Ma remarque le fait rire.
— Je ne comptais pas faire de slow.
Il me prend la main, je suis ses mouvements et il commence une valse. Je bouge à peine au début, marquant juste le rythme. Mes mouvements sont à peine visibles.
Jason le remarque et, étant celui qui guide, il agrandit ses mouvements pour m'obliger à faire de même. C'est ridicule, la danse ne ressemble même plus à ce qu'elle devrait être. Je me concentre sur les pas que je connais pourtant par cœur, pour m'empêcher de penser. Penser à cette maudite soirée.
Mais ça ne marche qu'une minuscule minute. Quand j'y repense, des larmes roulent sur mes joues sans s'arrêter. Je sais que Jason sens mes sanglots, mais il ne les voit pas. Merci la pluie.
Les secondes passent, et il reprend des pas normaux. Je ne suis toujours pas détendu mais je ne suis plus aussi tendu qu'au début. Je tente de contrôler mes larmes, mais tentez de les contrôler et elles reviendront de plus belle.
Je bénis silencieusement Jason de ne rien dire. Rien ne brise le silence, si ce n'est la pluie s'écoulant dans la mer, les vagues s'écrasant sur la plage, les rires au loin et la basse de la musique.
Une nouvelle minute passe et je commence à trouver le temps long. Les larmes se font plus rares sur mes joues. Quand la troisième minute de danse approche, il me fait tourner, et j'en profite pour reprendre mes esprits. Je plaque ce petit sourire que j'ai toujours sur le visage et quand je reviens face à lui, on reprend tous les deux notre respiration. Je m'écarte rapidement de quelques centimètres.
Être de nouveau immobile me fait frissonner. L'air s'est rafraîchi et je suis trempée. Jason se penche alors pour récupérer mon verre, me le passe et indique :
— On devrait retourner là-bas, même si le feu de joie s'est éteint, il fera plus chaud.
J'acquiesce et on se met à marcher.
— T'as une veste ? Tu trembles de froid.
— Non.
— Ok, va rejoindre les autres, j'en ai une dans la voiture, je te l'emmène.
Je le remercie tandis qu'il s'éloigne. Je rejoins les autres et m'assois près du feu qui n'existe plus depuis un moment. Malgré ça, il émet encore un peu de chaleur et je réussis à me réchauffer un peu.
Je cherche du regard Lia et Antoine et, quand je les trouve enfin, ils dansent ensemble. Ils sont plutôt proches.
Je suis déconcentrée dans mon observation quand Jason me met une veste sur les épaules. Je le remercie rapidement.
— Tu regardes quoi ?
Il suit mon regard, maintenant choquée.
— Hé ben, je ne m'y attendais pas.
On observe tous les deux, étonnés, Lia et Antoine s'embrasser.
— On voit ce qu'ils font quand on tourne le dos deux minutes.
Je ne réponds pas, trop choquée pour le faire.
— Oh, ne me dit pas que tu vas leur en vouloir. Tu sais, le truc de la sœur qui ne veut pas que son frère soit avec sa meilleure amie pour ne pas les perdre.
— Non, non. Ce n'est pas ça. Juste, je ne sais pas. Ça fait tellement longtemps qu'ils se tournent autour, c'est bien qu'ils aient enfin sauté le pas.
— On devrait peut-être arrêter de les fixer comme ça.
— Oui, je ricane en détournant le regard, tu as raison.
Je replace la veste sur mes épaules. Les minutes passent, la pluie se calme et la soirée vogue sur sa fin. La moitié des invités sont bourrés et l'autre moitié est rentrée. Quelques groupes d'amis continuent de s'amuser près de nous. Jason et moi sommes toujours assis près des quelques braises qui finissent de brûler. On attend patiemment et silencieusement -presque trop- que Lia et Antoine nous rejoignent et qu'on rentre enfin.
C'est à plus d'une heure du matin, qu'ils reviennent, chacun trempé de la tête au pied.
— On a décidé de retourner se baigner.
— Avec vos habits ? Vous savez que vous avez des maillots de bain dessous.
— C'était plus drôle.
Nous nous retenons de prendre un fou rire devant leurs réponses dignes de leur état. Après un séchage rapide nous nous retrouvons tous dans la voiture pour enfin rentrer. Même si j'ai pu me reposer durant ces vacances, la fatigue me submerge et je n'ai qu'une hâte, retrouver mon lit. C'est d'ailleurs ce que je fais dès qu'il gare la voiture.
Le réveil du lendemain est plus difficile pour Lia et Antoine que pour nous autres. Les jumeaux ne manquent pas de le remarquer et de s'en amuser. Le plus drôle reste la façon dont, durant toute la matinée, les deux s'évitent et se jettent des regards gênés. Mise à part Jason et moi, personne ne remarque le malaise ambiant et surtout, personne d'autres n'en connaissait la cause.
Je sais que Jason a aussi remarqué leur manège, son sourire en coin dès que les deux tourtereaux de la veille détournent le regard en témoigne.
Après le déjeuner, nous prenons directement la route. Il est temps de rentrer. Nous nous installons dans la voiture et mettons Lia et Antoine derrière car nous savons qu'ils vont s'endormir dans les dix prochaines minutes. Jason profite de ce début de trajet pour les interroger :
— Alors, tous les deux ?
Face à leurs airs béats qui me donnent envie de partir en fou-rire, il ajoute :
— Hier, vous savez, sur la plage...
Son ton ne laisse pas place au doute et les visages d'Antoine et Lia se décomposent quand ils comprennent qu'on a tout vu.
— Il ne s'est rien passé, émet Lia.
— Ce qui se passe en vacances reste en vacances, complète Antoine.
— Ça ne ressemblait pas à rien... Plutôt à-
Je me coupe quand Lia me donne un coup dans mon siège.
— Hé ! je me défends. Je raconte juste ce que j'ai vu.
— Oui, bah vous aussi vous pourriez nous dire où vous avez disparu. Si vous ne nous aviez pas laissés seuls...
— Parce que c'est notre faute ? ris-je en évitant sa question.
— Alors, vous étiez où ?
Un silence leur répond et ils ne semblent pas apprécier.
— Vous savez un truc sur nous deux, quémande Lia, on veut en savoir un sur vous.
— C'est du chantage, je déclare.
— Enfin, dénonce Jason, vous avez plus dix ans !
Je n'ajoute rien. Que Jason les traite d'enfants ne va surement pas en rester là mais pour le moment, ils laissent couler et le trajet se passe dans le plus grand des calmes.
Moins d'une demi-heure de trajet plus tard, de légers ronflements nous parviennent de derrière. Jason met un fond de musique.
— Tu ne veux pas dormir ?
— Non, je n'y arriverai pas.
En ce moment, je mets des heures à m'endormir. Quand j'y arrive enfin, mes nuits sont parsemées de cauchemars ce qui me donne encore moins envie de me replonger dans le sommeil les nuits suivantes.
Je me demande quand ce cauchemar se terminera enfin.
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Monarchie & Anarchie
ParanormalFrance, 2147 Plusieurs années ont passé depuis la troisième guerre mondiale qui a chamboulé le pays. Durant ces temps difficiles, la monarchie absolue a été remise en place. Eléanore a tout pour elle : elle est la future reine et a trouvé son pri...