Ce qu'elle voyait la laissait sans voix. Ses paupières clignèrent d'un air abasourdi. Sa Nissan rouge stationnait dans la cour. Elle scruta les alentours du regard, à la recherche d'éventuels sabaibā.
Mitsuru remua dans l'écharpe de portage improvisée. La faim qui la tenaillait la tira enfin de son sommeil. Malheureusement, le moment était mal choisi pour lui donner le sein. Le bébé commença à pleurer. D'abord timides, les pleurs se firent de plus en plus bruyants. Les hurlements de Mitsuru terrifiaient Rachel, car elle redoutait l'arrivée de tous les ryūketsu du voisinage.
Rachel lui suggéra finalement son sein pour la réconforter. Cette habitude était de loin la plus judicieuse ! Ses seins ne devraient pas être considérés comme une sucette. Malheureusement, Rachel n'avait pas d'autre choix, car elle n'avait pas de tétine en sa possession.
Un aperçu de la situation la réconforta. De prime abord, les lieux semblaient déserts ! Parfois, la tranquillité apparente dissimulait un piège lourd de conséquences. Tel qu'un groupe de sabaibā embusqué dans un coin, attendant qu'un benêt s'y laisse prendre !
Rachel se précipita vers sa Nissan. Les portières n'étaient pas fermées à clé. En jetant un rapide coup d'œil dans l'habitacle, elle constata qu'un sabaibā s'était emparé du fruit de ses pillages à Tanakamachi. Les vêtements et les carrés de lange ainsi que la baignoire qu'elle avait remplie de jouets de bain et d'autres accessoires !Sans la moindre hésitation, Rachel enleva Mitsuru de son écharpe de portage et le plaça dans le cosy, balayant constamment les alentours d'un regard nerveux. Malgré l'absence des clés, elle essaya de démarrer le moteur en utilisant les fils. Le démarrage de la Nissan se révéla plus ardu que prévu.
— Tu me fais chier, satanée bagnole, s'exaspéra-t-elle.
Malheureusement, un témoin lumineux clignotait sur le tableau de bord. Elle sortit le manuel d'instruction puis survola les différentes pages en quête d'une information. Toutes les voitures qu'elle avait dérobées avaient toujours démarré de cette manière. Pourquoi cette Nissan lui résistait-elle de cette façon ?
Elle lut un extrait du manuel qui mentionnait son problème de démarrage. Grâce à un système antivol, l'absence de la clé dans le commutateur du véhicule entraînait le blocage de l'alimentation et de l'allumage du moteur. En résumé, il est exclu de réaliser un démarrage avec les câbles.
Elle ne renoncerait pas. Il était hors de question de laisser Mitsuru sans surveillance.
Par conséquent, Rachel prit avec elle le cosy où reposait Mitsuru puis elle fit un tour par la gauche de la maison. Sans se soucier de retirer ses chaussures, elle s'introduisit dans le genkan. Elle n'aurait pas à se rechausser en cas de retraite.
Dans l'obscurité oppressante, ses sens étaient en alerte. Au creux de son oreille droite, les battements de son cœur cognaient avec fureur. Cet acouphène l'insupportait. Elle serrait avec force le cosy contre sa poitrine. Pour se rassurer, elle embrassa le sommet du crâne de Mitsuru qui dormait paisiblement après sa digestion.
En longeant le long corridor, elle retenait son souffle à chaque obstacle qu'elle rencontrait. Retrouver des clés dans une maison, aussi encombrée que celle-ci, ressemblait à chercher une aiguille dans une botte de foin ! Le cosy pesait très lourd dans ses bras. Rachel se maudissait d'être entrée dans cette demeure.
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ALL UNDEAD | Caput Mortum [Terminé]
TerrorRetour à la case départ pour Noritaka ! Son uegakari Rachel est introuvable. Néanmoins, il doit trouver un refuge pour ses Fukuokajin avant l'hiver. Hiramamachi semble l'endroit idéal. Pourquoi ce petit village dans l'arrière pays et pas un autre...