No Peter hate
Regulus était à la bibliothèque. Il avait voulu sortir pour se donner l'impression de faire quelque chose de sa vie et il avait peur de paraitre intrusif s'il restait trop dans la librairie dans laquelle il avait postulée, alors il était allé à la bibliothèque.
C'était une grande bibliothèque luxueuse de grande ville qui ressemblait aux vieux décors d'Oxford ou d'Edimbourg. De moins l'idée qu'il s'en faisait. Ses parents n'avaient jamais pris la peine de l'emmener pendant leurs voyages d'affaires.
Il s'était installé à une table et il avait attendu, un livre ouvert entre ses mains avec négligence, qu'il ne lisait pas parce qu'il pensait à tout le reste. Il aurait préféré ne pas pas. Il aurait voulu pouvoir s'échapper encore dans la fiction mais ça aurait fait beaucoup à ignorer. Entre tout ce qui lui était arrivé à lui et tout ce qui était arrivé à d'autres. Remus, Sirius, James. Il pensa que si leurs amitié était si forte c'était peut-être parce qu'ils avaient surmonté tant d'épreuves qu'ils n'avaient pas eu d'autre choix. Qu'à la fin c'est tout ce qui resterait et que ce serait toujours le plus important dans chacune de leurs vie. C'était à se demander si qui que ce soit d'autre y avait sa place.
« Salut. lâcha-t-il devant la silhouette familière qui s'avançait dans un rayon, parcourant la tranche des livres de son index. Des livres policiers. Regulus détestait ça. Il détestait aussi saluer les gens qu'il connaissait à peine mais il s'y sentait obligé quand la personne en question avait pété un cable devant lui et qu'il avait tout entendu, le poussant à remettre en question ses choix une énième fois.
- Salut, soupira Peter au bout d'un moment, après s'être retourné.
- Je savais pas que tu lisais. dit Regulus sur le ton de la conversation en considérant le pauvre roman que Peter tenait comme si c'était un objet avec lequel il n'avait aucune connexion. C'était une chose stupide à dire, pensa-t-il plus tard, car il ne connaissait rien de plus de Peter que ce que les autres maraudeurs lui avait raconté ou ce qu'il avait lu entre les lignes : il était très discret, sans doute boulimique, et sans doute aromantique. C'était ce qui permettait à Regulus d'avoir de la considération à son égard : des troubles alimentaire comme lui-même avait eu, et une orientation romantique atypique.
- C'est pour mon père. »
Il y eu un silence et Regulus crut que l'échange était terminé, que c'était sans doute pour le mieux, mais l'autre repris :
« Écoute, je veux pas te faire de la peine mais je dis ça pour toi, tu devrais trouver quelqu'un d'autre que James. Il n'a aucune empathie pour les autres, il ne pense qu'à lui, il ne sait pas se débrouiller tout seul. Il n'a jamais été un bon ami et je doute qu'il puisse faire un bon copain. »
Le plus jeune fronça d'abord les sourcils, sentant son corps se crisper. Il était en colère contre Peter, désormais, trouvait ses remarques déplacées et indécentes. De quel droit jugeait-t-il James ? Il avait peut-être était son ami pendant des années mais il ne le connaissait pas de la façon dont Regulus le connaissait. Il ne l'avait pas vu pleurer, raconter son histoire en tremblant, ni celle de Remus. Se précipiter sans aucune hésitation à l'hôpital pour Sirius, mais, d'un autre coté, depuis déjà un petit moment, une petite voix dans sa propre tête lui chuchotait les mêmes choses.
Être avec Sirius et James c'était comme être avec les gars populaires de l'école, qui, sans être méchants, n'avait jamais rien eu en commun avec les gens comme Regulus. Les petits gars qui riaient et jouaient dans la cour pendant que lui s'isolait avec un livre sans même imaginer être ami avec eux. Il en venait à penser, comme Peter, qu'il devrait peut-être trouvé quelqu'un d'autre, qu'à long-terme ça ne marcherait pas, que James n'était pas fait pour lui. Mais il se sentait si chanceux... Avant James, jamais personne ne lui avait porté de l'intérêt, pas en temps que garçon - les gros lourds qui le draguait quand il mettait une jupe pour avoir l'air féminin à une époque ne comptait pas. Il s'était persuadé qu'il n'aurait jamais de copain jusqu'à la fin de ses jours. James ce n'était pas que celui qu'il aimait, c'était aussi le début de son émancipation, la personne qui lui avait prouvé qu'on pouvait l'aimer, c'était en partie grâce à lui qu'il allait mieux. Grace à lui, Sirius, sa transition... Et puis il était amoureux de James. Il doutait que ce dernier ressente la même chose pour lui, parfois, parce que l'anxiété était toujours là, mais au fond il savait que c'était le cas. Il savait qu'on ne pouvait pas attribuer des stéréotypes à tout le monde et qu'à l'âge adulte, la différence si marquée entre les solitaires et les brutes d'écoles s'effaçait. On se souvenait que chacun était humain et qu'on ne pouvait pas voir le monde qu'à travers un prisme manichéen.
