Chapitre 24

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Allongée dans mon lit, je fixe mon plafond. Il est plus d'une heure du matin, je suis dans le noir complet. Froissant mes draps, je me tourne et me retourne, sans parvenir à dormir. Les pensées envahissent mon esprit et m'empêchent de trouver les bras de morphée.

Mes idées se font plus denses et je sens que je commence enfin à m'endormir. Tout à coup, un coup de feu me sort de ce début de sommeil. Je rouvre rapidement les yeux, tentant de déterminer si c'était réel.

Soudain, une réponse me parvient. Étouffés par les murs, des cris retentissent. D'autres tirs suivent alors, martelant mes oreilles. Ces sons me ramènent au bal de promo, je suis paralysée, je ne sais plus comment réagir.

L'angoisse - non - la terreur prend le dessus sur moi. Je me recroqueville dans mon lit, ayant du mal à respirer. J'essaye de calmer ma respiration tout en voulant comprendre pourquoi j'entends des coups de feu. J'espère que ce n'est qu'un cauchemar. Pourtant, il ne me faut pas très longtemps pour comprendre que c'est simplement un cauchemar éveillé.

Des bruits de pas se dirigent vers moi. Je sursaute puis me concentre sur ces sons. Ils sont légers, presque inaudibles.

Paniquée, je m'arme du premier objet que je vois. Un de mes manuels d'économie, lourd et conséquent, est posé sur ma table de nuit. Au moins, je pourrais assommer quelqu'un avec ça.

Ma porte s'ouvre lentement, trop lentement. Je la fixe sans respirer, espérant être dissimulée dans l'obscurité. J'ose à peine inspirer une nouvelle bouffée d'air, ils pourraient me repérer à tout moment. Je me maudis, j'aurais mieux fait d'aller me cacher rapidement.

Je brandis le livre, prête à assommer l'individu qui passera le pas de ma porte. La première chose que je vois est une paire de ciseaux. Une lampe torche allumée crée une ombre sur le sol. Une carrure masculine se dessine. Je perds mon sang froid, je me sens complètement vulnérable, à sa merci. Dans un ultime espoir, je crie.

L'homme s'avance rapidement vers moi, mettant une main devant ma bouche pour m'empêcher d'appeler de l'aide. Je me débats, j'utilise toute la force que je possède. Il me chuchote doucement, au creux de l'oreille :

— Hé ! Eléanore ! C'est moi, c'est Antoine !

L'information met du temps à monter au cerveau et je continue à me débattre.

— Eléanore ! Si tu continues, on va nous repérer.

Je m'arrête soudain. Quand je réalise enfin, je cesse mon combat. Ma fréquence cardiaque diminue peu à peu.

— Désolé, j'ai cru que...

— C'est pas grave, souffle-t-il en fermant la porte sans faire de bruit. Mais calme-toi.

Je retrouve mon calme tandis qu'il ferme la porte à clef. Il me fait ensuite signe de l'aider à déplacer mon bureau. Nous le portons à bout de bras, le posant le plus délicatement par terre. S'ils veulent nous avoir, ils devront se battre.

— Tu... tu sais ce qu'il se passe ? je l'interroge en essayant de contrôler le tremblement dans ma voix.

— Je ne sais pas vraiment. Mais les coups de feu n'étaient pas à sens unique. Nous sommes attaqués.

— Ça recommence !

Je sens les larmes me monter aux yeux mais je les retiens. Cette attaque me fait évidemment penser au bal, à cette tragique nuit. Pourtant, je ne suis pas triste. Je suis en colère. Et je ne veux pas pleurer pour des assaillants sans cœur qui tuent sans état d'âme.

Je ravale mes larmes de colère et me reconcentre. S'ils sont dans le château, ils doivent être beaucoup, sinon ils n'auraient jamais réussi à entrer. La sécurité est déjà grande en temps normal, mais avec les derniers évènements et le bal de ce soir, elle l'était encore plus.

Monarchie & AnarchieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant