The Erebe's Sons MC tome 3 - Allistair

CHAPTER XVI - SYDNEY

🥀

Confier le pire moment de ma vie à Allistair me soulage d'un poids énorme, cependant, le plus critique reste à venir. À voir si après ça, il continuera de me regarder comme si j'étais la huitième merveille du monde.
Une putain de perfection que je suis loin d'être.

Mais comment lui avouer qu'à tout juste quinze ans, portée par la rage et la honte - honteuse d'avoir été si naïve, de m'être fait embobiner par un abruti de sportif écervelé - j'ai presque tué quelqu'un?

Presque. Parce que c'est mon oncle Grant qui a balancé Mikaël dans ce foutu marécage, où lézardaient gentiment une dizaine d'alligators. L'odeur du sang n'a pas mis longtemps à les appâter, et il n'a pas fallu plus de trente secondes avant que le corps ensanglanté disparaisse dans les profondeurs des Everglades.

Il y a certains avantages à vivre en Floride, il faut bien le reconnaître.

Derrière moi, le biker de mon cœur s'agite, s'impatiente et finit par craquer :

Allistair - Bordel Beauté, il s'est passé quoi après?
Sydney - Après? Je me suis réveillée à l'hôpital et pour la première fois de ma vie, j'ai menti à mes parents. Je leur ai dit que je ne me rappelais de rien, mais tout était gravé dans ma mémoire.
Allistair - Pourquoi tu leur as menti?

Voilà.

Le moment fatidique.

Ça passe ou ça casse.

Je prends une grande inspiration, la rage revenant plus forte que jamais, et c'est d'une voix vibrante de colère que je lui dis :

Sydney - Parce que mon père l'aurait sûrement tué et je suis presque certaine que mes frères auraient creusé la tombe de cet enfoiré. Quant à ma mère, elle leur aurait servi d'alibi. Sauf que je voulais régler ça moi-même. Et c'est exactement ce que j'ai fait.

Ses bras se resserrent autour de ma taille en même temps que sa respiration se coupe, alors je continue. Arracher le pansement d'un coup sec, c'est ce qu'on m'a toujours dit de faire.

Sydney - Enfin presque. Mon oncle Grant m'a aidée. À mon réveil à l'hôpital, il a fait mine de croire mon baratin sur ma soi-disant perte de mémoire, après tout, c'est fréquent avec le GHB. Mais il semblerait que ce crétin de Mikaël ait été léger sur le dosage, parce que je me rappelais de chaque détail, et ça, Oncle Grant l'a vite compris. Alors il m'a fait craché le morceau. Non seulement sur ce qu'il s'était passé, mais aussi par rapport à mes futurs projets. Parce que ça aussi, il l'avait capté.

N'en pouvant plus de ne pas voir ses réactions, je sors des bras d'Allistair, malgré la sensation de froid qui me saisit, et me lève. Debout face à lui, ses yeux fixent les miens sans tarder et la fierté que j'y lis me ferait presque ouvrir les vannes. Mon incompréhension doit se lire sur chacun de mes traits puisqu'il me demande :

Allistair - À quoi tu t'attendais ma Beauté? Que je parte en courant? Que je te regarde avec dégoût?
Sydney - Un savant mélange de tout ça je dirais.
Allistair - Beh ça risque pas d'arriver. Je suis pas un enfant de chœur, et saches que j'étais déjà en train de prévoir une mort lente et douloureuse pour un type qui est cané depuis un bail à ce que j'ai compris. Donc, à part un peu de déception de voir s'envoler une fabuleuse partie de "le premier qui a crié à perdu", là, tout de suite, tout ce que je ressens c'est un putain de brasier dans les reins.
Il va te falloir plus qu'un macchabée pour te débarrasser de moi. Désolé de te le dire bébé, mais je suis raide dingue de toi, va falloir t'y faire.
Sydney - Même si je te dis qu'il a fini dans les Everglades?
Allistair - Là je dis : racontes-moi tout en détail.