PARTIE 2 - Chapitre 1 - Pandore

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J'étais encore perdue dans mes pensées lorsque la voiture conduite par la mère d'Orion, Catherine, nous ramenait chez elle. Je n'avais de cesse de repenser à nos dernières secondes à l'université Villarian ; à l'instant où notre regard a été attiré par une certaine ombre, celle-ci s'est volatilisée. Nous avions tous retenu notre souffle un instant, bercés par la terreur de cette vision... Nous n'avons eu le temps d'en parler ensuite car la mère de notre nouvel hôte est arrivée et nous a interrompus. Et pourtant j'étais certaine qu'il s'agissait bien de la seule chose à laquelle nous songions durant tout le trajet, même si Catherine tentait de nous faire la conversation.

Nous nous garions dans une petite maison classique des quartiers résidentiels en ville. Elle avait un petit jardin avec quelques fleurs et une balançoire en bois, et la mère d'Orion nous mena à la porte d'entrée avant de l'ouvrir. A l'intérieur, la plupart des meubles étaient en bois, ce qui donnait à l'habitation une atmosphère chaleureuse et accueillante, et ce que je devinai être le père d'Orion, était en train de faire cuire des pancakes malgré l'heure très tardive. L'odeur m'envahit, et je me sentis soudain emplie d'une émotion proche de la nostalgie, soudainement très à l'aise, comme si cette maison était chez moi, que j'avais appartenu à ces murs des années auparavant.

— Bonsoir les jeunes ! Comment allez-vous ? demanda le père d'Orion d'une voix enthousiaste et souriante.

— Ça va, un peu fatigués, marmonna son fils.

— Avec ce qu'il se passe ça ne doit pas être facile de tenir le coup... répondit son paternel.

— Nous tenons le coup, il faut bien.

Hëna et moi nous contentions d'acquiescer poliment après avoir salué l'homme. Derrière nous, la mère d'Orion avait disparu pour récupérer nos valises dans le coffre de la voiture, et les apporta à l'entrée de la maison en soufflant et ramenant ses cheveux derrière ses oreilles. Nous la remercions, et elle s'empressa de dire :

— Philippe a fait de quoi grignoter, si certains d'entre vous ont faim. Nous n'imaginons même pas ce que ça peut être pour vous de vivre ce qu'il s'est passé dans votre école. Nous veillerons à ce que vous soyez totalement à l'aise ici.

— Merci beaucoup, Madame, ai-je remercié avec un sourire sincère et reconnaissant. Nous sommes très heureuses de pouvoir rester ici.

— Oui... Merci de votre accueil.

Je remarquai qu'Hëna n'était pas à l'aise, son ton n'était plus teinté de sa désinvolture habituelle e sa confiance débordante. J'avais envie de tourner le visage pour témoigner de sa gêne, mais je m'empêchais de la regarder trop longtemps, consciente de son besoin d'être loin de moi quelque temps. Orion, lui, attrapa nos affaires et nous mena jusque sa chambre, en expliquant :

— On n'a pas de chambre d'ami, mais il y a la place dans la mienne pour nous héberger tous les trois. Je peux vous prêter mon lit, et moi je dors sur un matelas au sol.

En apercevant le regard assassin qu'Hëna et moi échangeons, Orion se reprit :

— Ou alors l'une d'entre vous dort avec moi dans mon lit.

— Moi ! s'empressa Hëna de répondre.

Je levai les yeux au ciel, quelle égoïste. Ce n'était pas étonnant. Nous entrâmes donc dans la chambre de notre nouvel ami, la salle était spacieuse et relaxante. Un lit double aux draps d'un bleu pâle occupait le centre de la pièce, et de chaque côté étaient deux tables de nuit parées de lampes et recouvertes de livres. Orion récupéra d'ailleurs ceux-ci pour aller les poser sur son bureau en face du lit. Sur les côtés de ce bureau étaient placées plusieurs étagères remplies de livres, et je pris le temps de tous les balayer du regard, m'épanouissant devant cette vision magnifique. Les livres. J'avais envie de tous les lire, tous les connaître, j'avais ce désir puissant, cet appétit sans limite. J'avais envie d'avoir tout le temps du monde pour pouvoir profiter de chacun des mots posés sur papier. Lentement je continuais ma visite, un peu plus loin, je vis un placard, comportant certainement ses vêtements, la porte était recouverte d'un miroir, et à ses pieds était posé un double matelas aux draps blancs. Ses parents avaient dû prévoir le coup et tout nous préparer. Mon cœur se serra à cette abondance d'attention et de gentillesse. Les murs étaient très décorés, de pages de livres, d'affiches de films, ou même de dessins. Je ne savais pas qu'Orion dessinait... Ses croquis étaient principalement au crayon de papier, les traits légèrement flous, mais son style était particulier et impressionnant. Un peu partout, nous trouvons des bougies, et des livres, et des bijoux qui trainaient. Sa chambre était merveilleusement sienne.

Sous le murmure des ombresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant