1 ? Ohhh the one that will be the number one on saturdayyy and even on sundayyy, il chante. (Qui est en P1 ? Ooooh celui qui sera le numéro un samediiiii et même dimancheeee)

Je me retiens d'éclater de rire, mais je suis obligée de garder un semblant de sérieux.

- Yes, all right Narcisse, let's concentrate a bit, okay ? (Oui, d'accord Narcisse, on se concentre un peu ok ?)

Luca pouffe à côté de moi.

Quand j'arrive au media center, Alix est déjà là avec Enea, tandis que Pecco répond à la chaîne espagnole DAZN. Enea est entrain de la faire rire et je sourie à cette vue. Marco me donne un coup de coude.

- So, where are we going first ? (Bon, on va où en premier ?)

Je lève les yeux au ciel avant de jeter un oeil vers on coéquipier qui glousse de nouveau.

- Why are you so excited today, it's just the FP2. How are you going to act tomorrow if you win the sprint ? (Pourquoi es-tu excité aujourd'hui, ce ne sont que les FP2. Comment tu vas être demain si tu gagnes le Sorint ?)

- You mean « when » I'll win the Sprint, not « if ». Well, to answer your question, I was thinking that maybe I could bring you to the media center on my shoulder, your head forward the floor and your foots in the air, il ricane. (Tu veux dire « quand » j'aurais gagné le Sprint et pas « si ». Eh bien pour répondre à ta question, j'ai pensé que peut-être je pourrais t'amener au centre médiatique sur mon épaule, ta tête en face du sol et tes pieds en l'air).

- Ok, I'm done with you, go to speak with Sky, je lui désigne la place qui vient de se libérer. (Ok, tu m'as saoulé, va parler à Sky)

Il rigole tout en se dirigeant vers le micro que je lui ai indiqué. Je n'avais jamais vu un pilote aussi enjoué de répondre à des interviews, ce mec est définitivement très particulier. Luca reste à mes côtés le temps qu'un des journalistes soit libre. Il se montre très sage et aimable comme à son habitude. Marco termine son interview et j'envoie Luca à sa place qui y va sans rechigner. Comment travailler avec deux pilotes comme eux peut-être plus simple qu'avec un seul ?

Dans la tourmente du diable [Fabio Quartararo]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant