Monarchie & Anarchie

Chapitre 32

Des heures plus tard, la voiture se gare enfin devant le garage. Dès que je sors de la voiture, le vent chaud et marin vient me frapper le visage. L'autre voiture est arrivée peu de temps avant nous et ils nous ouvrent la maison.

J'examine chaque partie de la demeure dès que j'y entre. Tout semble si petit. La dernière fois que je suis venue en vacances avec Lia et Jason, j'avais à peine dix ans. L'un de mes meilleurs étés.

— Puisqu'on n'a pas assez de chambres, les filles vous dormirez ensemble. Les garçons, vous restez entre vous et les jumeaux seront dans la chambre d'amis.

On acquiesce tous aux indications d'Hélène et je suis Lia qui me mène à sa chambre. On passe l'après-midi à ranger nos affaires et à préparer la maison. Je jette un coup d'œil par la fenêtre qui donne sur une plage privée. Rien de mieux pour être tranquille.

La mère de Lia nous appelle ensuite pour qu'on aille faire des courses car je cite "ça vous amusera, et puis, vous êtes des ados, vous avez encore de l'énergie".

Je grimace à cette idée :

— Vous êtes sûre que c'est une bonne idée ? Si on me reconnait, avec tout ce qui se passe en ce moment...

— Mais oui, mais oui. Les gens sont gentils ici, on est plus à Paris.

Lia rigole mais je ne suis toujours pas convaincue. Déjà que je suis venue sans garde du corps pour qu'il puisse prendre des vacances.

Nous allons donc au magasin le plus proche pour des courses qui risquent d'être bien chaotiques. La voiture s'arrête devant un petit supermarché de la ville et nous allons prendre un charriot. On avance et j'en profite pour regarder la liste de course de plus près.

— Mais elle est immense, on va jamais manger tout ça.

Lia ricane.

— On voit que ce n'est pas toi qui prépares tes repas. On est là quinze jours, on est huit et il y a Antoine, Jason et toi avec nous. Je peux te dire que cette liste va tenir à peine une semaine.

On commence les courses, suivant approximativement la liste. On fait plutôt le tour de chaque rayon en prenant ce qui nous donne envie. Ils parlent tous fort, rigolent mais je ne me sens pas à l'aise. J'ai la boule au ventre à l'idée qu'on me reconnaisse. Dès que nous entrons dans un nouveau rayon où il y a du monde, je reste en retrait.

Après presqu'une heure de course intense, on va à la caisse. Il n'y a pas de queue et nous commençons directement à poser les articles. Mais au bout de seulement deux minutes, les garçons nous abandonnent prétextant avoir oublié quelque chose.

Dès qu'ils sont un peu éloignés, le caissier salut Lia en souriant puis me fixe quelques secondes.

— Bonjour princesse.

Il est souriant et, même si c'est mon titre, il le dit plutôt comme un surnom. Je ne sais pas trop comment réagir, le sourire en coin de Lia ne m'aidant pas, je réponds simplement bonjour.

Une fois qu'on a fini de reposer les articles, on commence à sortir les sacs et les garçons reviennent enfin nous aider.

Lia paye et, quand le caissier nous rend le ticket, il annonce aussi :

— Il y a un feu de camp demain soir, sur la plage. Vous pouvez venir.

Il tourne la tête vers moi en souriant.

— Toutes les deux.

— On y pensera. Merci.

On part et dès qu'on a franchi le pas de la porte, je suis noyé sous les remarques de Lia et Antoine.