29. réconfort

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Tw : depression, automutilation, mentions de guerres

Plus les jours passaient, plus James avait la pénible impression que, si ça allait mieux pour Regulus, ça empirait pour lui. Ses journées étaient vides mais il n'avait pas l'énergie de faire quoi que ce soit pour les remplir. Il essayait de se rendre présentable devant Sirius, devant Remus, au téléphone avec sa mère, mais seul ou face à Regulus il finissait par craquer. Il n'avait plus de courage de retourner à l'école - il n'y était pas allé depuis si longtemps. Il n'avait pas le courage de faire quoi que ce soit, même les films étaient trop longs pour être une stimulation suffisante. Il ne pouvait que trainer sur internet, scroller, manger, et finir par s'endormir. À la fin il se sentait vraiment stupide, surtout quand il comparait sa vie à celle des autres. Il y aurait bientôt les élections, la monté en puissance de Voldemort, et, dans d'autres pays, des guerres et des génocides, tandis que lui n'arrivait même pas à bouger le petit doigt du haut de sa tour d'ivoire. Ça le rendait malade. Il avait repartagé du contenu en story pour s'opposer, mais il n'était pas influenceur et ses 37 abonnées n'allait pas changer la face du monde. Il aurait aimé avoir la force d'aller en manif, de réintégrer l'Ordre quitte à se prendre des remarques racistes. Il y réfléchissait mais ne bougeait pas, et au final, cinq jours s'étaient écoulés dans le même état. Il se levait à peine de son lit et ne faisait que quelque allé-retour à la salle de bain et à la cuisine.

Au bout d'un moment il dut aller faire les courses, il rebroussa chemin devant la porte de l'immeuble pour retourner dans sa chambre, incapable d'aller plus loin. Il se motiva à prendre une douche et se fit peur en se croisant dans la glace. Ça n'allait vraiment pas, compris-il. Frappé parce qu'il ne savait pas comment c'était arrivé. Son état s'était dégradé en douceur, sans qu'il n'ai le temps de s'en rendre compte, surtout d'une perspective interne. Les autres, qui le voyait tout les jours, n'avait rien vu non plus. Seul Remus, absent depuis un moment, s'inquiéta en le trouvant un matin sur le canapé du salon. Regulus avait accompagné Sirius au travail et sans doute atterri à la bibliothèque ou à la librairie par la suite. Il pouvait s'y perdre des heures. James était seul.

Il était sur son portable, pour changer, dans un état pitoyable qui était devenu trop habituel pour être remarqué. Lui-même commençait à croire qu'il pourrait continuer comme ça un moment. Le corps humain, ça s'habitue à tout. 

« Ça va ? demanda Remus, plus par réflexe qu'autre chose. Il avait déjà la réponse. 

James leva la tête, réalisant une seconde que Remus le voyait tel qu'il s'était découvert dans le miroir plus tôt : lunettes embuées, cheveux sales,  vêtements sales, dos tordu, yeux cernés. Pas la moindre idée de la dernière fois qu'il était sorti, avait mangé ou pris une douche. Il devait puer. Il avait dormi toute la journée. Peut-être que Regulus n'était même pas rentré par peur de le voir encore.

- Ouais. dit-il, sans conviction, retournant à son portable. 

Il pensait que, comme à chaque fois, Remus continuerait son chemin l'air de rien, mais celui-ci c'était déjà approché et il sentait sur lui un regard menaçant. 

- James... putain, qu'est-ce qui se passe ? 

- Mais rien, ça va !

Il avait espéré qu'on lui pose la question depuis des jours, mais il mentait encore quand on lui demandait. Ça n'allait pas, au fond même lui le savait, mais aller mieux paraissait si difficile désormais qu'il préférait ne rien faire. 

- Non non, ça va pas. Je vais pas de laisser comme ça. 

- Comme ça quoi ? se fâcha James. Comme une merde, c'est ça que t'essaye de dire ? »

I HATE GROWING UPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant