1. un graffiti

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tw : deadname et mégenrage (inintentionnels)

Sur la porte des toilettes, il y avait une inscription gribouillée au marqueur noir indélébile, perdue au beau milieu d'une paroi immaculée. C'était banal dans la plupart des écoles, mais dans une université huppée qui aspirait à un monde uniforme, ce genre de marque faisait assez littéralement tâche. Elle était comme un point d'exclamation perdu dans un courrier formel, un mouvement d'anarchie dans une dictature. 

Elle plaisait beaucoup à James.

Elle était peut-être là depuis des années, écrite pas un∙e élève qui était bien loin d'ici aujourd'hui, mais il se plaisait malgré tout à imaginer un∙e de ses camarades l'écrire. Il y avait quelque chose de fascinant à visualiser l'un de ses fils de bourges ôter son masque le temps d'une seconde pour libérer ses démons sur un mur. Y inscrire un secret, sur cette porte qui côtoierait des milliers de regards. Les gars de cette école n'avaient pas d'autre sujet de conversation que le prochain contrôle ou les filles avec qu'ils sortaient, c'était presque rassurant d'y trouver une bribe de tourments. 

Au début, James avait pensé que même dans une école pour riches il resterait le roi du monde comme il l'avait été au lycée. Même sans Sirius, Remus ou Peter. Même en étant le seul pakistanais parmi toutes ces têtes caucasiennes. Même en étant un nouveau riche parmi tout ses héritier∙es. Désormais, il se rendait compte qu'il avait eu tord sur toute la ligne et qu'il avait chuté dans la hiérarchie : du plus populaire, il était tombé au niveau de celleux qu'il avait harcelé il fut un temps. Il eu une pensé pour Severus, le coeur serré de regrets ; non, ça n'avait jamais rien eut de drôle. 

Ce jour là, donc, alors que James avait atteint un niveau de solitude qu'il n'avait jamais cru possible en se réfugiant dans les toilettes à l'heure du déjeuner, il relut ce graffiti encore et encore, le laissant s'imprégner dans la tête, ses pensés débordant en écho. 

I HATE GROWING UP

Ça avait été écrit en majuscule et repassé plusieurs fois. 

Il comprenait, lui non plus n'était pas bien heureux de ce à quoi sa vie ressemblait maintenant. Il avait eu hâte de grandir pour goûter à la liberté et aux joies de la vie d'adulte, mais il se rendait désormais compte que la vie d'adulte était comme la vie d'enfant avec des contraintes en plus et des rêves en moins. Il n'avait gagné que des responsabilités étouffantes dont il peinait à prendre soin. 

Certes, sa vie était loin d'être sombre, il avait toujours sa famille et ses ami∙es pour les pires moments. Mais il déprimait toujours quand il fallait enfiler ces vêtements qui le faisait se sentir étranger, quitter  son appartement et l'ambiance chaleureuse qui le faisait de sentir (chez) lui, abandonner ses écouteurs pour de "bonnes" manières et essayer de saluer les autres en leurs souriant. Il fallait rire à leurs blagues racistes, ne pas se révolter quand à la façon dont ils parlaient des filles. Qui savait ce qui pourrait lui arriver si sa tête ne revenait pas à un∙e de ses gamin∙es ? Iels pourraient faire pression sur leurs parents et le renvoyer de l'école. Avec assez d'argent et de contacts, disait-on, on cédait à tout les caprices.


Il sortit de la cabine et maudit les deux futures heures de cours. En fin de journée, se concentrer devenait encore plus dur que d'habitude. Tout les jours il envisageait de ne pas y aller, mais, tout les jours il s'y forçait : un jour de plus dans cette école c'était un jour de moins à rattraper plus tard. Il avait prévu de faire les études les plus courtes possibles, ce n'était pas pour les élargir à coup de rattrapages et de rebonds d'un établissement à l'autre. Et puis les ressources de ses parents avaient des limites, il ne voulait pas les décevoir. 

I HATE GROWING UPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant