ALL UNDEAD | Caput Mortum [Terminé]

32 | Le lupanar

Malgré le silence apparent de la campagne, personne n'aurait pu imaginer l'ampleur du cataclysme provoqué par le darakuboku. Cette tragédie a bouleversé leur société en quelques semaines, laissant des séquelles invisibles qui les hanteront pour le reste de leur vie. Après le passage du typhon, des débris de végétation jonchaient le sol et un glissement de terrain obligea Rachel à escalader un peu.

Rachel sondait la campagne, aux côtés de Noritaka, aussi stoïque qu'une statue. Cette attitude unique des Japonais à garder leurs émotions secrètes l'avait toujours fasciné.

Les autres membres de leur groupe, des hommes et des femmes déterminés, gardaient le rythme derrière eux, leurs visages résolus reflétant la volonté de régler les différends qui les avaient amenés jusqu'ici.

Maintenant, ils avançaient déterminés vers le pont de la rivière Manose sous les indications de Tokubo. Le sentier sinueux serpentait au milieu de l'immensité de la campagne, offrant des vues pittoresques sur les montagnes lointaines et les champs verdoyants. Le silence était seulement brisé par le bruit de leurs pas et le murmure du vent à travers les arbres.

Ce chemin les conduisait-il vers un piège comme Rachel le redoutait tant ? Son instinct lui criait de faire demi-tour. Les pas résonnaient sur le bitume craquelé de lézardes où il y poussait des herbes folles. Étaient-ils sur la bonne voie ? Les visages inquiets semblaient le suggérer. Bonzō murmurait quelques confidences à Noritaka.

Tokubo s'approcha brusquement et déclara, « Tu as l'air en forme.

— Pas grâce à toi, espèce d'idiot », répliqua Rachel en le regardant avec colère.

— Baisse d'un ton.

— Tu m'as laissée à Tamaki-san sans un mot.

— Elle a pris soin de toi alors ne m'emmerde pas », éructa-t-il.

Il trouvait tout à fait normal de l'avoir laissée à Tamaki, ce qui était vraiment affligeant ! Il aurait surtout mérité une bonne claque. Elle se retenait pour ne pas exploser de colère et choisit de ne rien répliquer. Cependant, elle l'interrogea sur le sort de sa voiture. Tokubo haussa un sourcil dubitatif, « Quoi ta voiture ?

— Où est-elle ? » rétorqua-t-elle avec mauvaise humeur.

Tokubo prit une seconde pour répondre. « Je suis tombé en panne d'essence.

— Comment ça, en panne d'essence ? Tu n'es pas parti loin, si ?

— Jusqu'à Kogakuramachi, seulement. »

Rachel ne savait pas exactement où se trouvait ledit village, mais Le trajet n'avait pas nécessité un plein d'essence. Elle avait la désagréable impression que Tokubo la prenait pour une imbécile, mais son air de chien battu lui disait le contraire. Tokubo avait dû tourner en rond. Elle lui épargna le compte rendu de ses péripéties dans la région d'Isahaya. Il ne lui dirait rien de toute façon. Les ecchymoses sur son visage témoignaient de ses combats à mains nues qu'il avait dû mener. Si jamais il avait retrouvé sa sœur, Nazumi serait inévitablement avec lui.