𝐄𝐥𝐬𝐞𝐰𝐡𝐞𝐫𝐞 ° Seungsung 🔚

Chapitre 10

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Il faisait doux, ce matin-là. Le soleil était tout juste levé, éclairant les feuilles des arbres de sa chaude lumière. Il avait à nouveau plu la veille, laissant de jolis goûtes d'eau ruisseler sur la terre humide à l'odeur d'humus. Le printemps était à son apogée.

Ce jour-là, Jisung ne travaillait pas. Il avait toute sa journée devant lui qu'il prévoyait de regarder passer depuis le plancher de son salon. Mais alors que Sunghan se débattait dans tous les sens pour éviter de mettre ses chaussettes, le jeune père avait pensé à quelque chose.

Jisung avait pris son fils dans ses bras et s'était précipité sur le perron, regardant avec intérêt son jardin sauvage. Partout, les hautes herbes s'emmêlaient avec des buissons étranges, le tout parsemé de quelques fleurs aux couleurs claires. Tout autour il y avait la haie, grande façade végétale où courraient lierre, chèvre-feuille et toutes sorte d'autre lianes encore.

Après avoir soigneusement étudié le terrain, Jisung était à nouveau rentré chez lui pour se munir d'une vieille couverture et de ses inséparables baskets – dont on n'arrivait même plus à distinguer la couleur tellement la boue les recouvrait.

C'est alors que, sa couverture sur l'épaule et son fils sous le bras, le jeune père avait fait le tour de sa maison. Il ne voyait même plus ses pieds tellement l'herbe était dense. C'était un peu comme marcher dans une mer émeraude qui ondulait au gré du vent. Bizarrement, l'idée lui avait plu.

Finalement, après de longues minutes à explorer sa petite propriété, Jisung avait fini par trouver une vieille pelle abandonnée contre un mur. Le bois était vermoulu et le fer rouillé, mais elle avait l'air encore plutôt robuste. Satisfait, le noiraud était retourné devant le perron où il avait installé la petite couverture de son fils, laissant ce dernier bouger à sa guise sur le tissu coloré.

Tout en retroussant les manches de son sweat, Jisung avait marché jusqu'au coin du jardin le plus éloigné de l'entrée, juste au dessus de la route qui avançait vers le centre du village. Là, il avait mentalement délimité un petit rectangle qu'il se fit la promesse de cultiver jusqu'au moindre millimètre.

C'est ainsi que le noiraud avait planté sa pelle dans la terre humidifiée par les récentes pluies, commençant à retourner le terrain meuble avec application. Derrière lui, les babillages incessants de Sunghan résonnaient dans l'air frais alors que ce dernier se tortillait dans tous les sens, arrachant des touffes d'herbe entre ses petites mains.

Même s'il ne travaillait pas, Jisung se retrouvait encore accroupi sous le soleil. Mais à vrai dire, il commençait à apprécier cela. Retourner la terre, planter des graines qui plus tard lui offriront de quoi manger, s'occuper des jeunes pousses, cultiver la vie. C'était tout nouveau, mais bizarrement, il y trouvait un certain plaisir. Bien sûr, c'était difficile. Il avait toujours de la terre sous les ongles et passait son temps accroupi dans la boue. Mais il ne s'en plaignait pas. Il faisait simplement ce qu'il avait à faire, les yeux dans le vague et les sourcils froncés de concentration.

Il était tellement focalisé sur sa tâche, les doigts serrés autour du manche de sa pelle, que Jisung ne vit même pas le joli vélo rouge qui passa sur la route en contrebas. Le jeune cycliste à la tignasse blonde posa vaguement son deux-roues contre le mur de pierre avant de grimper sur le petit chemin qui menait au portillon de bois, juste derrière le jeune père.

- Bonjour Han ! Sourit le blond en se penchant vigoureusement en avant sur les pauvres planches de bois.

Le pauvre coréen sursauta en ouvrant de grands yeux, faisant éclater de rire son fils derrière lui.