tw : deadnaming (inintentionnel)
Son coeur s'emballait à chaque fois qu'il saisissait son téléphone. Il attendait la réponse de James comme il n'avait jamais rien attendu d'autre et ne sortait de son appartement qu'avec une motivation : le voir. Même de loin. Même un sourire. Ça suffirait. Il supposait qu'il était heureux pour la première fois que quelqu'un vienne lui parler pour de bon, que quelqu'un s'intéresse à lui. Ça faisait aussi du bien de penser que James le voyait en temps que lui. Pas une fille, pas l'enfant de la très noble et ancienne maison des Black... juste l'identité qu'il s'était forgé par lui-même et pour de vrai. Regulus.
Poussé par un élan de bonne volonté, à l'heure du déjeuner, il s'installa même à coté d'Alice. Il n'avait aucune idée de ce qu'il pourrait bien lui raconter. Il supposait que ça viendrait.
On lui avait appris un nombre pas possible de bonnes manières et de comment se comporter en société quand il était enfant. Il avait un souci particulier à suivre celles du regard droit dans les yeux et des expressions faciales appropriées. Quand il essayait, il avait toujours l'impression que les regards transperçaient son âme et qu'il devait jouer un role en étant très mauvais comédien. Tout sonnait faux. Il tenta de suivre les règles avec Alice mais celles-ci ne semblaient faire ni chaud ni froid à la jeune fille, qui ne respectait aucune d'entre elles. Elle parlait la bouche pleine, mettait les coudes sur la table, se tenait tout sauf droite et n'avait que faire des règles de politesse. Elle laissait juste son esprit s'exprimer et Regulus ne savait pas s'il devait l'admirer ou la regarder de haut pour ça. Nul doute que même sans politesse elle était sympathique. Il n'eut même pas à s'inquiéter de trouver un sujet de conversation, cette fille était une vraie pipelette.
Au milieu du repas il connaissait déjà toute sa vie. Lui n'avait rien dit de la sienne et ça lui allait très bien. Il se ravit qu'elle ne lui pose pas de questions, jusqu'à ce qu'un nouvel arrivant ne s'installe avec elleux.
« On m'a attendu à ce que je vois, ironisa-t-il en mettant un coup d'oeil à leurs assiettes à moitié entamé.
- Regulus, je te présente Frank, mon copain. Frank, Regulus.
- Salut mec, ça va ?
Regulus mis trop de temps à savoir quoi répondre et, plus le temps passait, plus il se disait que c'était trop tard. Il tenta un sourire peu convaincant mais l'autre garçon ne sembla pas lui en vouloir. Il s'assit et se tourna vers sa copine.
- Je racontais à Regulus ma dernière soirée.
Ha bon ?
Il se maudit de ne pas avoir écouté ce qu'elle disait avec plus d'attention. Il n'était pas arrivé à en entendre la moitié à cause des bruits du réfectoire tout autour de lui.
- Soirée d'amateur∙ices ! taquina Frank. Il faut absolument que je te fasse rencontrer tout les Maraudeurs. Tu ne pourras plus jamais estimer qu'une soirée est dingue parce que tu as embrassé à une fille aux cheveux roses après ça.
- Cheveux violet. Tu suis vraiment rien ! »
Mais Frank n'écoutait plus. Son regard s'était attardé avec plus d'attention sur Regulus qu'il dévisageait avec surprise. Le concerné se raidit, incapable de manger la bouchée de nourriture qu'il avait placée dans sa fourchette. Il ne connaissait pas Frank. Il ne se souvenait pas de lui, du moins. Ni sur les photos de Sirius, ni à l'époque de l'école. Pourtant, Frank l'avait reconnu, c'était certain.
Regulus savait qu'il ressemblait beaucoup à Sirius, qu'ils avaient aussi tout les deux ce même accent de la classe bourgeoise qui restait encore un peu même s'ils s'efforçaient tout deux de ne changer. Et ce nom d'étoile, et ces bouts de français qui leurs échappait. Il avait été stupide de penser qu'on ne le reconnaitra pas.
Il pensa soudain à James. James devait l'avoir reconnu. Il était impossible d'être si proche de Sirius et de ne pas faire le rapprochement. Le souffle de Regulus se fit plus saccadé mais Frank décida d'abandonner son air surpris et de l'échanger contre un sourire un peu crispé. Il se tourna vers Alice et continua la conversation, laissant Regulus assez serein pour finir son repas, mais pas assez pour leurs adresser de nouveau la parole.
Quand il quitta la cantine et qu'il savoura un couloir vide et le bruit du silence, il perçu une présence derrière lui.
« Tu es Despina, hein ?
Frank le fixait, droit dans les yeux comme tout ce qu'il détestait, mais il ne se força même pas à maintenir le contact.
- Ouais. C'est Regulus, maintenant.
- Regulus, ok. Tu es le frère de Sirius ?
- Ouais.
- Tu lui ressemble beaucoup.
- Ouais, il parait.
- Sirius parle souvent de toi. Je... je crois qu'on ne s'est jamais vu mais on était dans le même collège. Dans le même lycée aussi, sans doute.
- J'ai pas beaucoup été au lycée. »
Regulus laissa son regard s'attarder sur les murs. Il savait que Frank l'observait. Il savait qu'il allait lui poser pleins de questions. Il aurait été facile de s'échapper mais il avait décidé que ça n'en valait pas la peine.
« Comment il va, Sirius ? osa-t-il demander au bout d'un moment.
- Des hauts et des bas. Ça fait un certain temps mais la dernière fois que je l'ai vu il avait l'air très heureux. James dit que parfois il replonge. Tu lui manque.
- Je crois pas.
- Si même à moi il me l'a dit c'est que c'est quelque chose qui lui pèse.
Pour ça, Regulus avait de sérieux doutes. N'importe qui confierait ses problèmes à Frank. Il ne le connaissait que depuis quinze minutes et aurait put lui faire avouer n'importe quoi.
... Tu vis toujours chez tes parents ?
- Tu crois que mes parents me laisserait transitionner ? rit Regulus.
Frank fit un demi sourire plus pour répondre qu'autre chose et voulu poser une main sur l'épaule de l'autre garçon que celui-ci évita d'un coup brusque sans même s'en rendre compte.
- Tu devrais lui envoyer un message. »
Et, le soir, en hésitant à lui écrire plongé dans ses draps, Regulus sursauta. Une notification était apparue sur le haut de son écran. C'était James.
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I HATE GROWING UP
FanficAprès une année de prépa difficile, James rentre dans une école où il ne trouve pas sa place. Regulus, de son coté, débarque sans le savoir au même endroit et s'autorise à être lui-même pour la première fois. Du moins jusqu'à ce qu'ils se croisent. ...