Monarchie & Anarchie

Chapitre 6

Allongée dans mon lit, je ne bouge plus. Je repasse en boucle cette soirée décisive. Je pleure. Je pleure constamment, sans pouvoir m'arrêter. Dans un état second, je n'ai pas pu enlever ma robe. Lia s'en est chargée. Elle m'a ensuite installée sous la douche. Le sang a coulé. Encore et encore. Remplissant entièrement le syphon. Je ne voyais plus que ça. Du rouge. Ce liquide visqueux. Cette couleur écarlate. Pourtant, ce n'était pas mon sang. C'était le sien...

Cela fait maintenant deux jours et je refuse toujours de sortir de ma chambre. Je bouge à peine, comme si j'allais pouvoir remonter le temps et empêcher ce qu'il s'est produit. En restant dans ma chambre, je peux au moins me convaincre qu'il est là. Quelque part dehors, en train de vivre.

Vivre. Cette chose qui lui a été enlevée à tout jamais.

La seule chose que j'ai faite depuis cette tragédie est de me repasser en boucle ce qu'il s'est passé.

Un deuxième coup de feu retentit.

Andrew s'effondrât. En tombant à terre, je fixais sans réagir le tireur qui s'enfuyait. Je tentais de relever Andrew, mais son poids m'emporta.

La main sur son cœur, le sang rougissant sa chemise blanche, je le sentais partir. Pourtant, je sentais aussi son cœur se battre pour survivre. Mais il était bien trop lent, contrairement au mien qui frôlait la tachycardie. Comme s'il voulait battre pour nous deux.

Il tenta de me parler mais n'y arrivait plus.

Je fixai mes mains ensanglantées, comme si c'était l'hémorragie qui posait problème et non la balle logée dans son cœur. La balle qu'il venait de prendre à ma place.

Je ne pus plus respirer. Moins je sentais son cœur, plus j'avais du mal à prendre de l'air.

Je sentis une larme couler le long de ma joue. Rapidement, une deuxième et une troisième suivirent. Et puis je ne pus plus m'arrêter. Elles tombèrent sur son corps presque inerte.

Ma main sur son corps ne ressentait plus rien. Aucun battement, aucun mouvement. J'étais perdue, je ne comprenais pas. Comment cela avait-il pu arriver ?

Et puis il rendit son dernier souffle.

Je m'effondrai. Entièrement. Mon être était à lui, mais à présent il n'était plus.

Alors qu'allais-je devenir ? Qu'allais-je faire ? Comment allais-je survivre ? Comment pourrais-je simplement penser à respirer alors qu'il n'était plus là ?

Les sanglots s'intensifièrent et je me mis à le supplier.

Il ne pouvait pas me laisser, m'abandonner.

Ce n'était qu'un cauchemar dont je me réveillerai. Il serait à mes côtés, parfaitement endormi, et le cœur battant à toute vitesse. Son cœur battant pour moi.

Mais ce n'était qu'une illusion.

Derrière moi, des cris me parvenaient. Mais je ne bougeais pas, souhaitant rester près de lui. Son cœur allait se remettre à battre d'une minute à l'autre et l'on sortirait ensemble de ce bal. Heureux et prêt à vivre.

Je continuais à le supplier. Le supplier de revenir. Toutes ces épreuves, on devait les vivre ensemble. A deux. Il ne pouvait pas simplement... mourir.

On me secoua, mais je restai à fixer le corps inerte d'Andrew. On me tira et me porta. Dans ses bras inconnus, je me débattais. J'appelai Andrew, sans cesse. Pourtant je savais pertinemment qu'il ne répondrait pas. Et qu'il ne répondrait plus jamais.