Black Bikers, Tome 7 : La lynx obstinée

Chapitre 7

Point de vue Louisa

Yann dort profondément dans le lit alors que je m'habille le plus discrètement possible. Je ne veux surtout pas le réveiller alors qu'il récupère enfin son sommeil perdu.

Lorsque je le regarde, j'ai envie de tout lâcher et de le rejoindre pour reprendre ma nuit avec lui, mais la vie d'adulte n'est pas aussi simple.

Alors, je continue de fouiller dans mon placard pour en sortir mon pantalon et l'enfile avant de me diriger vers la salle de bains. Je n'en ressors qu'un bon quart d'heure plus tard et je suis enfin prête.

Je passe une dernière fois dans ma chambre pour récupérer mon portable qui charge toujours et commence à reculer le plus discrètement possible, lorsque j'entends le grognement de Yann qui m'immobilise.

Je veux qu'il dorme encore une heure ou deux, avant de reprendre lui aussi sa vie d'adulte. Mais ma présence semble déranger son sommeil, parce qu'il finit par papillonner des cils pour les poser sur moi.

— Lou ?

Sa petite voix cassée et son froncement de nez me buttent sur place. J'ai envie de le prendre dans mes bras pour l'embrasser jusqu'à en mourir. Surtout quand il roule dans le lit pour se rapprocher de mon côté et passe ses bras autour de mes jambes.

— Tu fais quoi ?

— Je dois aller au marché...

— Reste encore un peu...

— Si tu veux que Jordy puisse faire des bons petits plats, il faut qu'elle ait des ingrédients.

Il grogne simplement et tire sur mes jambes pour me déséquilibrer, mais je réussis à me retenir au mur.

— Yann !

Il m'ignore et continue de tirer, jusqu'à ce que je passe mes mains dans ses cheveux pour attirer son visage vers moi.

— Arrête et rendors-toi. Il est encore tôt, tu peux rester ici autant que tu veux, mais je dois y aller.

Il grogne et plante ses dents dans ma hanche. Je sursaute et pousse un petit cri tandis qu'il pince ma peau.

J'ai l'habitude que Yann agisse comme un animal. Il sait à la fois être fougueux et tendre. J'aime cette facette de lui et déteste soudainement mon bar à thé d'exister.

— Reste encore cinq minutes.

— Yann...

— Allez... S'il te plaît...

Il lâche mes jambes et attrape l'une de mes mains pour entrelacer nos doigts. Puis, parce qu'il sait très bien ce qu'il fait, il tire légèrement sur nos mains et je capitule.

Je tombe dans le lit sous son petit sourire et termine contre son torse, la tête au creux de son épaule.

Son corps est brûlant et je couine en me rapprochant de lui pour m'abreuver de cette chaleur qui va me manquer tout le reste de la journée.

Il glisse ses mains dans mes cheveux et les coiffe, tout en lâchant des petits bruits satisfaits qui me font pouffer. Puis, enfin correctement installés, il se rendort contre moi.

Je reste donc quelques minutes ainsi, au bord du précipice, entre la réalité et le rêve. Je crains de m'être rendormie lorsque je reviens à moi et tourne la tête pour prendre conscience que je suis là depuis une quinzaine de minutes.

Bien que mon cœur se brise dans ma poitrine, je me détache de son corps et sors du lit. Il laisse échapper un grognement en tendant la main vers moi, les yeux toujours fermés, et je souris en l'attrapant pour y déposer un baiser.