Orion et Xan s'étaient retrouvés en cachette dans la chambre d'Orion, celui-ci a passé la journée à lui répéter qu'il fallait absolument qu'ils se voient. Il semblait affolé et pris d'une inquiétude qui était contagieuse, c'est pour cela que Xan était impatient.e de voir se terminer ses heures de cours.
Orion avait allumé toutes les lumières pour éviter l'obscurité un maximum, ce qui était surprenant car il était connu pour apprécier les ombres. Xan était de plus en plus curieux.se :
— Alors, dis-moi tout.
— Ne panique pas, écoute moi jusqu'au bout.
L'étudiant.e acquiesça sans rien dire, avant de s'asseoir sur le lit en jouant avec les manches de son pull. Orion, lui, était debout et marchait d'un pas soutenu dans la pièce, il expliqua :
— L'autre soir, le meurtrier m'a contacté, il m'a même menacé.
— Quoi ? s'exclama Xan en se levant subitement sur ses pieds, comment ça ?
— Mentalement, il s'est projeté dans mes pensées, tout comme moi je peux le faire. Il a exactement le même pouvoir que moi, nous avons pu avoir une discussion rapide... Une discussion sur la menace qu'il faisait planer sur moi si nous continuions d'enquêter.
— Mais c'est impossible, nous devons mettre un terme à toute cette histoire !
— Je le sais bien, mais nous nous devons d'être discrets... Je ne sais pas ce que nous risquons, mais j'ai très peu envie de le savoir.
— Ça me terrifie.
Xan se dit que le meurtrier avait sûrement des complices pour pouvoir utiliser tant de magie, la scène de crime dénonçait déjà l'usage de la télékinésie... Niveau défense, la bonne chose était que Xan était doué.e en maniement d'armes et pouvait se battre, Orion aussi désormais, mais les deux n'avaient que très peu de chances contre la magie. Xan commença à perdre le contrôle de sa respiration, se noyant dans une panique indomptable. La peur lui prit la gorge et les larmes lui montèrent rapidement aux yeux. Ce n'était pas son genre de laisser les émotions déborder ainsi, mais savoir sa vie menacée par un assassin dépassait toutes ses limites imaginables, et iel se lâcha même devant Orion qui ne savait plus comment réagir.
— On doit chercher de l'aide auprès des adultes, bafouilla Xan.
— Je t'en ai déjà parlé, j'ai déjà essayé et ils ne sont que des incapables, j'ai vécu quelque chose de similaire, ils n'avaient servi à rien...
— Ah bon ?
— Ma sœur... Elle avait seize ans et moi quatorze... Un jour, partie pour aller à l'école à pieds, elle a disparu, aucune nouvelle d'elle de la journée. Nous avons cherché de l'aide avec mes parents, nous avons tout fait pour obtenir justice, la retrouver ou même juste comprendre, mais rien. Le lycée tentait maladroitement de nous rassurer, mais c'était pire que tout, ils n'en avaient presque rien à faire, nous l'avons tous ressenti. C'était horrible... La police, même chose, ils couraient partout, avaient l'air occupés, mais des années plus tard, ils n'ont rien trouvé. Personne ne fait rien, personne ne se sent suffisamment concerné pour s'y donner à fond. Ils prétendent tous, mais ne savent rien faire.
— Orion... Je comprends que ça ait pu être difficile, et je suis sincèrement désolé.e pour ta sœur, mais nous pouvons au moins leur apporter notre aide. Ce n'est pas les mêmes personnes sur cette affaire, et ils pourront nous aider même un minimum. On ne peut pas se retrouver entièrement seuls...
— Essayons. Mais ils risquent de tout gâcher, ou de nous traiter de menteurs...
Xan put se calmer légèrement avant de répondre que cela vaudrait la peine d'essayer, et iel incita Orion à aller fournir ses preuves et explications au directeur le lendemain. Orion tendit une main à Xan en murmurant :
— Ça va aller, nous trouverons un moyen de tout arrêter, je te le promets.
— Je l'espère. Demain, tu y vas, et si tu ne te sens plus trop, je viendrais avec toi.
— Je le ferai dès les premières heures.
Orion avait des mouvements lents, comme s'il était fatigué par la vie, comme si celle-ci l'accablait. Xan lui répondit qu'il méritait bien un peu de sommeil, puis rejoignit sa chambre, restant méfiant dans les couloirs. L'université toute entière semblait changée, différente, comme si tous les murs portaient des menaces ou les souvenirs de la mort, comme si tous les plafonds étaient prêts à s'effondrer. Xan comptait les secondes pour impulser un rythme calme à sa respiration, iel était en sécurité, iel savait se battre, et se guérir, il n'y avait aucune raison de s'inquiéter. Il y avait des oiseaux morts sur le sol des couloirs, et Xan manqua de vomir en sentant l'odeur. Que se passait-il cette nuit ? Le bâtiment était pourtant désert et tout le monde dormait, le gardien n'était visiblement pas là, et devait ne rien remarquer...
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Sous le murmure des ombres
FantasíaPandore, Hëna, Xan et Orion sont étudiants dans la prestigieuse université Villarian, qui intègre et forme les meilleurs magiciens du pays. La vie y est calme et studieuse, jusqu'à ce qu'une des élèves meurt soudainement. Pandore, pouvoir de la télé...