Chapitre 33

312 59 5
                                    

 ❈───•◦ 🍁 ◦•───❈

Jisung remercia le chauffeur en descendant du bus. Il glissa ses mains dans ses poches en observant le vieux véhicule s'éloigner lentement. À côté de lui, le panneau de l'arrêt de bus se tenait bien droit, solitaire. Sans lui, jamais on aurait pu imaginer qu'un autobus passe par ici. Autour, il n'y avait rien. Seulement des champs, des collines et des forêts. Ça ne cesserait d'étonner Jisung.

Ce dernier inspira l'air frais de la campagne avant de commencer à marcher le long de la route étroite. Ce jour-là était pour lui très important. Il y avait de cela quelques journées, Seungmin l'avait appelé pour lui annoncer qu'il était allé se renseigner au restaurant pour lui. La gérante avait confirmé qu'ils manquaient bien de main d'œuvre et avait été enchantée d'apprendre que le coréen était intéressé. Ils avaient donc conclu d'un rendez-vous pour discuter de cela plus en détail en ce mercredi après-midi.

Jisung était réellement ravi, mais il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter un peu. Ça faisait un petit moment qu'il n'avait pas passé ce genre d'entretien. Pour l'occasion, il avait même mis sa chemise violette foncée qu'il avait bien lavée. Félix avait bien voulu garder Sunghan, et même si Seungmin avait insisté pour l'accompagner, il avait refusé. Il voulait le faire seul. C'était important pour lui. Savoir qu'il pouvait se débrouiller sans l'aide de personne.

C'est ainsi que le jeune père s'était donc retrouvé à prendre le bus au milieu de la campagne, suivant les instructions bancales de Seungmin qui tournaient encore dans sa tête pour retrouver son chemin. Comme la première fois qu'il était venu ici, plusieurs mois auparavant, il avait emprunté les vieux escaliers de bois qui montaient dans le talus de hautes herbes.

En voyant les perches de ferrailles accrochés sommairement entre elles pour former un semblant de rambarde, Jisung avait souri. Cet escalier ne datait pas de la veille, pourtant il n'avait plus aucun mal à le gravir. Il s'était habitué à la vie d'ici. En à peine quelques mois, il s'était totalement transformé. À présent, il n'avait plus grand-chose à voir avec le jeune citadin perdu qu'il était.

Lorsqu'il arriva devant la porte d'entrée à moitié cachée par les demi-rideaux bleus du petit commerce, Jisung prit une grande inspiration. Il avait envie de bien faire. Réellement. Et il savait qu'il en était capable. Doucement, il poussa sur le battant de bois qui s'ouvrit dans un doux bruit de clochette.

Devant lui s'étendait une pièce de taille raisonnable où étaient agencées une dizaine de tables aux nappes à carreaux. Les grandes fenêtres au fond faisaient rentrer la lumière d'automne, illuminant la salle d'une présence chaleureuse. Il n'y avait pas grand-chose, pourtant ce lieux paraissait rassurant. L'ambiance conviviale qui s'en dégageait le détendit un peu.

- Bonjour ? Lâcha-t-il en regardant à droite et à gauche, détaillant la petite salle vide.

Aussitôt, une vieille femme sortit la tête de derrière le bout de rideau qui pendait dans le cadrant de la porte de la cuisine, sur la droite. Dès qu'elle vit Jisung, son regard s'illumina et elle s'empressa de clopiner vers lui.

- Oh, tu dois être là pour le travail, n'est-ce pas ?

- Oui, c'est ça. Fit Jisung en s'inclinant rapidement, ses mains jointes devant lui.

- Seungmin m'a parlé de toi. Sourit la vieille femme, creusant les rides de son visage rond. Enchantée. Tu peux m'appeler Chihori.

- Han Jisung.

- Entre, je t'en prie. Installe-toi où tu veux, je vais préparer un peu de thé, je reviens tout de suite.

Jisung hocha doucement la tête en mordillant distraitement ses lèvres. La vieille femme lui lança un dernier sourire et se retourna, disparaissant à nouveau dans la cuisine. Tout en s'efforçant de respirer lentement pour calmer son stress, le noiraud traversa la petite pièce. Sans vraiment y faire attention, il prit machinalement place sur la même chaise qu'il avait occupé, des mois auparavant. À sa gauche, la grande fenêtre laissait la vue sur le grand champ et la route en contrebas. Rien n'avait vraiment changé.

𝐄𝐥𝐬𝐞𝐰𝐡𝐞𝐫𝐞 ° Seungsung 🔚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant