Chapitre 31

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Le mois de juillet passe assez rapidement. J'enchaine les dossiers pour aider mon père, les sorties familiales et celles avec les amis et je me garde toujours un moment pour prendre des nouvelles de ma mère. Elle se remet lentement et veut déjà en faire trop.

Fin juillet, elle est enfin remise et je n'ai plus à travailler. Je passe la journée suivante avec Olivier et Sophia, parlant de tout et de rien, souriant facilement. Je vis.

Pourtant, à chaque battement de cœur, à chaque rire, je pense à Andrew.

Au début du mois d'août, ma mère propose que l'on parte en vacances.

— Comment ? j'interroge. Tu ne peux pas partir avec la Révolution qui menace chaque jour d'éclater.

— Je pensais plutôt que vous partiez tous les quatre, avec Jason et Lia. Les Addams vont dans leur maison d'été et je me suis dit que ce serait bien que vous vous éloignez du château pour quelques semaines. Après tout ce qui s'est passé...

Antoine accepte joyeusement. Je tarde à donner ma réponse, sceptique. Une semaine avec Lia et Antoine, ça va. Mais avec Jason ? Ma mère n'attend pas que j'adhère et ajoute directement :

— Ce serait bien que vous emmeniez les jumeaux. Eux aussi ont besoin de vacances.

Sur ce point, je suis totalement d'accord et je ne mets pas très longtemps à accepter d'y aller.

C'est comme ça que je me retrouve, quelques jours plus tard, à l'arrière d'une voiture avec Jason, Antoine et Lia qui conduit. Comme nous sommes trop, Monsieur et madame Addams ont pris les jumeaux avec eux et nous ont laissés entre nous.

Puisque c'est Lia qui conduit, aucun de nous n'est très confiant et nous regardons la route comme si notre mort était proche. Face à nos regards paniqués, elle s'exclame :

— Ce n'est pas de ma faute si je n'ai pas l'habitude de conduire ! Pourquoi s'embêter à passer le permis alors qu'il n'y a que des voitures automatiques.

En effet, nous sommes les seuls à ne pas avoir de voitures automatiques à cause des risques de piratage.

— Tu n'avais qu'à laisser ton frère conduire, déclare Antoine.

— Il a raison, acquiesce Jason, je pense qu'on serait tous bien plus à l'aise si je conduisais.

— Non, il faut que je m'entraine.

— Lia, je proclame, dire qu'il faut que tu t'entraines ne rassure aucun d'entre nous !

Après la troisième fois où elle se fait klaxonner, nous préférons changer de conducteur pour notre sécurité. Entourés de voitures sans conducteurs, nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir une conductrice débutante.

Même si je déteste avoir à l'admettre, Jason est bien meilleur que Lia au volant d'une voiture.

Puisque le conducteur n'a, cette fois-ci, pas besoin d'une extrême concentration, nous mettons de la musique et chantons à tue-tête. Quand mon regard se pose par hasard sur ma bague, je ne peux m'empêcher de penser qu'il aurait pu être là avec nous.

Lia s'aperçoit de mon soudain changement d'humeur et elle me serre la main en me demandant silencieusement si ça va. J'hoche la tête et me remet à chanter.

Antoine sort des dragibus et je bataille pour en avoir. Évidemment, Jason y trouve son compte pour se foutre de ma gueule mais je laisse passer. J'ai encore espoir qu'il ne me gâchera pas les vacances. Et puis, après cette semaine, je ne le verrais pratiquement plus puisqu'il sera dans son école de science politique.

La route dure encore des heures, et on doit s'arrêter faire le plein d'essence. Une fois arrêté, je descends de la voiture.

— Tu vas où ? me demande Lia.

— Aux toilettes.

Je commence à partir quand je vois Jason qui me suit.

— Je ne suis plus capable d'aller aux toilettes seule maintenant ?

— J'espère que si parce que je ne suis pas là pour t'aider. Je vais prendre un café.

— Tu peux m'en prendre un aussi, s'il te plait.

— Tu peux pas le faire seule ?

— Laisse tomber, j'aurais dû me douter que c'était trop compliqué pour toi.

Nous partons chacun de notre côté et, en sortant, je le rejoins à la caisse. Il est accoudé en attendant son café et tient un petit sac en papier rempli.

— T'as pris quoi d'autre ?

Il ne me répond pas et me tape la main quand j'essaye de récupérer le sac. Soudain, j'entends des murmures derrière nous. Quelqu'un sort son téléphone et nous prend en photo. J'imagine déjà les gros titres demain.

— Hé merde.

Jason se retourne et voit le groupe de jeunes. Il soupire, récupère ses cafés et on sort le plus vite possible. On retourne à la voiture et je remarque qu'il a en fait quatre boissons. Quand il s'assoit, il nous distribue les boissons. Lia et Antoine ont pris des boissons fraîches, ce qui est bien plus logique étant donné la chaleur qui fait. Quand je goûte à ma boisson, je grimace.

— C'est pas du café ça.

— Oui, bah le café c'est pour ceux qui ont besoin d'énergie. Toi, tu es assez pénible sans ça.

L'idée de lui jeter ma boisson dessus me passe par la tête mais je la garde pour plus tard. A la place, je lui vole son café et le bois d'une traite.

— Attention c'est brûlant.

Il aurait pu me le dire avant. Avant que je ne me brûle entièrement la gorge. Je tousse en essayant de garder une face normale.

— Voilà ce que tu gagnes à vouloir me faire chier.

Je lève les yeux au ciel et Lia et Antoine se prennent un fou-rire. Avant de redémarrer, il nous distribue les cookies qu'il a achetés puis me lance un paquet de dragibus. Je le dévisage et il explique :

— Je m'étais dit que le sucre remplacerait le café.

Je finis par le remercier même si un café n'aurait pas été de trop.



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