« Il s'est foutu de ma gueule à propos de mon poids, n'a pas arrêté de me faire comprendre que je devais me caser. Quand il parlait des autres je me sentais toujours insulté, la façon dont ils crachaient leurs pré-jugés, Sirius et lui. Jamais de bienveillance, toujours dans l'attaque. C'était des gens comme toi et moi qu'ils traitaient de losers et qu'ils trouvaient cringe, oublie pas.
Il aurait voulu lui demander ce qu'il entendait par "des gens comme toi et moi", car il ne se trouvait pas grand chose en commun avec Peter mais ce dernier continua sans lui laisser le temps d'y penser :
... James et Sirius ensemble, c'est le chaos. Sirius a une part noble, ça doit lui venir de Remus, mais James, quand il t'aime pas il peut te détruire. On l'as tous vu faire avec Severus. Il l'a aussi fait avec moi.
- Les gens changent. grince Regulus qui voudrait pouvoir dire bien plus. Envoyer le jeune homme sur les ronces, lui ordonner de ne pas parler de son copain comme ça, lui dire que ce qu'il a bien pu faire à Severus c'était du passée et qu'il s'en foutait pas mal, parce qu'il serait toujours du coté de James plutôt que de celui d'un gars qu'il ne connaissait pas et qui était allié à Voldemort. Mais il n'en avait pas la force. Pas assez de mots sur le moment et pas assez de temps.
- Si tu le dis. Si tu le penses, tant mieux pour toi. C'est qu'un avertissement. Je serais ravi d'apprendre qu'il a changé et que tu seras heureux avec lui, mais... je le connais depuis qu'on est gamin, il n'a jamais été une bonne personne. »
Regulus avait envie de hurler, lui dire que ça n'existait pas, les "bonnes personnes", que James était ce qui lui était arrivé de meilleur et qu'il espérait bien passer le restant de ses jours avec lui. Mais à la place il se leva, tourna le dos au garçon, traversa les colonnes de textes reliées et ne jeta pas un regard en arrière avant d'avoir franchit les portes de l'endroit.
Sur le chemin du retour vers l'appartement il rumina les mêmes pensés. L'hésitation entre faire confiance à Peter ou à James, son anxiété ou son coeur, sans réussir à prendre de décision.
Il arriva en haut des escaliers et toqua à la porte, secoué. Il avait déjà tant de mal à continuer à se battre pour toutes les choses qu'il voulait, il ne teindrait pas bien longtemps avec si on s'amusait à lui mettre des bâtons dans les roues.
James lui ouvrit et ses doutes s'envolèrent. Il était noyé dans un large sweat à capuche exactement comme Regulus le faisait. Ses yeux étaient rougis, comme s'il avait pleuré. Alors il l'attira vers lui et l'embrassa, le serrant dans ses bras bien longtemps après et se souvenant pourquoi il l'aimait. Il n'avait jamais connu le monstre que dépeignaient Peter ou même James lui-même, ni celui qu'aurait dépeint sans doute Severus Rogue. Il ne voyait qu'un garçon qu'il aimait et qui l'aimait, qui prenait soin de lui autant qu'il avait besoin de lui et pour le moment ça marchait alors, le reste, il n'en avait rien à cirer.
« Je t'aime. chuchota-t-il à James, sûr cette fois-ci que l'autre l'entendrait.
- Moi aussi, il répondit sans hésitation. Je crois même que c'est la première fois que j'arrive à aimer quelqu'un correctement. »
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I HATE GROWING UP
FanfictionAprès une année de prépa difficile, James rentre dans une école où il ne trouve pas sa place. Regulus, de son coté, débarque sans le savoir au même endroit et s'autorise à être lui-même pour la première fois. Du moins jusqu'à ce qu'ils se croisent. ...