Monarchie & Anarchie

Chapitre 28

La première nuit après être rentrée fut la pire. Je me retourne sans cesse dans mon lit, ne trouvant pas le sommeil. J'ai essayé de lire, mais je n'arrive pas à me plonger dans les univers, de même pour les séries.

J'ai tenté d'écrire dans le carnet d'Andrew, où j'ai déjà noircis une vingtaine de pages, mais rien.

Je me sens simplement... vide. Horriblement vide.

Quand je sors de ma chambre, je trouve Antoine jouant aux jeux vidéo dans le salon. Visiblement, le marchand de sable nous a oubliés ce soir.

On décide alors de descendre. En passant près de la salle à manger, une lumière nous intrigue. Nous entrons et découvrons notre père. Il fixe un point dans le vide, sans bouger d'un cil.

Décidément, cette nuit semble maudite pour la famille De Bourbon.

Je m'éclaircis la gorge. Il sort de sa torpeur et se tourne vers nous. Il nous tend alors une petite boîte de gâteaux. Antoine et moi nous asseyons autour de cette grande table et nous mangeons en silence.

A peine un quart d'heure plus tard, nous remontons pour tenter de dormir un peu. Pourtant, des chuchotements attirèrent notre attention. Nous nous dirigeons alors vers les voix et arrivons devant la chambre d'Eadlin. En poussant la porte, nous trouvons les jumeaux, allongés sur le lit, se parlant à voix basse.

D'une voix douce, je propose :

— Vous voulez qu'on dorme tous ensemble ? Aucun de nous ne devrait rester seul.

Il vaut mieux se serrer les coudes que d'errer dans le château comme quatre âmes tristes. C'est ainsi que nous nous retrouvons dans ma chambre, deux petits matelas entourant mon lit. Nous fixons tous le plafond sans un mot, nos présences suffisent à nous apaiser les uns les autres. Et finalement, au bout d'une bonne heure, nous finissons tous par nous endormir.

La première semaine est elle aussi difficile. Je suppose qu'il nous faut le temps de comprendre que, de toute façon, que l'on s'inquiète ou que l'on vive, ça ne changera rien. Trois semaines, c'est le temps qu'il nous reste avant de pouvoir de nouveau s'inquiéter pour de bonnes raisons.

Mon père étant au bord de la crise de nerf, je dois l'aider à diriger. Petit à petit, il abandonne pratiquement toutes ses responsabilités, me laissant le poids de celles-ci. Je ne vais pas mentir et dire que c'est facile. C'est terrifiant. J'ai été préparé à ça toute ma vie pourtant je ne me sens absolument pas prête. Mais finalement, je trouve un équilibre dans ma vie, et je me dis que mon avenir ne serait peut-être pas si horrible que ça.

Comme je me le suis promis, je passe plus de temps avec les jumeaux. Ces moments nous permettent à tous de penser à autre chose et de décompresser.

Entre parties de cache-cache géant, jardinage, pâtisserie, visite de monuments et de musées, course de chevaux, atelier de peinture, les rires résonnent de nouveau dans ce château et réchauffent nos cœurs. Pour la plupart des activités, mon père et Antoine sont là, et je retrouve enfin cette ambiance familiale qui n'existait plus depuis des années. Cependant, un élément très important de notre famille manque à l'appel et nous le ressentons bien.

Du côté des révolutionnaires, ils se font plus discrets. Ce moment de répit nous apaise tous, même si on est bien conscients que c'est simplement le calme avant la tempête.

Je vois Lia quelques fois, mais entre mes dossiers et ma famille, nous ne passons plus autant de temps ensemble.Cependant, je recroise plusieurs fois Olivier. Plus j'en apprends à son sujet, plus je l'apprécie. Pourtant, une partie de moi regrette de ne pas l'avoir connu plus tôt. Je suis persuadée que l'on aurait formé un super groupe avec Andrew.