41. Remus

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Tw : conversations autour du VIH, mention de sérophobie, de violences sexuelles et de morts (rien d'explicite)

Depuis la veille Sirius n'avait pas cessé de s'agiter, comme si autoriser son corps à se relaxer allait accélérer le temps. Ils patientaient avec impatience, James, Remus et lui de salles d'attente en salles d'attente. James s'efforçait de ne pas penser à son coeur brisé dans un moment pareil et Remus restait étonnamment calme, du moins quand il ne toussait pas. 

« Tu t'en fou ? l'avait accusé Sirius à un moment donné. 

- Comment ça "je m'en fou" bien sûr que non ! C'est de ma vie dont il s'agit, je te ferai dire. Je ne pense juste pas que tressauter dans tout les sens changera quelque chose. 

James cessa ses propres mouvements frénétiques qu'il n'avait pas réalisé qu'il faisait. 

- Désolé, dit-il en même temps, par réflexe. 

- Je parlais pour Sirius, toi tu fais toujours ça. répondit Remus, se tournant ensuite vers son petit-ami. Viens, Patmol. Assieds-toi s'il te plait. »

L'autre grommela mais obéit quand même, sans toutefois que ça ne le rende ni plus calme ni moins agacé. 

« Tu voudrais que je ne m'agite pas, que je ne ressente rien à l'idée qu'il puisse t'arriver quelque chose - 

- Sirius. coupa Remus en lui prenant les mains et en le fixant droit dans les yeux. Il ne va rien m'arriver. 

- Tu as peut-être le sida !

- Oui c'est une conséquence au fait d'avoir le VIH, conséquence à laquelle je me prépare depuis mon enfance. 

- C'est pas parce qu'on s'y prépare que c'est pas dur le moment venu...

- Sirius, écoute moi nom de Dieu ! En ce moment je tousse, j'ai attrapé un virus comme chaque personne en attrape tout les ans. C'est peut-être rien, peut-être juste une bronchite. Peut-être que dans une semaine ce sera fini et si c'est le cas ça voudra dire que ça n'a pas évolué, que j'en suis toujours au stade du VIH et ma vie est relativement normale. J'ai pris mes médicaments avec assiduité alors il y a de grandes chances que ce soit ça.

-  Mais-

- Mais, oui, il est aussi possible que ce soit une pneumonie. Si c'est le cas, c'est pas grave. Je vis au vingt-unième siècle et j'ai la chance d'avoir accès à tout les soins possibles, ce sera pénible mais je guérirais. Après, dans l'éventualité où j'aurais contacté quelque chose comme la pneumonie, oui, ça voudra dire que je n'aurais plus le VIH mais le sida, et que ma vie sera un peu plus compliquée, que je devrais faire encore plus attention, prendre d'autres médicaments, faire plus de visites médicales, et oui, peut-être risquer de choper des cancers et d'avoir une vie plus courte. Mais on en est pas là, Sirius. Si ça arrive ça arrivera, on gèrera ça le moment venu. Même si j'avais bel et bien cette maladie - et c'est l'éventualité d'une éventualité - il me resterait beaucoup d'années devant moi, beaucoup de belles choses à vivre. Je ne suis pas aussi fragile que tu le crois, je suis bien entouré, de bons médecins et de gens qui m'aiment et qui m'aident, comme toi. Donc, tu vas arrêter de paniquer. J'ai besoin que tu arrêtes de paniquer

Sirius plongea dans un long silence, cessant de bouger sans qu'on ne sache si c'était pas apaisement ou s'il jouait la comédie pour faire plaisir à son copain. James, lui, ressentit du soulagement partout dans son corps et s'efforça de ne pas le montrer. 

Des années plus tôt lorsqu'ils avaient prit connaissance de la maladie de Remus, les Maraudeurs avaient passé une bonne semaine à faire des recherches dessus avant de lui en parler - pour être sûr de ne pas lui sortir de conneries. Ils avaient passé en cette période plus de temps à la bibliothèque qu'ils n'en avaient passé durant toute leurs scolarité. Ils avaient épluché blogs, forum et réseaux sociaux pour récolter des informations. Ils avaient même visionné grâce à James tout les films qui leurs étaient disponibles sur le sujet depuis la fin du vingtième siècle (et il y en avait !), de Dallas Buyers Club à 120 battements par minutes. À cette époque déjà, James avait vu Sirius fondre en larmes devant toutes les morts, s'imaginant Remus à chaque fois. 

Aujourd'hui cette période les avait tant marqué qu'ils ne comprenaient pas toujours que la vie était bien éloignée du cinéma, qu'elle était parfois meilleure et parfois bien pire, que les cinéastes des années quatre-vingt qui avait vu tout leurs ami homosexuels mourir les uns après les autres n'étaient pas tout à fait comme eux, parce que les années avait passé, la médecine avait progressé et qu'on pouvait désormais vivre avec le VIH, voir même vivre presque comme tout le monde. C'était Remus qui leurs avait appris tout ça, bien plus tard, en expliquant que dans sa situation à lui, le plus pénible à vivre était les préjugés, les remarques irrespectueuses et les peurs injustifiées. 

« Les gens pensent que dès qu'on a une maladie notre vie est finie, maudite et qu'on est plus que ça, avait-il un jour à James quand ils trainaient dans les rayons Bluray des Fnac, du temps où Sirius disparaissait trop pour qu'on ne sache où il était. Iels pensent qu'il faut être guéri∙e à cent pour cent pour commencer à vivre parce qu'iels se disent que "c'est pas une vie". Mais bon, moi je dois juste prendre deux pilules par jours de plus qu'elleux. Me fais pas dire ce que j'ai pas dis : oui, ça peut-être épuisant et très dur, physiquement comme psychologiquement, surtout quand chaque médicament que je prends me fait revivre un trauma d'enfance, et je sais à quel point ce virus a été destructeur. Mais bon, je l'ai, c'est arrivé, on ne peut rien y faire, alors maintenant faut passer à autre chose. La plupart des gens n'y connaissent rien mais tout le monde a un truc à dire là dessus. J'aimerais bien qu'on me parle d'autre chose et qu'on comprenne que je peux vivre comme tout le monde. Surtout qu'à chaque fois j'ai l'impression qu'on me demande comment je l'ai eu et c'est juste... horrible. Ajouté à l'homophobie, le fait que "les agressions sexuelles ça arrive pas aux hommes" c'est plus les remarques des gens qui me font mal qu'autre chose. »

À l'époque, James l'avait trouvé particulièrement sage et mature, comme il avait toujours perçu Remus. Aujourd'hui il se demandait si son ami ressentait réellement cela ou si c'était une façon de les rassurer, voir de mettre de coté sa peur à lui, cette façon calme de voir les choses. Car quand il fut convié à entrer dans le bureau du médecin il implora en un regard Sirius de le suivre malgré tout, comme s'il avait peur. James resta dehors par principe. 

On ne pouvait rien entendre derrière la porte, aussi le jeune homme se concentra-t-il sur l'extérieur, la fenêtre qui donnait sur une partie peu flatteuse de la ville sous un morceau de ciel blanc, la petite radio qui diffusait des chansons populaires sur un volume bien trop bas et puis tout d'un coup, une silhouette qui se découpa au fond du couloir, demandant une indication d'une voix timide qu'il reconnue entre mille. 

« Regulus ? »


Je ne suis ni médecin, ni très bien renseigné au sujet du VIH et du sida même si ce sont des sujets que je trouve super important à connaitre en particulier quand on est lgbtqia+ étant donné à quel point cette maladie nous a été associée historiquement (même si attention aux stéréotypes, c'est loin de ne toucher que les personnes lgbtqia+, tds, addicts, etc. ça peut arriver à tout le monde c'est pour ça qu'il faut toujours faire attention, on le repetera jamais assez : faites ce que vous voulez tant que c'est consenti mais protégez-vous et c'est pas juste une ist donc faites attention aussi à ne pas l'attraper par un autre moyen) DONC, même si j'ai fait au mieux et malgré mes recherches, il est possible que certains de mes propos tombent à coté de la plaque, hésitez pas à me corrigez si besoin. (Et puisque maintenant il y a des cons même sur wattpad : les remarques déplacés, c'est dehors.)

Ps : j'ai un attachement nostalgique à Mano Solo, peut-être que cette chanson ne vous plaira pas et je peux le comprendre. Moi je l'adore, je me sent de retour en 2009 quand je l'écoute

(et j'ai mis cet album parce qu'il y a un loup sur la couverture haha, vive les loups garous) (même si les sorcières c'est mieux) (ça me manque trop d'écrire sur des sorcier∙es -_-)

I HATE GROWING UPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant