« Ce n'est pas elle », avait murmuré Orion à l'oreille de Pandore quand Hëna se faisait emporter dans le bureau du principal. Ce n'était pas elle, cela voulait tout dire pour un témoin de la scène.
Et c'est pour ça qu'Orion et Pandore prirent le temps de discuter à la cafeteria lorsque tout fut plus calme. Le cœur d'Orion battait la chamade, de peur d'être encore une fois surveillé, et que les menaces qu'il a entendues précédemment soient mises à exécution. Il savait également qu'il mettait Pandore en danger, mais celle-ci avait insisté pour connaître toute la vérité sur la partie cachée de l'histoire. C'est pour cela qu'Orion choisit un lieu où beaucoup d'étudiants étaient présents dans l'espoir que ceux-là les cachent des regards ou oreilles mal placés.
- J'ai besoin que tu me dises précisément, Pandore, quand l'incendie a débuté, est-ce que quelqu'un aurait pu le provoquer ? Quelqu'un fumait ou jouait avec des allumettes ou quelque chose du genre ?
Il avait posé ses coudes sur la petite table ronde, et son menton était installé sur ses mains entrecroisées, le regard plongé dans les yeux bruns de la jeune fille. Pandore jouait avec une mèche de cheveux, visiblement angoissée par la situation, en répondant :
- Non, impossible. Tout le monde était calme, dormait, discutait, lisait un livre ou jouait à un jeu. Personne n'avait de quoi créer un incendie.
- Et c'est tout naturellement que tu t'es dit que c'était Hëna.
- Bien sûr, tout semblait l'accuser, et elle était visiblement en colère, et on peut bien s'imaginer ce dont elle est capable quand elle s'emporte. Personne d'autre n'a le pouvoir de créer de telles flammes.
- Je me demande ce qu'il nous veut, réellement...
- Qui donc ?
Orion restait perdu dans ses pensées quelques secondes pendant que Pandore attendait la réponse, même si elle se la figurait déjà bien :
- Tu penses que cet incendie a été causé par la même personne qui a tué Amélia ? demanda-t-elle en baissant la voix.
- Oui. Et je crois comprendre pourquoi tout est si facile pour lui. Mais c'est trop risqué. Je sais trop de choses.
- Mais comment est-ce possible ?
Dépassée, Pandore se rassit au fond de sa chaise, elle avait été trop occupée pour se rendre compte de ce qu'il se passait réellement dans cette école. Mais elle se dit que c'était probablement pour son bien, et que finalement, son égoïsme était là pour une raison. Elle s'était protégée tout ce temps.
- Ecoute, je sais que c'est important pour toi, tout ça, mais c'est peut-être juste un hasard... soutint-elle. J'ai mes études à faire, des diplômes à obtenir, et un avenir brillant à préparer, je ne peux pas perdre mon temps sur ça. Surtout si je suis impuissante et que mon aide n'apporte rien.
- Ecoute, je vais t'expliquer ce qu'ici personne ne semble comprendre : on est tous en danger. Et on va tous mourir si personne ne se bouge dans les jours qui suivent. On a été prévenus, est-ce que quelqu'un s'est inquiété ? Des élèves meurent, disparaissent, et le feu n'était clairement pas là pour nous permettre de brûler quelques marshmallows, il était sûrement prévu pour nous brûler tous, et l'école avec, ou du moins nous ralentir.
Il prit la main de Pandore, ses doigts fins tremblants, et il continua en plongeant dans son regard :
- On n'a pas le temps, Pandore, on n'est pas à l'abri, peu importe combien on nous vend cette école comme sécurisée. J'ai besoin de toi, et d'Hëna, les plus brillantes, pour m'aider à mettre fin à tout ça.
- Mais...
- Moi aussi j'ai peur. Moi aussi je tremble quand je me dis que je suis sûrement écouté à tout instant, que mes pensées sont observées, toutes, que tous mes faits et gestes comptent. Tu n'as aucune idée combien j'ai peur, et mal, tu n'as aucune idée de ce qu'il s'est passé le jour où j'ai disparu, mais si c'est notre avenir à nous tous, alors je préfère me mettre en danger pour vous sauver.
Pandore resta sans voix, jamais elle n'avait vu Orion parler autant, et encore moins dévoiler tant d'émotions, elle comprit alors la sincérité avec laquelle il parlait, et il savait ce qu'il disait, il devait en savoir bien plus sur l'enquête que ce qu'elle et Hëna auraient pu découvrir ensemble. Les épaules de Pandore s'affaissèrent, et elle murmura :
- Mais je ne suis pas à la hauteur... Je suis incapable de protéger qui que ce soit. Je ne suis bonne qu'à avoir des bonnes notes et à jouer la comédie.
- Tu es celle qui contrôle le mieux son pouvoir. Et s'il y a bien une chose que j'ai comprise après le départ de Xan, c'est que porter un poids si lourd est bien plus simple lorsqu'on n'est pas seul.
La jeune étudiante ferma longuement les yeux, réfléchissant à une réponse à lui donner, considérant les possibilités, puis répondit :
- Tu vas nous mener tous en enfer.
- Alea jacta est.
Les dés sont jetés, advienne que pourra. Orion se demanda à partir de quand il avait choisi son camp, et pourquoi. Peut-être qu'il s'agissait du désespoir d'Hëna et de la solitude des encadrants, du fait que personne ne sache que faire... Peu importe, Orion choisit qu'il ferait de son mieux pour retrouver le ou les meurtrier.s et faire justice à Amélia. Et cela commencerait par innocenter Hëna et recontacter Xan. Et ensemble, ils pourraient aller loin.
Décidés, Pandore et Orion se rendirent en direction du bureau du proviseur, afin de lui toucher deux mots à propos d'Hëna et de tout ce qu'il savait au sujet du meurtre.
Et dans la fraicheur des couloirs en pierre, éclairé par quelques rayons du soleil couchant, Orion se sentit subitement faiblir, et il porta la main à son nez. Du sang avait coulé par terre. Le sien.
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Sous le murmure des ombres
FantasíaPandore, Hëna, Xan et Orion sont étudiants dans la prestigieuse université Villarian, qui intègre et forme les meilleurs magiciens du pays. La vie y est calme et studieuse, jusqu'à ce qu'une des élèves meurt soudainement. Pandore, pouvoir de la télé...