Un sifflement perçant se fit entendre lorsque la bombe libéra son gaz opaque. Adachi expulsa Reicheru hors de la pièce, la protégeant comme il l'aurait fait pour Bonzō et Yasujirō. La fumée envahissait chaque recoin de la pièce. Le produit très irritant provoquait des quintes de toux incessantes et des larmes. Les bronches en feu, Noritaka respirait avec difficultés.
Des silhouettes se dessinaient dans la brume irritante et avançaient à pas feutrés vers eux, se cachant derrière les piliers. Ils manœuvraient de longs bâtons. À leur forme, Noritaka devinait des lances. Il fondit en direction de la porte, Nagatakiyama dans son sillage qui referma la porte derrière lui.
— Kaori-san, entendit-il Reicheru murmurer entre deux quintes de toux.
Noritaka lui emboîta le pas, elle courait à grandes enjambées dans le hall. Il craignait de la perdre de vue dans ce dédale de couloirs et de corridors. Ses Fukuokajin (habitant de Fukuoka) le talonnaient ainsi que Nagatakiyama avec ses hommes. Quand il déboula dans la pièce, Reicheru qui campait devant un cadavre tomba à genoux. Elle lâcha un sanglot puis rampa jusqu'à la dépouille dont elle caressa le visage.
— Kaori-san... par pitié, non... pas toi...
Elle la palpa pour trouver un pouls, mais le regard de son amie fixait le vide. Son visage tuméfié attestait une séance de passage à tabac en bon et due forme. Les deux jambes avaient été brisées pour l'empêcher de s'enfuir.
Reicheru se médusa en constatant la large plaie ensanglantée sur le côté du crâne. Elle poussa un hurlement désespéré puis sanglota sur la dépouille de son amie. Elle la secoua dans l'évident et illusoire espoir de la ramener à la vie.
Nagatakiyama contourna Reicheru sur la gauche, visiblement ébranlé par la vue de cette jeune femme ryūketsu (zombie), morte pour de bon. Il se précipita à son chevet. Son poignet arborait le bracelet de tresses de kumihimo (bracelet japonaise) que seules les uegakari (protégée d'Inari) avaient le droit d'arborer. Sans le moindre respect pour la dépouille, Nagatakiyama souleva le pull-over et baissa la ceinture du pantalon pour y découvrir le marquage au fer rouge sur l'aine. Relativement, la blessure n'avait pas eu le temps de cicatriser !
Nagatakiyama bondit sur ses pieds et donna un grand coup de pied dans une chaise où reposaient les reliefs d'un repas. Noritaka remarqua le campement de fortune. L'uegakari s'était donc cachée dans ce centre. La mise en scène était parfaite, mais quelque chose clochait... ou bien sonnait faux dans le tableau. Il n'aurait su dire quoi.
Nagatakiyama campait au-dessus de Reicheru et la gifla violemment. Noritaka le repoussa sans ménagement.
— Mon uegakari est morte par sa faute, l'accusa-t-il.
Reicheru porta sa main à sa joue cuisante et redoubla de sanglots en évoquant son amie Kaori.
— Reicheru-san n'y est pour rien dans la mort de l'uegakari. Comme vous l'avez signalé, un commando a effectué un shōkyofuhai (massacre des zombies). Son amie Kaori-san a été l'une de leurs victimes.
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ALL UNDEAD | Caput Mortum [Terminé]
HorreurRetour à la case départ pour Noritaka ! Son uegakari Rachel est introuvable. Néanmoins, il doit trouver un refuge pour ses Fukuokajin avant l'hiver. Hiramamachi semble l'endroit idéal. Pourquoi ce petit village dans l'arrière pays et pas un autre...