ALL UNDEAD | Caput Mortum [Terminé]

14 | La résidente

Pour une raison inconnue, toutes les résidentes de Manose Nyūjin tiraient à la courte paille. Une personne nommée Keiko se résigna à son destin, le visage grave. Les autres se consacraient à leurs occupations auprès des enfants, tandis qu'elle s'affairait à sa toilette. Tamaki lui donna une trousse d'accessoires pour se raser et se maquiller.

La cheffe de Manose Nyūjiin avait convenu d'un accord avec l'agriculteur Hachimine. En contrepartie de se produits, elles couchaient avec lui, une fois par semaine, ce qui choquait Rachel.

Le soir même, Hachimine se faufila discrètement dans la chambre à coucher de Keiko. Occupant la pièce voisine, Rachel entendit leurs ébats sexuels durant toute la soirée. Cet arrangement la mettait mal à l'aise. Cet individu abject utilisait ces femmes comme des objets sexuels. Son affaire terminée, Hachimine quitta la maison.

Une promenade lui ferait le plus grand bien. Elle préparait son sac à dos en vue de prendre Mitsuru avec elle, mais Tamaki et Kaori l'examinaient. Elles veillaient attentivement à sa prise de poids. Rachel refusait catégoriquement de la laisser seule. Tamaki insista pour qu'elle sorte prendre l'air et se changer les idées. Si Kaori se sentit offensée par sa méfiance, Tamaki se montra plus compréhensive et lui offrit de l'accompagner.

La matriarche de Manose Nyūjiin se voulait amicale et cherchait à gagner sa confiance. Rachel était incapable pour le rendre la pareille.

Son potager de fortune avait été dépouillé de tous ses légumes. Tamaki ne s'en désolait pas du tout. Elles cheminèrent le long de la route en direction des montagnes jusqu'à une pierre, érigée en bordure d'une intersection.

— Vous semblez bien connaître le coin, notifia Tamaki.

— Chaque été, mes parents ont loué le pavillon du 2047-3 Hiramamachi.

Un sabaibā tout ébouriffé s'extirpa des fourrés en poussant des grognements à cause des égratignures sur ses bras. Malgré les paroles rassurantes de Tamaki, Rachel recula de plusieurs pas.

— Hachimine-sama, le salua Tamaki.

— Qui est-ce ? demanda l'agriculteur.

— Reicheru-san est de passage, répondit Tamaki.

Tamaki fit les présentations auxquelles Rachel se soumit de mauvaise grâce.

— D'où vient-elle exactement ?

— De la ville d'Angers, en France, répondit Rachel.

— Pourquoi être venue au Japon ? demanda-t-il à Tamaki en ignorant la principale intéressée.

— Quelle importance aujourd'hui ! s'impatienta la Française.

— Vous auriez dû rentrer quand vous le pouviez. Si Hasegawa ne m'avait pas volé mon passeport, je l'aurais fait.

Hachimine renifla avec mépris.

— Que son séjour en enfer soit le plus long possible ! Ce vieux débris était un patron faible qui a laissé ses employés nous tyranniser mon frère et moi. Je lui ai éclaté la tête quand il est devenu un jiangshi.