Plusieurs jours plus tôt.
Rachel s'agenouilla gracieusement sur le coussin zabuton que Tamaki lui désigna d'un geste délicat. Keiko fit son entrée, apportant un plateau de thé dont elle distribua les tasses avec une élégance feutrée. Tamaki congédia poliment Keiko qui s'éclipsa à l'invitation de Kaori. Pendant ce court instant, Rachel laissa son regard vagabonder dans la pièce. Les tatamis couvraient le sol, une haute commode occupait l'espace entre les portes fusama, et un kimono de soie pendait à un portique prévu à cet effet. À côté, une pile de linge attendait d'être repassée, à proximité d'une planche et d'un fer d'un autre temps posé sur un réchaud à gaz.
Une bibliothèque éclectique témoignait des goûts variés des pensionnaires : romans d'amour, mangas shōjo pour jeunes filles, livres de voyage, et bien d'autres. La porte fusuma claqua, signifiant le début de leur entrevue.
— En ce qui concerne votre projet pour persuader Nagatakiyama-sama de renoncer à l'uegakari, je me suis peut-être montrée un peu trop hâtive. Pourriez-vous nous en dire plus ? interrogea Tamaki d'une voix posée.
Rachel ouvrit la bouche pour parler, mais se ravisa. Tamaki avait refusé son plan d'emblée, et elle devait maintenant réfléchir rapidement à son élaboration.
— Vous êtes aussi une uegakari ? s'exclama Rachel.
Sa question sonnait davantage comme une affirmation que comme une interrogation. Elle n'aurait jamais imaginé que Tamaki puisse être une uegakari.
— Mon père était propriétaire d'une entreprise de floriculture à Isahaya. Les règles successorales sont complexes lorsque l'héritier est en réalité une héritière. Il y a plus de trente ans, mon père a rompu tout contact avec son frère, refusant catégoriquement qu'il touche un seul yen de son patrimoine. Il ne voulait pas voir le labeur de toute une vie entre les mains d'une personne extérieure à notre famille et déplorer la disparition de son nom.
Rachel se remémora un reportage vu lors du Journal de 13 heures sur TF1. Ses parents avaient été choqués qu'un homme puisse renoncer à son nom de famille et à ses propres géniteurs. Elle connaissait même une famille dans le quartier d'Iwamimachi dont le fils avait accepté cette procédure. Pour lui, cette adoption d'un héritier ou le yōshi-engumi était un honneur, car son père adoptif lui avait transmis tout son savoir artisanal. Une pratique répandue à travers le Japon depuis le Moyen-Âge !
— Mon père a choisi d'adopter l'un de ses employés que j'ai épousé. Mon mari a été l'une des premières personnes touchées par le darakuboku, qui a également coûté la vie à notre fille de huit ans.
Tamaki partagea un récit typique du destin des femmes connaissant l'horticulture, en évoquant les bikers Hizen Tsunari et sa propre expérience avec son ancien oyakatasama. Elle expliqua comment elle avait été vendue, séparée de son fils d'un an. Rachel avait préservé sa vie grâce à ses connaissances en maraîchage, alors que Tamaki avait été désapprouvée par son oyakatasama. Ce dernier avait eu l'impression d'avoir été trompé sur la marchandise.
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ALL UNDEAD | Caput Mortum [Terminé]
HorrorRetour à la case départ pour Noritaka ! Son uegakari Rachel est introuvable. Néanmoins, il doit trouver un refuge pour ses Fukuokajin avant l'hiver. Hiramamachi semble l'endroit idéal. Pourquoi ce petit village dans l'arrière pays et pas un autre...