Assise sur les gradins, je tiens dans la main le discours que je vais devoir prononcer. Lia avait raison, et même si j'espérais y échapper, je me retrouve maintenant devant des centaines de personnes avec un discours que j'ai découvert il y a quelques minutes à peine. J'avais au moins raison sur un point puisque mes parents m'ont prévenu à la dernière minute.
L'angoisse m'envahit et je repense à toute cette semaine. Depuis que je suis retournée en cours, je n'ai jamais réussi manger à la cafétéria. Cependant, j'ai réussi à me rendre tous les jours dans ce lieu d'horreur. Même quand j'avais l'impression que j'allais en mourir.
J'ai tenté de m'occuper l'esprit : j'ai revu Olivier, et on a bien ri. J'ai aussi passé du temps avec Antoine, et nous avons joué aux échecs ensemble. Mon ressenti de la dernière fois s'est avéré vrai puisqu'il joue bien plus mal qu'avant. Le battre était un jeu d'enfant. Pourtant je n'échangerais notre temps passé ensemble contre rien au monde. En voyant le désastre d'une de nos parties, Jason a proposé d'être mon adversaire pour que j'ai plus de défi. J'ai préféré refuser que de me retrouver, une fois de plus, sous le projecteur de ces critiques.
Et après cette semaine éreintante, j'ai appris qu'il y aurait un bal demain soir, pour fêter la remise des diplômes. Un bal au château, avec une grande partie du lycée.
Quelle joie !
Lia m'a heureusement proposé de sortir ce soir pour que l'on fête entre nous l'obtention de nos diplômes. Je ne sais pas encore qui sera présent mais, connaissant Lia, se sera une soirée pleine de surprise.
La chorale du lycée chante une chanson d'adieu puis l'on me fait monter sur scène. Je commence par dire quelques mots sur le fait que ces années de lycée étaient incroyables, que je remercie les élèves d'avoir été présents et que j'applaudis le corps enseignants et administratifs qui ont fait du très bon travail. Il me semble que mes mensonges se repèrent à des kilomètres mais je continue, jetant de temps en temps un coup d'œil à mon discours.
J'arrive ensuite à la partie qui parle d'Andrew. Sans grande conviction, je répète ce discours fade et impersonnel qui ressemble si peu à Andrew.
— Et pour ce drame qui est arrivé, le lycée a décidé d'une minute de silence.
Le chronomètre est lancé, et pendant une minute, le silence pesant qui m'entoure me laisse le temps de repenser à toutes ces années. Je regrette de ne me rendre compte que maintenant qu'elles n'étaient pas si horribles. Seulement, je n'étais pas encore en capacité de le voir puisque je n'étais obnubilé que par mon futur.
Quand la minute se finit, j'essuie une larme vagabonde. Le principal vient me donner le diplôme d'Andrew, je le remercie puis vais enfin me rassoir.
La cérémonie continue et ils nous appellent par ordre alphabétique pour nous remettre ces bouts de papier pour lesquels on a tant travaillé.
Jason est appelé dans les premiers et sa sœur l'est juste après. J'applaudis et un sourire sincère apparaît sur mon visage. Peu de temps après c'est Antoine puis moi qui nous rendons sur scène.
Une fois que tout le monde a enfin reçu son diplôme, on prend quelques photos entre nous, puis des photos plus officielles.
Dès que j'ai fini, Lia vient me voir pour qu'on commence notre soirée. On monte en voiture avec tous mes amis et nous commençons la route. Lia nous annonce notre premier arrêt : un restaurant très réputé. Avant d'y aller, je lui demande si l'on peut faire un arrêt. Lia accepte sans problème et quelques minutes après, je me retrouve devant cette petite maison où j'ai passé tant de temps.
En retenant ma respiration, j'appuie sur la sonnette. Après un moment d'attente, la porte s'ouvre sur Marie. Surprise de me voir, elle examine ma tenue et m'interroge :
— Oh, bonjour... C'était aujourd'hui la remise des diplômes, n'est-ce pas ?
J'observe la mère d'Andrew quelques secondes. Habillée d'une vieille robe, je ne reconnais pas la femme que j'ai toujours connue, avec des tenues toujours parfaites de la tête aux pieds. Elle porte ses longs cheveux en un chignon qui tient à peine et elle semble ne pas s'être démaquillée depuis plusieurs jours. Pourtant, ce qui me surprend le plus, c'est son air sévère derrière lequel elle cache sa tristesse. Je me rassure, me disant que c'est normal d'être mal après avoir perdu son fils. Cependant, une part de moi sens que quelque chose ne va pas, sans pouvoir dire ce que c'est.
Je me reprends et lui répond.
— Bonjour, oui, c'était aujourd'hui. Il y a eu une minute de silence pour Andrew et on m'a remis son diplôme.
Je le sors de mon sac et lui tends.
— C'est à vous qu'il revient, pas à moi. C'est grâce à vous s'il a pu arriver si loin.
Elle me remercie rapidement comme si elle était pressée que je parte.
— Ça va, Marie ?
Je me redresse et remarque enfin le groupe de personne attablées dans la cuisine.
— Oh désolé, je n'avais pas vu que vous aviez du monde. Je passais juste vous donner ça. Au revoir !
— Ce n'est rien, souffle-t-elle d'une voix lointaine, au revoir.
Je remonte dans la voiture, ne pouvant m'empêcher de trouver que cet échange n'était pas normal. Je bloque sur le fait qu'il y ait tant de personnes chez elle. Marie n'a plus aucune famille, si ce n'est des cousins très éloignés. De plus, Andrew me racontait tout le temps la façon dont il trouvait triste que sa mère soit si seule et qu'elle n'ait que peu d'amis.
La voiture s'arrête et je décide de ne plus penser à ça. Ce soir, je tente de me détendre et de passer une bonne soirée.
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Monarchie & Anarchie
ParanormalFrance, 2147 Plusieurs années ont passé depuis la troisième guerre mondiale qui a chamboulé le pays. Durant ces temps difficiles, la monarchie absolue a été remise en place. Eléanore a tout pour elle : elle est la future reine et a trouvé son pri...