Adrénaline

Chapitre 35

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Durant un instant je crû que mon cœur avait arrêté de battre. Pourtant à peine une seconde plus tard il battait si fort que je craignais qu'il sorte de ma poitrine brisant mes côtes par la même occasion. Mon estomac se retourna alors que ma peau se couvrit de chair de poule. Une sueur froide coulait le long de ma colonne vertébrale. Je n'arrivais pas à réduire les tremblements qui redoublait.

Deux mains encerclèrent mon visage avec douceur. Ce fut cette chaleur qui me donna la force de faire revenir ma respiration à la normale. Mon corps pivota lentement dans sa direction. Son regard se plongea dans le mien, ses yeux étaient emplis de se calme solaire. Pourtant ses joues étaient pourpres. Je fronçais les sourcils. Mon esprit était sans dessus dessous mais une idée sembla s'accroché grandissant afin de prendre de plus en plus d'espace devenant impossible à étouffer. Un murmure s'échappa de mes lèvres tandis que ma tête s'enfonçais dans son épaule. Un seul mot une seule petite affirmation.

- Oui.

- Tu es certaine ? Chuchota Shawn.

Il parlait bas comme si le fait de parler plus fort que moi allait me briser en un million de morceau. Ses bras s'enroulèrent autour de mon corps me permettant de profiter de la chaleur et la tendresse qui émanait de son corps.

- Oui...Soupirais-je, avant de remonter le regard dans sa direction. Mais seulement si tu gagnes.

Le pilote mit de l'espace entre nous, son regard scannant mon visage. Je me forçais à esquisser une ébauche de sourire, il fallait qu'il s'assure de ma sincérité. Soudainement son visage s'illumina. Ses mains se posèrent sur mes joues avant que Shawn ne me pousse dans une étreinte. Nous passâmes une éternité l'un contre l'autre, pourtant il me fallait me séparer de lui, malgré le calme qu'il m'avait apporté.

Shawn ne cessait de sourire alors qu'il déposait ses lèvres sur mon front avant de m'annoncer qu'il devait me laisser. Je voulus l'accompagner mais il m'en dissuada non sans en profiter pour m'embrasser la joue. Durant un instant l'idée de rejoindre mon père s'insinua dans mon esprit mais l'image de Paul me revint et je l'abandonnais, restant à faire les cents pas devant le motor home.

Je refusais de m'arrêter répétant constamment les mêmes va et viens sans m'accorder une pause. Mes mains moites devenaient inconfortables à chaque pas que je faisais les essuyant de plus en plus sur mon pull. Mon nez caressa le col libérant une effluve du parfum de Shawn.

Comment étais-je arrivé ici, resigné à voir cette course ? Des doutes m'étouffèrent, aurais-je dû rentrer comme on me l'avait proposé ? Tiendrais-je simplement le coup, étais-je assez forte ?

Mes pas était rythmé par le bruit du plastique de ma bouteille d'eau que j'écrasais entre mes doigts un peu plus à chacune de mes respirations erratiques. Je patientais jusqu'à être pratiquement seule dans le paddock avant de rebrousser chemin vers les stands. En arrivant je fis face à une scène anodine qui fit pourtant remonter de la bile dans ma gorge. Le staff au complet s'échauffait avec minutie. Shawn à quelques mètres buvait une gorgée avec un calme olympien. Mon regard se perdu vers le ciel clair et dégagé. La nature avait peut-être pitié de moi.

78 tours.

260 km 286.

Il n'avait que 78 à faire pour terminer cette course, ce devait être simple mais je savais que la largeur du circuit était suffisante pour que les meilleurs ne terminent jamais cette course. La largeur rendait le dépassement technique et un accident rendait la piste impraticable. 280 km 286 de manœuvre plus dangereuse et cruciale les unes que les autres. L'inspiration profonde que je pris me brûla l'intégralité de la gorge alors que je repensais au tournant précédent le tunnel. Je secouais la tête chassant cette idée.