26. des rêves et des cauchemars

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Tw : mention d'automutilation, sous-entendus lié à la sexualité, pensées intrusives

Les réveils avaient parfois étaient des moments pénibles pour Regulus. En fait, ils l'avaient toujours été jusqu'à maintenant. 

Les réveils après des cauchemars qui le gardait terrifié et vulnérable au fond de son lit sans échappatoire, car n'importe quelle silhouette d'objet dans le noir se changeait en une figure menaçante. Les réveils par les cris de ses parents, qui engueulait Sirius ou s'engueulait entre elleux quand il n'en était pas lui-même la cible. Et puis les réveils seul, pour des journées seules, qui lui rappelait ce à quoi ressemblait sa vie et la façon dont il s'y était fait piégé, d'une façon ou d'une autre. Dans ce corps, dans cette maison, dans cette école. 

Mais désormais, il y avait les réveils auprès de James. Des réveils tout doux dans un grand lit au petit matin où il pouvait ouvrir les yeux et contempler James encore un peu, se souvenir qu'il n'y avait plus ni parents, ni maison, ni solitude, ni désolation qui l'attendaient à la porte d'entrée et que les cauchemars n'avaient plus grand choses d'effrayants, vaincu par le soleil et le bonheur. Il n'avait pas à penser au passé, ni au futur, il pouvait seulement savourer le confort de s'oublier dans les draps, de sourire, de vivre. Il y avait des jours comme ça, où il se sentait vraiment fort. 

Il en fallait peu pour basculer de l'autre coté et il le savait, il suffisait d'une réponse froide ou d'un regard de travers pour que la spirale recommence à tourner, pour que n'importe quel rêve vire au cauchemar, mais ça arrivait moins, beaucoup moins, depuis qu'il ne se levait plus avec des idées sombres et désenchantées et qu'il osait les rêves timides. 

Ce matin là il sourit, ravi qu'aucune obligation pénible ne le rattrape. Il espérait que quelqu'un avait répondu à ses candidatures, que la fac avait répondu à son admission, au moins pour l'année prochaine. Ce n'était pas prévu pour aujourd'hui mais c'était dans un coin de sa tête. 

Ce fut vite dissipé cependant, lorsqu'il recommença à contempler James et à contempler avec lui tout ce qu'il avait accomplit. Deux mois plus tôt il pleurait sur des livres, le coeur brisé, jaloux de ces histoires et persuadé qu'il n'aurait jamais ni ami∙es ni amants, parce qu'il était trop comme-ci ou pas assez comme-ça. Que personne ne l'aimerait jamais autant qu'il aimait les autres, que personne ne l'aimait de toutes façons. Il s'efforçait de ne pas y penser tout le temps, mais, quand il y pensait, ça lui faisait mal de n'avoir personne sur qui compter, même pas de la famille. De ne pouvoir se confier à personne. Il avait tout retrouvé désormais et était surpris d'à quel point ça avait été simple. Tout lui paraissait simple maintenant, et le chagrin n'était plus si insurmontable. Il avait même l'air ridicule, vu de l'autre rive. 

Une seule peur le secouait. 

Il s'était toujours dit que les personnes qui avait été aimée avait au moins des souvenirs sur lesquelles s'appuyer. Qu'au moins, quand iels se trouvaient seul∙es iels pouvaient fermer les yeux et se rappeler des bons moments, savoir qu'iels avaient été aimé∙e au moins une fois. 

Mais désormais Regulus avait peur que James le quitte, terriblement peur. Les souvenirs ne suffiraient pas, il perdrait tout en même temps. Il avait tant de mal à croire que James puisse s'intéresser à lui, avec tout les défauts qu'il se trouvait : trans, bien trop timide, sans aucune expérience de la vie jusqu'à récemment, malade mental... Peut-être James avait-il fait un pari avec Sirius ? Peut-être ne l'aimait-il pas vraiment ? Au fond il savait que c'était son cerveau qui se retournait contre lui mais il ne pouvait s'empêcher d'y penser. C'était dans les moments tristes que ces idées étaient les plus fortes. Se réveiller dans l'un des anciens réveils et réaliser que tout ceci n'était qu'un rêve, qu'il n'avait jamais quitter le Square Grimmaurd, ça aurait été le pire de tout. En fait il était certain qu'il ne s'en remettrait pas. 

I HATE GROWING UPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant