Chapitre 35

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Le lendemain, Jisung était retourné travailler. Comme tous les jours, il avait déposé Sunghan chez Félix et avait pris le bus, se rendant au petit restaurant de campagne. Il avait effectué toutes ses tâches avec le même soin. Il avait souri aux clients exactement comme d'habitude. Rien ne semblait avoir changé. Seulement ce jour-là, ses actions avaient semblé un peu moins sincères. Son regard était plus terne. Il était ailleurs.

- Et voilà, c'était les derniers. Sourit la vieille patronne en plaçant ses mains sur ses hanches alors qu'un petit groupe de clients quittaient le restaurant. Tu peux nettoyer la salle Jisung, s'il te plaît ?

Le noiraud hocha la tête, partant dans la cuisine pour aller chercher le balais.

- Tu manges avec nous, gamin ? Lui lança le vieux cuisinier, un torchon nonchalamment balancé sur l'épaule.

- Non ça va. Sourit vaguement Jisung, les lèvres pincées entre elles. J'ai pas trop faim...

- Pourtant y'a eu du monde aujourd'hui... C'était sportif ! T'es sûr que tu veux pas que je te fasse au moins une petite omelette ?

- Non ça ira. Merci beaucoup.

- Comme tu veux !

Jisung sourit vaguement avant de filer dans la salle principale pour commencer tout de suite son ménage. Il nettoya avec application les carreaux vieillis sans même voir le temps passer, les yeux dans le vague. Il avait l'esprit vide. De longs soupirs soulevaient sa cage thoracique à son insu. À vrai dire, il avait l'air un peu perdu.

Lorsqu'il eut fini de tout nettoyer, le noiraud rangea tout son matériel de ménage et retira son tablier à carreaux safrans qu'il plia avec soin. D'habitude, il avait plus tendance à le rouler en boule sans grande préoccupation. C'était un peu étrange. La vieille femme le fixait en plissant les yeux alors qu'il alignait la pile de tabliers colorés pour qu'il soient tous rangés à la perfection. Il ne l'avait même pas vu.

- T'as tout fini ? Demanda-t-elle, faisant presque sursauter le jeune père qui se retourna vivement vers elle.

- Oui, j'ai tout fait.

- Tu restes manger ?

- Non, je vais aller chercher mon fils.

- Pas de soucis. Sourit la vieille femme en enlevant son propre tablier qu'elle plia vaguement pour l'ajouter à la pile. Fais attention à toi sur la route.

Jisung hocha la tête, les mains fourrées dans la poche de son sweat sombre. Il salua le vieux couples en souriant de manière légèrement crispé, avant de tourner les talons. Le regard inquiet de la vieille femme n'avait pas quitté son dos, mais elle n'avait rien dit. Et Jisung était parti, sa veste en jean sur les épaules et son regard vide fixé loin devant lui.

Comme par automatisme, il avait longé la petite route bordée de champs pour se rendre à l'arrêt de bus un peu plus bas. Là, il avait attendu. Il regardait les nuages se faire la course dans le ciel bleu d'un air distant. Le soleil réchauffait ses pommettes. Tout était silencieux. Le froid qui s'installait engourdissait peu à peu la nature.

C'est plongé dans une profonde léthargie que Jisung était monté dans le vieil autobus. Il était allé chercher son fils avant de rentrer chez lui le plus naturellement du monde. Ses gestes était lents, son regard fuyait incessamment. Il semblait comme disparaître. Toute la fin d'après midi durant, il était resté allongé sur le parquet de son salon, le regard rivé vers le plafond. Les lycéens n'étaient pas passés, ce jour-là. De toute manière, il n'avait pas l'énergie pour. Il n'avait envie de rien faire. Son esprit était totalement vide.

𝐄𝐥𝐬𝐞𝐰𝐡𝐞𝐫𝐞 ° Seungsung 🔚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant