Chapitre 11

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Je sors du bureau et décide de faire un détour par la cuisine avant de retourner dans ma chambre. Cela fait des jours que je mange à peine et mon appétit commence à se réveiller.

Quand j'arrive près de la cuisine, tout le monde s'affaire à préparer le repas de ce soir. Il sera servi dans moins d'une demi-heure et, tout à coup je me sens de trop. Mais alors que je me prépare à repartir, le chef cuisiner m'interromps :

— Mademoiselle ? Vous aviez besoin de quelque chose ?

— Ha, euh, j'hésite avec une voix peu digne de mon rang.. Non, laissez tomber.

Le bruit des casseroles et des plats qui cuisent couvrent nos paroles. Il grimace et je comprends qu'il n'a pas entendu ce que je lui ais dit.

— Attendez, mon fils va prendre votre demande. Il n'est pas occupé. Olivier !

— Chef Perrin, ce n'est pas la peine de vous déranger.

— Non, non. Vous ne nous dérangeait pas.

— Oui ? demande celui que je présume être Olivier en arrivant. Qu'est-ce qui se passe ?

— Mademoiselle Eléanore a besoin de quelque chose. Occupe-t'en.

— D'accord. Venez par-là, il y aura moins de bruit.

Je le suis vers une arrière-cuisine . La pièce et vide et, quand la porte se referme derrière moi, le bruit des cuisines n'est plus qu'un lointain souvenir.

— Bonjour, vous aviez besoin de quelque chose ?

— Oui. Vous savez, vous pouvez me tutoyer, on doit avoir le même âge.

— D'accord, si vous... heu... tu veux. Toi aussi tu peux me tutoyer.

— D'accord.

— Tu avais besoin de quoi ? reprend-il.

— Ha, je voulais un simple petit truc à manger, mais je n'avais pas pensé que vous seriez tant occupé. Alors ne t'en fais pas, j'attendrai le repas de ce soir.

— D'accord. Et aussi...

Il semble hésiter puis, le visage triste, me souffle :

— Toutes mes condoléances. Andrew était si gentil, c'est injuste qu'il soit parti si tôt.

La plupart des condoléances que j'ai reçue étaient plates et sans fond. Pourtant, je sens que celles-ci sont différentes. Olivier est vraiment affecté.

— Vous vous connaissiez ?

— On était dans la même maternelle. Et la même primaire. On était plutôt proches mais on ne s'est pas vu pendant des années. Il y a quelques années, je l'ai croisé au château et on a recommencé à discuter.

— Oh. Je ne savais pas...

— Je me fais discret.

— Je suis désolé pour toi aussi. Tu subis sa perte autant que moi.

— Oui, c'est vrai. Quand j'ai appris la nouvelle, ça a été un vrai choc, alors je n'imagine même pas pour toi.

— C'est... très dur.

Je ne vois pas d'autres façons de décrire ce qui se passe depuis plusieurs jours.

— Si tu veux, on pourra parler de lui... se raconter des souvenirs. Je me rends compte qu'on ne se connait pas et que tu as sûrement pleins d'autres personnes avec qui tu peux parler de lui et qu'ils le connaissaient bien. Mais si tu veux discuter, je suis là.

Je réfléchis à sa proposition. Je ne veux pas parler d'Andrew avec mes amis et ma famille car ils ne le connaissaient pas aussi bien. Pour eux, c'est simplement une tragédie dont il faut se remettre, ils n'ont pas perdu une partie d'eux. Certes, nous passions souvent des soirées ensemble, et ils s'entendaient tous bien avec lui, mais Andrew n'est jamais devenu le plus grand des amis de Lia ou bien d'Antoine.

Monarchie & AnarchieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant