Chapitre 17

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Nous descendons de la voiture dans la bonne humeur et nous nous dirigeons vers notre premier arrêt. Le restaurant est empli d'une ambiance chaleureuse. Nous nous installons avec de grands sourires et commençons le repas.

Une fois nos ventres bien remplis, Lia nous emmène faire la deuxième activité : un karaoké. Chacun se prête au jeu et nous chantons en cœur.

Vers 23 heures, nous quittons ce lieu pour en rejoindre un nouveau. Quand nous entrons dans le bar, quelques visages se tournent vers nous. Je saisis l'instant précis où les gens nous reconnaissent mais personne ne fait de remarque et chacun retourne à ses occupations.

Je suis rapidement Lia qui fend déjà la foule pour rejoindre le bar. Nous récupérons nos boissons et rejoignons nos amis autour de la table.

Lia, déjà bien éméchée, propose un j'ai déjà, je n'ai jamais. Elle met un moment à convaincre tout le monde mais quand elle y parvient enfin, je sens que cette soirée va être faite de découverte.

—Ok, crie Lia, bon je commence ! Je n'ai jamais volé quelque chose.

Tout le monde boit sauf moi et Elise. Je regarde mon frère en rigolant et il hausse simplement les épaules. Pour Lia et Jason, je ne suis absolument pas surprise.

— Je n'ai jamais été viré de l'école, dit à son tour Antoine.

Seuls les garçons boivent mais on connait déjà tous cette histoire alors aucun de nous n'est étonné.

— Je n'ai jamais été sur un site de rencontre.

Lia, Antoine et Élise boivent. Jason et moi nous dévisageons.

— Tu n'y es jamais aller ? je ricane. Je ne te crois pas.

— Je n'en ai jamais eu besoin.

Je ris jaune, puis me reconcentre. C'est à mon tour de dire quelque chose mais je n'ai pas vraiment d'idées.

— Je n'ai jamais eu la gueule de bois.

Tout le monde boit. Je ne l'ai eu qu'une fois mais je pense que tout le monde à cette table s'en souvient très bien.

— Je n'ai jamais envoyé de sexto, souffle Jason.

Tout le monde boit sauf Élise. Ma gorgée me vaut un clin d'œil de Lia et des regards interrogateurs d'Élise et de Jason.

C'est de nouveau au tour de Lia et je n'aime pas le regard qu'elle me lance. Elle rigole avant de dire :

— Je n'ai jamais embrassée ma/mon meilleur-e ami-e.

Nous buvons toutes les deux devant les regards interrogateurs des trois autres. Lia explique alors :

— On avait douze ans, on n'avait jamais embrassé personne. C'était un test.

Avec un clin d'œil pour moi, elle ajoute :

— Et franchement tu as été bien meilleure que beaucoup d'autre que j'ai pu embrasser. Filles et garçons confondus.

Je souris à pleine dent et nous continuons le jeu avec des questions plus étranges les unes que les autres.

Vers minuit et demie, Élise nous dit devoir rentrer.

— Je rentre aussi, indique Antoine. Eléanore, tu ne devrais pas tarder non plus, on a le repas avec toute la famille demain midi.

— Oui oui... je réponds sans aucune envie de rentrer.

— Jason, tu peux rester avec ces deux-là s'il te plait. On sait très bien de quoi elles sont capables quand elles sont bourrées.

Lia et moi nous jetons d'abord un regard complice puis nous tournons vers eux l'air indignés.

— On est pas du tout bourrées ! crie Lia.

Je dois me retenir de rire. Élise ne se gêne pas et pique un fou rire. Ils commencent à partir et dès qu'ils ont passés la porte, Lia me lance :

— Maintenant qu'il ne reste plus que les deux meilleures ici, allons danser.

Jason ne relève pas même s'il prend une moue vexée.

Nous dansons un bon moment avant qu'un mec ne commence à approcher Lia. Quelques minutes après, quelqu'un m'approche aussi mais je n'y fais pas vraiment attention. Les minutes passent et il se rapproche, souhaitant m'embrasser. Et, je ne sais pas... Je n'en ai pas réellement envie mais je me dis que ça pourrait me faire penser à autre chose.

En réalité, je n'ai pas les idées claires. Tout ce que je sais, c'est que je souffre. De toute la soirée, je n'ai pas réussi à penser à autre chose qu'Andrew pendant plus d'une heure. Je suis épuisée. Épuisée d'être triste. Épuisée de penser sans cesse à ce que devrais faire ou pas. Alors je me dis qu'embrasser quelqu'un d'autre ne me fera pas de mal.

Je m'apprête à lui rendre son baiser quand il recule brusquement sous la force d'un coup de poing. Je relève la tête rapidement et je regarde autour de moi. Plus personne ne bouge. Jason secoue sa main légèrement rouge et assène :

— Non mais t'as pas honte d'embrasser une fille dont le mec vient de mourir !

Je regarde Jason d'un mauvais œil. La foule nous fixe. Le mec que j'ai failli embrasser, qui semble aussi bourré que moi, semble soudain me reconnaître. Il devient livide et se confond en excuse. J'écoute à peine. Je réalise ce que j'ai failli faire.

Je ne veux plus rester ici.

— Lia ! appelle Jason. Viens, on y va.

Je commence à m'éloigner mais je suis retenue par le bras. Je fusille Jason du regard mais il ne me lâche pas.

— On. Y. va, articule-t-il en appuyant bien sur chaque mot.

Je ne prends pas la peine de lui répondre et me détache de son étreinte. Je sors et il me rejoint rapidement, gardant un œil sur chacun de mes mouvements. Sûrement pour vérifier que je ne vais pas faire d'autres conneries. Je crois que j'en ai fini pour ce soir de toute façon. Quelques pas derrière moi, comme une ombre, mon garde de corps me suit.

Je ne marche pas droit. Quelques larmes perlent au coin de mes yeux. Qu'est-ce que j'ai fait ? Mon mascara coule, mes joues sont inondées. Mais je m'en fiche.

Quand Lia nous rejoint enfin avec nos affaires, je récupère mon téléphone. Je n'ai qu'une envie, envoyer un message à Andrew. Mais quand j'arrive sur la conversation, je me rends compte que je ne peux pas le faire. C'est pourtant ce que je fait quand je ne me sens pas bien. Normalement. Mais plus rien n'est normal. Si cette soirée s'était passée comme on se l'était imaginé il y a quelques mois, il aurait été avec moi tout du long. C'est avec lui que j'aurai danser. C'est lui que j'aurai dû embrasser.

Je rentre dans la voiture et m'installe aux côtés de Lia. Elle me sépare de Jason et j'en suis bien contente. Je claque la portière, la voiture démarre. Aucun de nous ne prononce un mot.

Le silence est glacial.


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