ALL UNDEAD | Caput Mortum [Terminé]

2 | Le village

Hiramamachi n'avait pas du tout changé après toutes ces années. Pourtant, Rachel n'y avait pas mis les pieds depuis un bail. Le village semblait s'être figé dans le temps. Quelques maisons ne trônaient plus à leur emplacement d'antan, remplacées par des demeures plus contemporaines mais abandonnées depuis le Notarejinisuru. Les chemins de bitume se devinaient tout juste sous les herbes folles.

S'orienter au Japon avait toujours été le pire casse-tête qu'un étranger peu importe sa nationalité pouvait résoudre durant son séjour au Japon... ou plutôt avait dû résoudre durant son séjour avant le Notarejinisuru. L'adressage était si particulier au sein même de l'archipel nippone que la plupart des japonais ne s'en servaient pas, préférant utiliser une carte routière ou une application de géolocalisation sur leur smartphone. Il existait un affichage d'adresses au cœur des villes japonaises mais les bâtiments se voyaient numérotés selon l'ordre de leur construction par quartier, bâtiment et appartement, contrairement à ce que l'on pouvait trouver en France.

Avant le Notarejinisuru, Rachel habitait au 20 Rue de la Crémaillère d'Argent 49800 Loire-Authion, dans le Maine-et-Loire. Étienne et elle-même, aidés de son père Jacques et de son frère Antoine, avaient construit par eux-mêmes cette coquette maison pourvue d'un jardin, le tout ceinturée d'une clôture. Elle travaillait au sein des Pépinières Guérin SAS sur la Route de Beaufort 49124 Saint-Barthélemy-d'Anjou, à seulement deux kilomètres trois de chez elle. Son lieu de travail avait conditionné l'achat du terrain sur lequel ils avaient bâti leur maison.

Au Japon, trouver une adresse s'apparentait à une véritable chasse au trésor des plus ardues pour les étrangers. Le point de ralliement au moment d'un rendez-vous était en général des bâtiments connus de tous tels que des gares, des magasins ou des monuments historiques dans le genre d'un temple bouddhiste ou un sanctuaire shinto.

Autant dire que, dans un petit village de l'arrière-pays japonais comme Hiramamachi, ce genre de détail compliquait grandement la tâche pour les gens de passage ! Si la ville de Nagasaki était seulement à vingt minutes de voiture hors Apocalypse-zombie bien évidemment, la rase campagne qui se clairsemait de ses petits villages en plein cœur des montagnes dépaysait assurément le touriste, habitué aux grandes mégalopoles du pays. Le temple bouddhiste Nagatakiyama Reigenin et le centre communautaire de Manose étaient les seuls lieux de référence pour se localiser et se donner rendez-vous à Hiramamachi.

Chaque fin du mois d'août, les parents de Rachel louaient un petit pavillon dans les hauteurs du village, le long de la rivière Manose. Ils y passaient trois semaines en famille. Son père Jacques appréciait donner un coup de main à leurs voisins dans leurs potagers. Elle y avait connu ses plus belles vacances d'été, ses plus belles amitiés, son premier amour dont le père dirigeait une exploitation agricole.

Après être tombés en panne d'essence, Rachel et Tokubo marchèrent à pieds jusqu'à un premier hameau, niché au creux d'une colline. Malheureusement, l'endroit semblait habiter par un groupe dont Tokubo préféra éviter la compagnie. Rachel lui conduisit dans les hauteurs où ses parents avaient pris l'habitude de louer un petit pavillon. Dommage pour elle car ledit pavillon était infestés de ryūketsu ! Ils se contenterait donc la minuscule maison d'à côté !