Chapitre 27

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Les flashs des appareils photos me mitraillent dès que je pose le pied dehors. La chaleur de ce début juillet m'étouffe, mes vêtements me tiennent trop chaud et empêchent le bon fonctionnement de mon système respiratoire.

Je parviens tout de même à prendre une grande inspiration et m'installe devant ces dizaines de micros installés.

« Bonjour à toutes et à tous,

Comme vous êtes au courant, le château a été attaqué cette nuit. Tous les assaillants ont été appréhendés et sont interrogés en ce moment-même. Nous cherchons aussi activement des complices.

Nous recevons déjà depuis plusieurs mois des menaces envers notre famille. Des menaces autant psychologiques que physiques, comme lors de l'assassinat d'Andrew Maurin il y a deux semaines de cela.

Pourtant, cette fois-ci, les agitateurs ont passé un point de non-retour.

Je fixe la caméra principale et gronde :

« Vous vous êtes attaqués à notre lieu de vie. Et il n'y a pas que des riches et des aristocrates qui y vivent comme vous semblez le penser ! Cette nuit, vous avez pris la vie à dix de nos gardes, et deux de nos employés qui vivaient au château. Parmi eux, une jeune fille d'à peine 23 ans ! Vous pouvez tous avoir des convictions différentes de celles de ma famille et de moi-même. Et vous pouvez les exprimer. Dans ce pays, dans ce royaume, et ce depuis des centaines d'années, il existe la liberté d'expression. Et jamais mes grands-parents, mes parents ou moi-même n'y avons porté atteinte.

S'exprimer est un droit, s'exprimer pour ces convictions est admirable. Mais tuer, enlever la vie à quelqu'un, un être cher : un père, un frère, un enfant, un ami, un proche. Ça, c'est tout sauf admirable ! C'est illégal et par-dessus tout IMMORALE !

Je fais une courte pause durant lequel on pourrait entendre une mouche voler puis reprend :

« J'espère que chacun d'entre vous connaît les conséquences de tels actes. J'espère que tous ceux qui ont participé, de près ou de loin, à ce qui s'est déroulé cette nuit et le 29 juin se sentent coupables et iront se dénoncer. Ayez au moins la décence de respecter ces morts et de stopper immédiatement ces actes terroristes.

En ce qui concerne l'avancée de l'enquête, le chef de la garde, ainsi que la chef de la police vous en informerons plus précisément. Pour le moment, je souhaiterais revenir sur les évènements qui viennent de se produire.

Cette nuit, la famille royale a était attaquée. Ma famille. Ma tante Amélia, ainsi que sa femme et ses deux enfants sont sains et saufs et n'ont, par chance, pas croisé d'agresseurs. De même pour la plupart des employés. Mes deux cadets, Eadlin et Thomas, sont eux aussi sains et saufs, même s'ils mettront des années avant de pouvoir de nouveau se sentir en sécurité dans le château. Ce château qui est leur maison, notre maison. Quant au prince Antoine et moi, nous avons dû faire face à un assaillant qui, pour nous atteindre, a tué un de mes gardes du corps et un garde royal. Deux morts de plus... Nous nous en sommes tous les deux sortis avec seulement quelques égratignures, mais cela aurait pu tourner au drame.

Je parcours la foule du regard quelques secondes puis poursuit :

« Enfin, le roi s'en est sorti sans trop de mal, mais la reine, elle, a été poignardée et a perdu beaucoup de sang. La fumée causée par l'incendie déclenchée dans la salle de bal a eu raison de son système respiratoire et elle est maintenant au bloc opératoire depuis plus de cinq heures.

« Sachez que, ce soir, vous n'avez pas attaqué un château, une monarchie, un roi ou bien une reine. Vous avez attaqué un père, une mère, des enfants, des adolescents, une famille. Si, de cette soirée, une autre mort survient, vous n'aurez pas détruit la monarchie. Non.

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