Chapitre 21

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— Ta tenue ne va pas du tout ! Va te changer avant que les derniers invités arrivent !

Je souffle quand ma mère me fait une énième réflexion. Je sentais la réprimande arriver depuis ce matin.

— Tu peux garder ce short, mais mets au moins un chemisier !

J'acquiesce en montant dans ma chambre. Ça ne l'a pas dérangé jusqu'ici mais sa tante va arriver et elle veut toujours être parfaite devant elle. Alors si nous ne sommes pas le reflet exact de ce qu'elle aime, on en entend parler pendant des jours. Pourtant, je comprends ma mère sur ce point-là. Sa tante est la seule personne de sa famille qu'il reste, hormis mon grand-père, qui n'est plus très présent du fait de son grand âge.

Je me change rapidement puis je vais voir si Lia s'est réveillée. Je toque à la porte de la chambre d'amis mais aucune réponse ne me parvient. J'entre alors le plus discrètement possible et lui indique :

— Hé, je vais manger avec ma famille donc tu restes autant de temps que tu veux.

— L'heure ? me demande-t-elle sans prendre la peine de faire une phrase complète.

Je me retiens de rire en voyant l'état pitoyable dans lequel elle est.

— 11h25.

— Quoi ?! crie-t-elle en se relevant d'un coup. Je suis censé manger avec vous ! Votre mère nous a invités hier et ma mère a accepté.

Rapidement, son énergie redescend et elle plisse les yeux. Je lui tends le smoothie qui est resté sur sa table de nuit.

— T'aurais dû me dire, je t'aurais réveillé.

— Je pensais que ta mère te l'avait dit.

— C'est bien connu qu'on communique beaucoup dans cette famille...

Elle grimace.

— Faut vraiment que je me dépêche.

— Prends ton temps, je la rassure. Je te couvre. L'apéro ne va pas commencer tant que ma grand-tante n'est pas là.

— J'ai combien de temps ?

— Je dirai vingt minutes.

— Vingt ?!

— Oui, mais moi je dois y aller. Sinon ma mère va commettre un meurtre et tu ne me reverras jamais.

Elle baragouine une réponse. Je descends en vitesse et rejoins mes cousins de mon âge qui sont arrivés. Jeanne, une de mes cousines, vient rapidement me voir. Nous allons ensuite se poser dans une salle de jeux. Antoine semble avoir beaucoup de choses à raconter, au contraire de moi qui tente de me la plus discrète possible.

— T'as vu Lia ?

Je ne me retourne même pas, sachant très bien à qui appartient cette voix.

— Tu as vu Lia ? répète-t-il en articulant chacun de ses mots.

Je ne le regarde toujours pas. Glaciale, je finis par lui préciser :

— Je t'avais entendue la première fois, Jason. Elle est en haut.

— Elle va se faire engueuler.

Je souffle, n'ayant plus aucune patience avec lui.

— Tu n'as qu'à faire preuve de gentillesse -enfin, ce serait bien la première fois- et la couvrir. Le soutien entre frère et sœur, tu connais ?

Je me lève et part avant qu'il n'ait eu le temps de me répondre. J'ai dix minutes avant que ma grand-tante n'arrive et que mon absence soit remarquée alors je décide d'en profiter. Je me rends à la roseraie, je sais que je serais tranquille là-bas. Arrivée devant, j'attends un instant, observant la grande allée parsemée de roses de toutes les couleurs. Au bout, la balancelle émet un léger grincement en se balançant au gré des courants d'air. J'hésite à entrer, après tout, je n'y suis pas retournée depuis... depuis Andrew.

Finalement décidée, je vais m'assoir sur la balancelle. Je me berce doucement, profitant de ce moment de paix. Quand je pense que ma vie future ressemblera à ça, je suis tellement... En fait, je ne sais pas vraiment. C'est une vie rêvée pour beaucoup mais pour moi, c'est une prison dorée. Ça me rend malade de savoir que je vais vivre dans cette cage pour toujours.

Je sais que je n'aurai plus ces moments de tranquillité, je ne pourrai plus m'échapper de repas officiels, ou des repas de famille. Je serais celle qui les organise, et j'en suis déjà épuisée.

Je sors de ma rêverie en recevant un message d'Antoine qui me dit de vite revenir.

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