Chapitre 29

1.8K 256 14
                                    

Point de vue Yann

Je m'essuie les mains en entrant dans mon bureau, le corps encore tendu. J'ai un mal de dos horrible qui me tire depuis des jours et mon manque de sommeil commence vraiment à me rendre irritable.

Ça peut aussi venir de l'absence de Lou...

Mais je préfère croire que cela vient de ma fatigue.

Ça me donne moins envie d'y penser et donc de débarquer chez elle sur un coup de tête et tout gâcher. Je n'ai pas le souvenir d'avoir passé tant de temps loin d'elle, encore moins alors qu'on s'est engueulés, alors je fais tout pour ne pas y penser.

— Il va falloir le relâcher.

Je pousse un cri en me retournant et découvre Alex assis dans le fauteuil de mon bureau, avachi, les yeux posés sur moi avec attention.

— Mais ça va pas ! Depuis quand t'es là ?

— Depuis que tu t'es enfermé dans la pièce avec Colt. Donc... Depuis plus d'une demi-heure.

Je fronce du nez en roulant des épaules et continue de me nettoyer les doigts plein de sang tout en évitant mes phalanges écorchées.

— Yann... Viens t'asseoir.

— Je dois voir avec...

— Non, tu viens là et tu t'assois.

Sa voix se répercute sur chaque mur et je me tourne pour le regarder, à l'affût. Il utilise son titre de président, mais agit aussi comme un frère. D'un seul coup, j'abandonne et vais m'effondrer dans le second fauteuil.

Depuis la prise de nos nouveaux postes, nous avons chacun nos bureaux au cœur du QG et j'aime bien le mien. Ces derniers temps, pour fuir la réalité, je viens ici plus souvent : c'est loin de tout et je ne risque ni de croiser Trent, ni Trevor. Je fuis mon garage comme la peste parce que tout me rappelle Louisa alors je plonge dans les dossiers du club et m'occupe l'esprit.

— Yann...

— C'est Cléa qui t'envoie ? marmonné-je.

Il soupire en se penchant en avant pour capter mon regard.

— Yann, regarde-moi.

Je roule des yeux et grogne, alors qu'il me pince le genou et me tape derrière la nuque.

— Regarde-moi.

Je finis donc par planter mon regard dans le sien et découvre ses sourcils froncés et son attitude de président et de frère se mêler.

— On va devoir relâcher Colt. Cette prise d'otage et ce passage à tabac n'est pas du tout ce qui était prévu.

Je serre des dents.

Je sais, évidemment, que c'est même contraire à toutes nos lois. Nous ne sommes pas des barbares qui retenons un homme pour le frapper à mort tous les jours... Mais c'est exactement ce que je fais avec Colt.

— Je sais que tu es en colère et comme tu ne veux pas en parler, tu te défoules, mais ce n'est pas ce qu'on recherche et tu le sais. Tu sais très bien que je ne veux pas de ça ici.

Je m'enfonce dans mon fauteuil, hausse les épaules et détourne le regard comme un putain de gamin désinvolte. J'agis comme un enfant et je ne culpabilise même pas.

Mon cerveau ne veut pas encaisser toutes ces remarques parce que je ne veux pas que ça s'arrête.

— Regarde-moi, Yann !

Sa voix se durcit et il m'attrape par le col du cuir pour me forcer à le regarder. Il paraît énervé et déçu, ce qui retourne quelque chose dans mon estomac et me donne envie de hurler. D'un mouvement rapide, je me dégage de son attache et me lève pour m'éloigner de lui.

Black Bikers, Tome 7 : La lynx obstinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant